Pourquoi les belles actions humaines ne suffisent pas toujours à nous inscrire dans la réalité

Portrait de Lucile Biraud

J'ai mis du temps à comprendre que je ne pourrais pas tout résoudre par moi-même dans ma propre existence mais j'en ai été informée de façon tout aussi surprenante qu'efficace...

Pendant des années, lorsqu'un problème surgissait, je me servais des outils que je connaissais et auxquels j'accordais toute ma confiance, sans imaginer mon degré de superficialité affligeante : psychologie, psychanalyse, philosophie, spiritualité, astrologie, prière... M'enfermant même dans des processus proches de la superstition, tant bien que mal mais étant donc convaincue que je faisais le maximum, les événements tournaient en général à mon avantage jusqu'au jour où...

Jusqu'au jour où j'ai trouvé sur mon chemin un obstacle non seulement inquiétant mais extrêmement douloureux dans la mesure où il représentait et réactualisait des blessures non cicatrisées de mon enfance. Il m'a semblé alors évident que je n'avais pas d'autre choix que de me servir de mes médiations habituelles. Constatant que la difficulté résistait au fil des mois, puis des années, me sentant torturée et à la limite de la dépression, je démultipliais les lectures pouvant m'aider, m'apaiser et censées surtout détenir la clef... Je me suis sentie plus d'une fois au bord du gouffre mais, heureusement, mes solides pulsions de vie parvenaient toujours à m'accompagner, me permettant ainsi de ne pas sombrer définitivement. Toutefois, je savais que je ne vivais plus : je survivais... D'un tempérament persévérant, je continuais cependant à espérer, me répétant que ne faisant pas de mal à autrui, tout au plus quelques maladresses, j'arriverais bien à voir le bout du tunnel... Mais mon Dieu que la route est difficile quand on a le sentiment que rien de vraiment positif vient alléger le fardeau !

J'aimais - et j'aime du reste toujours - aller prier dans une église franciscaine de quartier, très ancienne. À l'heure matinale à laquelle je m'y rends, il n'y a en général pas grand monde, voire personne. Sauf qu'en ce matin glacial d'hiver et pas sitôt entrée, je vis se diriger vers moi une dame qui désirait savoir comment se passaient les confessions dans cette communauté. Je venais de terminer ma réponse quand un prêtre apparut. La paroissienne lui demanda s'il accepterait de la confesser tout de suite. Il acquiesça et elle le suivit.

Ne croyant pas une seule seconde au hasard, je sentis rapidement que cette scène (sans mauvais jeu orthographique) m'était adressée et la certitude ne se fit pas attendre !

Cet épisode m'avait un peu décentrée par un soubresaut de culpabilité car je ne me confesse plus depuis longtemps, m'adressant au Seigneur directement, ce qui n'engage que moi assurément, quand la raison du blocage de ma situation surgit : je m'arrangeais inconsciemment pour ne pas faire le deuil d'une période de ma vie que j'avais idéalisée ! À partir de cet élément de compréhension, j'ai demandé à Dieu qu'Il veuille bien m'envoyer l'Esprit Saint pour qu'il m'aide à faire ce deuil impossible jusque-là. Chaque jour, j'ai prié volontiers dans ce sens, aidée - selon moi - par quelques forces invisibles. Peu à peu la roue s'est remise à tourner dans le bon sens, supprimant non seulement la montagne de souffrances et d'anxiété que j'avais érigée moi-même en refusant inconsciemment de vivre au présent, mais aussi l'écueil qui m'était si insupportable...

J'avais envie, puisque nous changeons d'année, de souligner combien il est important de vivre " carpe diem ", ce fameux moment présent dont l'écrivain britannique Charles Caleb Colton disait qu'il a un avantage sur tous les autres : il nous appartient ! Son contemporain, Gustave Flaubert, rappelait que " L'avenir nous tourmente, le passé nous retient, et c'est pour cette raison que le présent nous échappe "... En remontant les décennies, nous pouvons lire les propos un brin ironiques du Dalaï Lama qui insiste sur le fait qu' " Il y a deux jours dans une année où l'on ne peut rien faire. Ils s'appellent Hier et Demain. Pour le moment, aujourd'hui est le jour idéal pour aimer, croire, faire et principalement vivre ", ajoute-t-il... réaliste...

Que 2015 vous offre, à vous tous et à vos proches, cette superbe sagesse. Voici mon souhait le plus sincère, en sachant qu'il s'agit là d'un merveilleux viatique...

Commentaires

Portrait de Annie

Bonjour Lucile,

je suis daccord dans le sens que l'on ne peut pas tout gérer seul car on peut très vite sombré, il est important d'avoir recours à un professionnel pour ne pas régresser.

surtout nous ne  prenons pas etre des sauveurs de l'humanité.

il est plus difficile de s'occuper d'abord de soi avant de pouvoir aider les autres.

je vous souhaites de très bonnes fête de fin d'année.

Portrait de Gilbert

Qu'il est difficile et pourtant simple de vivre cet instant présent et de lui dire un grand Oui, de l'accueillir tel qu'il est sans faire de plans sur la comète.  " A chaque jour suffit sa peine " disent les Ecritures. La philosophie Zen ajouterait peut-être " A chaque seconde ! " ici et maintenant. Les bouddhistes parlent d'expérimenter "  La Pleine Conscience ". Merci, Lucile, pour ce partage intime de votre chemin de vie. Il me parle beaucoup ! Je vous souhaite, ainsi qu'à tous les foromers, un 31 décembre 2014 plein de " présents " de sagesse !

Portrait de Isabelle

Ce matin tôt sur la route, dans ma voiture, je me suis surprise à "chantonner" les paroles d'une chanson de Jenifer qui s'intitule "Donne-moi le temps"... Pourquoi cette chanson ? D'autant que sans aucun jugement de ma part, je ne suis pas particulièrement "fan" de cette chanteuse en particulier... Pourtant comme je suis de celles qui sont convaincues qu'il n'y a jamais de hasard et aux vues de certaines prises de conscience personnelles actuelles... Oserais-je ajouter qu'il serait temps que je m'autorise le temps comme un présent aussi ? Autrement dit mon temps à moi qui ne peut qu'être au présent ! Bon ! Comme le souligne Lucile Biraud il s'agit donc que l'année 2015 s'incrive sous le signe d'une sagesse "carpe diem" pour une bien jolie liberté en soi... Bonne année à tous et à chacun !

Portrait de Juliette

Comme vous le précisez Isabelle, c'est vrai que le mot "présent" a une belle ambivalence langagière puisqu'il signifie un cadeau, "un présent". Le plus cadeau que l'on puisse se faire c'est de vivre au présent ! 

Je vous souhaite, de tout mon coeur, à tous et à chacun d'entre vous une merveilleuse année 2015.

Portrait de Isabelle

Croyez-le ou pas... Depuis le 31, je n'arrête pas de "compulser" sur des chansons de Jenifer ! Et de "Donne-moi le temps" je suis passée à "Ma révolution"... Hors je pourrais me dire, que j'entre en guerre... Cependant, si je relie "révolution" au temps... Et d'après mes lointains souvenirs scolaires... Il s'agirait plutôt pour moi de l'entendre comme une "révolution terrestre", autrement dit l'année présente qui démarre... D'ailleurs, quand à "lâcher le passé" pour vivre au présent, cette chanson est "sortie" en 2004... Une année qui symbolise mon second divorce... Il s'agit donc bien toujours au fond de ces noeuds borroméens chers à Jacques Lacan, qui se défont d'eux-mêmes... Y compris parce qu'une "résistance initiale" pourrait bien me renvoyer à une "névrose de guerre"... En corollaire inversé, mon présent est donc d'être en paix ici et maintenant... Comme une injonction Divine... Celle-là...