J'ai conscience que je vis un truc bizarre et j'aimerais bien avoir votre avis ! Je suis sempiternellement dans le passé, en le regrettant, même si certains événements anciens n'étaient pourtant pas terribles... Il faut sans arrêt que je repense à mon ancien appartement, ou à mon adolescence (alors qu'elle était douloureuse), ou à mon physique quand j'étais plus jeune, ou même à d'anciennes fringues que je portais il y a dix ans, ou à des ex - y compris les enfoirés... J'en ai marre. Est-ce que vous aussi vous vivez ce genre de délires ? Comment on fait pour sortir de ce piège qui me rend dépressive ? Comment dois-je m'y prendre pour apprendre à tourner les pages du livre de ma vie dans le bon sens ? J'ai vraiment besoin d'aide. Merci.
Cécile
L'instant présent
Bien sûr qu'il m'arrive de me référer au passé avec nostalgie. D'ailleurs nous ne devons pas être les seules puisque une radio bien connue utilise ce terme et fait une large audience. Il y a un certain masochisme collectif à cultiver le passé. A ce propos, j'écoutais dernièrement un interview de Johnny Hallyday qui disait que le bonheur n'interresse pas le public et c'est pour cela que les chansons qui racontent des histoires tristes plaisent. Je lui laisse bien sûr la responsabilité de ses propos, n'adhérant pas vraiment, même si la chanson de Brel " Ne me quitte pas " peut être considérée comme une sublimation d'une douleur abandonnique. Sauf qu'elle peut raviver justement cette douleur chez un sujet fragile qui peut rester dans une certaine jouissance morbide. D'où la responsabilité des personnages publics ! Cette digression terminée, en ce qui me concerne je m'appuie sur le passé si celui-ci me donne l'énergie d'aller de l'avant. Dans le cas contraire, je tente, autant que faire se peut, de vivre l'instant présent. Chaque fois que mon psychisme me pousse à regretter " les neiges d'antan ", je me dis que je me prive du bonheur d'exister ici et maintenant. Et comme je n'ai aucune envie de me faire souffrir gratuitement, ça fonctionne. Soit je me consacre plus sérieusement à mon travail, soit je prends ma guitare et perfectionne ma pratique. L'important consiste à mon sens à faire quelque chose et à ne pas laisser son esprit vagabonder, surtout s'il nous ramène constamment en arrière. Mais je suis sûre que d'autres foromers vont venir à votre secours avec des astuces plus concrêtes. Et comme toujours, vous serez agent d'évolution pour moi et pour beaucoup d'autres. Et d'ailleurs, le seul fait de dire " j'en ai marre " prouve déjà que vous êtes en train de tourner la page ! Amitiés
Cécile
David Ibanez
Ne pas se laisser envahir
Bonsoir Horia,
Moi aussi je pense parfois au passé avec nostalgie. Quand je m'aperçois qu'elle devient envahissante, je suspends le cours de ma pensée et je regarde un objet, un livre par exemple, comme si je le voyais pour la première fois. Cette pause, qui ne dure que quelques secondes, stoppe ma complainte intérieure (du genre "c'était mieux avant"), et c'est pour moi un vrai appel d'air. Bien sûr, ce n'est qu'un petit truc pour me gérer au quotidien. La nostalgie est un sentiment difficile à vivre mais je rejoins ce qu'écrit Cécile plus haut: il me semble que vous sortez "de ce piège". Courage
Isabelle
« Regrets éternels »
Un titre un peu « bizarre » me direz-vous Horia… Cela dit, je ne pense pas que le fait d’avoir des difficultés à vivre au présent, soit bizarre en soi… parce que c’est aussi malheureusement le fonctionnement de la plupart d’entre nous…
Je dis malheureusement, car comme vous le soulignez, cela peut devenir réellement invalidant pour « avancer » dans sa vie… Pour ma part, il m’a fallu beaucoup de « bagarres » avec moi-même, pour un tant soit peu « lâcher » ce passé, dans lequel je me réfugiais aussi par peur de l’inconnu, entre autres… Un solide travail personnel sur plusieurs années… ma foi en Dieu et tout autant un investissement conséquent dans mon job… m’ont permis de tendre un peu plus facilement vers « vivre au présent ».
« Bizarrement », je suis pourtant de nature à ne pas m’inscrire de trop dans les « regrets », dans la mesure, ou face à certaines situations difficiles de mon existence (et nous en connaissons tous…), il y a chez moi un « mode je vais jusqu’au bout, quitte à m’abîmer (ce qui j’en conviens, n’est pas la meilleure position à tenir) », mais avec aussi, ensuite, comme une décision « arrêtée »… Un peu comme une évidence… j’ai fait ce que j’avais à faire… pas de regrets… ce qui est fini, est fini...
Je l’ai d’ailleurs mis en place, encore récemment face à une décision que je me devais de prendre, pour moi-même… Et je dois dire que je suis persuadée d’avoir choisie la solution qui me convient… Pas une seule seconde, et pourtant c’était véritablement une décision importante dans mon cheminement, je n’ai depuis, eu à l’esprit, que je m’étais trompée dans ce choix… C’est la meilleure réponse pour moi… Mais peut-être, parce qu’à un moment, et c’est quand même sur cet aspect que j’ai aussi « appris » à reconnaître mes propres limites… il m’était devenu impossible de ne pas tenir compte des « signaux » et tout autant le fait que je « sentais » et « disais » depuis plusieurs mois que « je n’avais plus envie et n’y trouvais plus mon compte »… D’ailleurs, les « signaux » étaient là aussi, dans ce que me « renvoyait » en miroir « l’autre » dans son positionnement, qui selon mes convictions (à entendre comme quelque chose de véritablement intime en soi), ne correspondait plus justement à ma « vision des choses », autrement dit, il s’agit ici aussi d’une honnêteté vis-à-vis de soi… Sans concession...
Mais je crois que c’est bien de cela dont il s’agit en fait… S’inscrire dans le présent, et vivre sans regrets le plus possible, c’est avant tout faire les choses pour soi…
Cependant, il n’est pas question d’un narcissisme de mauvais aloi… Et bien que je ne sois cependant à l’abri de « règlements de comptes », dans la mesure du possible, et parce que j’accepte aussi de voir justement mes limites et mes failles… faire pour soi, c’est aussi ne pas abîmer « l’autre »… car fondamentalement nous ne sommes responsable que de nous-même…
A plusieurs reprises, lors de mon travail en cure analytique, mon analyste me disait (mais parce que c’était parlant pour moi et en lien à mon histoire…) « les cimetières sont remplis de gens irremplaçables »… Il m’a fallu un temps certain pour véritablement « intégrer » cela… Mais pourtant, précisément c’était aussi à relier à mon « pas de regrets » déjà « inscrit » en moi…
D’où mon titre, vous l’aurez compris… Combien de tombes sur lesquelles sont inscrites « regrets éternels »… C’est quand même le Christ lui-même qui a clairement verbalisé « laissez les morts ensevelir les morts »…
Mais malgré tout, et comme je suis loin d’être une sainte, il m’arrive encore de « déraper » et de laisser mon inconscient me « ramener » trop vers le passé… (quelquefois, cela peut-être nécessaire pour soi, pour tout simplement « vérifier », qu’il reste encore « une part résistante » en soi, cas auquel il ne s’agit pas de ce qu’on appelle en analyse une « régression », simplement un petit retour en arrière nécessaire, mais qui n’est que ponctuel). Dans ce cas-là, et de façon presque « instinctive », je me mets à « ranger » mes placards, à faire de la place, ou je m’applique un nettoyage à fond d’une pièce en particulier… Généralement je me remets bien dans mon rail, ne serait-ce que pour « bien me remettre dans la tête » que ce qui me fait « avancer » c’est « être ici et maintenant », y compris parce que tout simplement déjà, quel que soit le vécu passé, il est en soi « passé » puisque nous l’avons traversé…
D’ailleurs, en clin d’œil à un blog récent, « faire le ménage » c’est du bien-être psychique et physique… Un vrai principe de réalité bien présent !
Ugo
Vivre un jour à la fois
Je suis aussi par moment nostalgique du passé et ce qui m'aide dans ces cas là, c'est l'ouvrage du Docteur Emmet Fox, " Affirmez la Sagesse Divine ". Chaque fois que mon mental part dans le passé j'ouvre le livre à la page 70 " Vivez un jour à la fois" il est dit ceci:
" Vivre dans le présent est, en méthaphysique, une des principales règles. Vivons dans le présent et ne nous permettons pas, sous aucun prétexte, de vivre dans le passé. Vivre dans le passé, c'est revivre ce qui fut, naguère; c'est ressusciter des événements écoulés, surtout si vous y mêlez vos sentiments.
L'entendement charnel désire vivement nous replonger dans le passé - et il est plein de ruses pour nous y inciter, même si nous n'en avons pas envie. Il trouve les excuses les plus plausibles pour nous pousser à faire des retours en arrière, si bien que beaucoup de gens intelligents se disent, parfois : " Je sais que je ne dois pas m'appesantir sur le passé, mais en l'occurence, j'ai une bonne raison de le faire. " C'est ridicule, car évidemment, aucune bonne raison ne peut excuser cela.
Que nous revenions sur les choses agréables plutôt que sur les autres, ne constitue pas une différence fondamentale. Il va sans dire qu'il est cependant préférable de se souvenir des choses agréables que de celles qui nous ont fait souffrir, mais, il n'en reste pas moins vrai que le passé est le passé et qu'y penser retarde nos progrès et rend plus difficile nos démonstrations..."
C'est un extrait du chapître mais à peine arrivé au bout de ces quelques lignes, qui sont sans complésance, je me sens déjà beaucoup mieux et recentrer sur le moment présent. Ceci rejoignant le Zen, et d'ailleurs, ce texte spirituel me permet souvent de commencer une séance de méditation...
Frédérique Tirt...
Etre assis entre deux chaises…
C’est un peu ce qui arrive lorsque l’on ne sait plus où l’on doit être.
Comme le dit Isabelle, il faut se positionner à un moment pour que cesse cette boucle (j’avance plus, pour ne pas regretter) et qu’enfin on puisse avancer sans regret.
Il va y avoir des signes qui seront de plus en plus visibles, jusqu’à ce que la décision d’en finir soit une évidence, un soulagement, et que les regrets ne viennent pas hanter votre pensée.
La position entre deux chaises est une position qui ne permet pas de faire de choix, elle n’est pas confortable car elle ne laisse pas la possibilité d’être à sa place.
Je vous remercie Houria pour ce sujet qui vient à point sur mon chemin de vie…
Sofia M
Deux façons de regarder en arrière
Il existe deux façons de se retourner sur son passé... La première consiste à aller se faire du mal, avec comme l'a dit Isabelle une sorte de plaque funéraire portant la mention " Regrets éternels " et la seconde, plus positive qui consiste à constater que, décidément, on a trouvé à de maintes reprises la force, le courage et les capacités nécessaires pour supporter, traverser et enfin sortir de problèmes qui pouvaient même être graves... Or, cette seconde approche du passé, personne ne peut l'avoir à notre place et, même si nous ne sommes pas dupes de la souffrance qui a pu jalonner certains pans de notre passé, en attendant nous pouvons constater que puisque nous sommes arrivés à survivre à des difficultés insupportables, il n'y a pas de raison d'avoir peur pour notre avenir.
Horia
Ne pas se tromper d'option
Que d'outils m'avez-vous donnés auxquels je ne pensais même pas et dont je vais me servir. Par contre, de par un enseignement religieux que j'ai reçu, je ne savais pas qu'on pouvait se fortifier, s'apprécier, s'autonomiser, se narcissiser en somme, en allant chercher dans son passé des victoires sur nous-mêmes... C'est un aspect qui me permet de comprendre que je suis peut-être un peu moins dans la barbarie avec moi-même que ce que je le pensais. Ça me faire d'ailleurs penser à mon arrière-grand-mère qui, à la fin de sa vie, parlait beaucoup de ses jeunes années qu'elle décrivait sous un angle plutôt positif, alors qu'il n'y avait pas de quoi... Dans la famille, on disait qu'elle radotait mais je viens de comprendre que c'est sûrement ce qui lui a permis de vivre aussi longtemps : c'était non seulement sa thérapie à elle et elle cherchait certainement inconsciemment à nous enlever de la culpabilité pour après son décès... Un double avantage en quelque sorte, complété par une noblesse d'âme...
Cécile
Une belle pulsion de vie dès le début de la vie !
Lorsque l'on sait ce qu'est, selon les psys, le traumatisme de la naissance, on ne peut que se persuader que la vie " passe " partout. Je n'ai à priori pas été une enfant véritablement désirée et pourtant, je suis là, avec vous. Chaque fois que je ne vais pas trop bien ou que j'ai peur d'avancer, je me rappelle que dès le début de mon existence, la vie a traversé bien des obstacles et qu'elle est donc encore à " m'aime " de me porter toujours plus loin !
Amitiés !