Je ne sais pas pourquoi... Peut-être que votre question "touche un affect personnel" ? Mais pour ma part, j'envisage cette question différemment. S'il était effectivement inscrit dans notre destinée justement... qu'il est protecteur de se donner la possibilité personnelle de "sortir" des schémas invalidants, voire destructeurs des non-dits familiaux... En partant de l'idée du choix de chacun pour chaque incarnation, il est donc tout à fait envisageable de parler pourquoi pas de destin, mais il ne faut pas oublier que le libre arbitre permet toujours une possibilité d'un équilibre passif/actif... Il me semble que la différence fondamentale se situe en définitive sur ce qu'il nous est "possible de modifier" et tout autant, ensuite dans un deuxième temps, d'accepter qu'il y a aussi des aspects qu'il ne nous appartient pas de "modifier". Pour autant, ce qui peut être modifié, "protégera" probablement les générations suivantes... mais parce qu'on est passé par soi dans un premier temps... D'ailleurs comment pourrait-il en être autrement... Car il s'agirait d'une véritable toute-puissance que de croire que l'on peut changer quelque chose chez l'autre... Si personnellement, dans mon histoire, c'est le décès de mon petit frère (donc sur un moi sacrificiel) qui a généré pour moi, la nécessité de "stopper" certaines répétitions, notamment le décés d'enfant sur chaque génération... C'est qu'il y a dans la notion de destinée, à la fois la part de l'inconscient individuel et la part d'inconscient familial, que l'on peut élargir à l'inconscient collectif, puisque cet inconscient familial est constitué de dizaine, de centaines de générations selon l'origine du non-dit... Je ne sais pas si je fais avancer la réflexion... Mais vous pourriez bien entendu argumenter en me disant : qui vous dit que vous avez réellement "stoppé" une répétition transgénérationnelle ? D'abord parce que de façon réelle, il n'y a pas de décès d'enfant depuis la mort de mon frère, ce qui dans le temps fait plus de 30 ans... Mais peut-être qu'il s'agit tout aussi bien d'une question de Foi et donc aussi d'humilité... Car après tout, ce travail sur soi réel, peut tout autant comporter un aspect protecteur anticipatoire pour moi-même, avec "l'éventualité" de la perte d'un de mes enfants, avant que ma propre disparition dans une "logique" naturelle... Je crois que l'essentiel est d'être vivant, et d'en témoigner...
D'accord avec ce que dit Isabelle. Elle induit, à mon sens, qu'il nous est possible de ne pas subir passivement certaines identifications transgénérationnelles. L'identification faux-self, d'un point de vue spirituel, serait la cause de nos maux. Ainsi, si je m'en réfère à la tradition indienne, nous serions originellement une âme. Cette âme, selon la loi du karma (actions bonnes ou mauvaises dans les vies passées) revêt un corps, au sein d'une famille, d'un pays, d'une culture. Elle s'imprègne ainsi d'un inconscient filial collectif. Or, cette tradition spirituelle nous invite à lâcher nos fausses identifications, à commencer par l'enveloppe corporelle. Ce qui ne signifie pas qu'il faille nier le corps. Bien au contraire. Le corps humain est comme un fabuleux véhicule que l'on nous a prêté pour un temps, le temps de réaliser qu'il existe une autre dimension... En essayant de répondre à votre question, j'essaie de faire le tri, de mettre de l'ordre dans mes pensées... Et je vous en remercie, Christine et Isabelle, en attendant que d'autres foromers, comme à leur habitude viennent poser leur pierre à l'édifice de cette réflexion, fort passionnante en ce qui me concerne !
Même si votre question revêt une complexité certaine, on peut en dégager une certaine logique.
Dans une filiation, il y a le secret de famille qui est tu, comme son nom l'indique, mais qui, contrairement à ce que l'on pourrait croire, est secret jusqu'à un certain point car, à chaque génération, il y a quelqu'un qui est détenteur de cette vérité. C'est pour cela qu'il est plus convenable de parler d'" évident caché ", comme le font les Psychogénéalogistes car, même si le secret a été déformé, il existe toujours quelqu'un qui parviendra à l'exprimer avec le verbe, donc avec des mots, et non plus avec des maux, parfois trois ou quatre décennies plus loin que la " faute ", voire plus ! Une prof de Psycho que j'ai eue nous avait raconté qu'une de ses tantes par alliance avait eu un enfant illégitime probablement d'un Allemand pendant la Seconde guerre mondiale. Sauf que sa famille racontait qu'elle était tombée enceinte alors qu'elle faisait une colonie de vacances en Norvège et que le Norvégien ne l'avait pas su !!! En outre, cet enfant serait mort à l'âge de trois ans brutalement. Ce scénario, auquel toute la famille adhérait, a toujours intrigué la prof qui se demandait comment on pouvait aller faire une colonie de vacances en Norvège alors que la guerre sévissait dans l'Hexagone !!! Elle a fini par faire des recherches et a retrouvé, grâce au nom de jeune fille de sa tante qui s'était entre temps mariée à l'étranger (ça ne s'invente pas !) ce fils, très adulte, très blond et très Allemand, en Indre-et-Loire, qui était soi-disant mort tout petit et qui est donc toujours resté caché par sa mère. Elle a eu ensuite une fille qui n'a jamais connu l'existence de ce demi-frère... Dans cet exemple, vous voyez qu'on oscille entre le secret de famille et l'évident caché... Ce qui me permet d'en venir aux conséquences...
Si je reste dans cette histoire, le scénario de la naissance particulière de cet enfant était " connu " de tous les inconscients de la filiation. Certains membres connaissent la réalité au conscient aussi mais, dans les deux cas, c'est de la dynamite en fonction des liens œdipiens fantasmatiques plus ou moins forts qui unissent tous les membres familiaux. Dans ce cas précis, il s'agit d'une névrose de guerre d'autant plus conséquente qu'il y a eu trahison. Or, le Complexe d'Œdipe est le foyer par excellence de la trahison. Cette trahison, plus ou moins secrète encore une fois, peut entraîner des personnes malhonnêtes dans la filiation, des conjoints infidèles, des personnes qui peuvent subir des accidents corporels graves de type amputation comme les conflits guerriers pouvaient en engendrer, des cancers pour lesquels il y a recours à la chimiothérapie qui fait perdre les cheveux comme une trace mnésique probante d'une " tondue "... Voilà comment un secret de famille peut alourdir un destin. Toutefois, comme le dit Isabelle, vous pourriez m'opposer qu'eux aussi sont pris dans le " c'était écrit " avec les souffrances et les douleurs qu'ils endurent. En fait pas exactement car si un secret de famille est un fait avéré et dévoilé à un certain moment comme nous venons de le voir avec la prof de Psycho, ce sont les conséquences sur le psychisme de certains membres plus fragiles de la famille qui, en réagissant moins bien ou carrément très mal psychologiquement, fabriquent des différences comportementales qui donnent l'illusion de modifier le destin alors qu'il n'en est rien. Cette prof de Psycho est devenue prof de Psycho parce que c'était écrit (sa destinée). Ses perceptions quant à ce secret de famille l'ont conduite à rechercher la vérité. Elle en a parlé à ses parents qui ont dû modifier leurs comportements vis-à-vis de leur belle-sœur mais c'est ce qu'on appelle la part orale de l'individu, c'est-à-dire l'affectif. La part dite anale, qui touche au " faire ", ne peut pas être modifiée, en aucun cas, car elle fait loi. Il y a du reste beaucoup d'erreurs d'interprétation à ce sujet : si on dit qu'Untel n'a pas fait d'études parce qu'il n'a pas été reconnu par son père, c'est faux. C'était écrit. Si, par contre, ce même homme est instable affectivement, ou s'il devient toxicomane, dans ce cas on peut dire que c'est lié à sa non-reconnaissance par son géniteur... C'est en ce sens que certains courants psys contestent une partie des travaux de Françoise Dolto qui rendait responsables systématiquement les parents de tous les échecs de leurs enfants, quel que soit le secteur de l'échec. Alors que d'autres courants considèrent que la fonction (professionnelle) est écrite (destinée), y compris l'absence de réussite professionnelle ou même le chômage, mais que le rôle (sphère des sentiments) de l'individu appartient au registre du secret de famille et, en particulier, à la lignée maternelle, la mère transmettant à son bébé, dès la naissance et par ses mots composés de phonèmes qui ne sont pas choisis par hasard par son inconscient, ce qui ne se dit pas par honte interposée...
J'ai essayé de faire de mon mieux, en sachant que sur un post on ne peut pas expliquer toute la théorie et j'espère ne pas trop vous avoir embrouillée... Je souhaite aussi que d'autres avis viennent compléter les commentaires parce que ce sujet est particulièrement intéressant...
Il va falloir que je relise sérieusement votre commentaire, Sofia. Il est technique mais fort intéressant. Merci d'avoir pris ce temps pour développer ce sujet de la sorte. J'ai l'impression de profiter d'une véritable formation psy. J'en étais resté à quelques lectures de Sigmund Freud mais j'avoue que là, j'ai bien envie de creuser la question. Je me rend compte que tout ce que vous écrivez concerne vraiment chacun d'entre nous et vos exemples permettent d'en prendre conscience. Ils sont connectés au réel, ce qui me change de ma prof de psycho de mes études à l'Ecole Normale qui avait beaucoup de mal avec la psychologie appliquée. Mais je la remercie quand même, car elle a été sur mon chemin tel un panneau indicateur... Quelque part, c'est donc un peu ma destinée que de m'interresser à la psy (rires !). C'était donc écrit que je m'inscrive à ces forums. Bonne soirée à tous(tes) et à chacun(e)
Vos explications sont un peu trop " savantes " pour moi mais j´ai ressenti cette différence, même si elle n'est pas encore évidente.
Je vais prendre un papier et un stylo et poser par écrit les éléments qui me parlent.
Je ne savais pas qu'en tout être humain la part affective et la part " professionnelle " abritaient des buts liés à la filiation mais que la lignée maternelle est première dans ce processus d' intentions cachées et qui restent incompréhensibles dans toute communication... C'est une vraie révélation en ce qui me concerne...
Mais je voudrais également souligner à titre personnel, que tout ce que vous développez par l'exemple que vous donnez, autant qu'avec une théorie appliquée brillante, me permet d'avancer véritablement et je vous en remercie humblement ! Ce que vous développez sur la différence de la destinée en lien avec les non-dits, quant à l'affectif et le social, c'est fondamental... Et j'étais bien loin d'en arriver à ces explications éclairantes !
Hier et sur un autre post, je parlais de mon père et de son second mariage avec sa cousine... Et tout autant, je faisais allusion à la "névrose de guerre familiale"... Hors dans cet imbroglio familial, alors que j'étais déjà un peu avancée dans mon travail analytique, ma belle-mère (la seconde épouse de mon père donc), suite au décès de son grand-père, me montra des photos anciennes qui me concernait directement, si je puis dire, puisqu'il s'agissait de photos de mon grand-père et de son frère lorsqu'ils étaient enfants... Hors en parallèle de ces photos, elle me dit qu'il y avait un "secret" dans la famille, à propos de mon grand-oncle... qui n'était en réalité que le demi-frère de mon grand-père, puisque cet enfant avait été conçu par une relation "extra conjugale", alors que mon arrière-grand-père était à la guerre (la 1ère Guerre mondiale)... mais qu'il était "assez courant à l'époque", que ces enfants-là portent malgré tout, le nom du mari officiel... D'ailleurs, il semblerait, tout autant que mon arrière-grand-père, dont le nom est d'origine savoyarde, était en réalité un enfant abandonné et adopté par une famille savoyarde... (j'ai d'ailleurs fait un parallèle avec le fait "historique" que bien des savoyards avait des origines italiennes... pour 2 raisons personnelles objectives : lorsque j'étais enfant, j'ai passé plusieurs années, des mois d'été, en colonnies de vacance en Savoie, dont une notamment, qui se trouvait à une vingtaine de kilomètres à vol d'oiseau, de la frontière italienne... et sur ma rapide période de lycéenne, j'avais choisi en 3ème langue l'italien, que je n'ai "appris" pendant moins de 2 ans, et dont je garde pourtant beaucoup plus de notions, que l'espagnol, par exemple que j'ai pourtant "pratiqué" 2 fois plus longtemps). Ce patronyme d'ailleurs, qui s'est arrêté avec la mort de mon frère... Je ne suis pas certaine que mon père, en tout cas au conscient... connaissait cette histoire... Ce jour-là, je lui ai effectivement demandé, comment ça se faisait que lui n'en avait jamais parlé... Je me souviens très nettement du silence de mon père à ma question, et aussi son malaise, pour ne pas dire une "vraie souffrance"... d'ailleurs, j'en veux pour preuve, qu'après le décès de mon père, j'en ai parlé à ma tante paternelle, qui ignorait elle aussi cette histoire... A l'époque ou ma belle-mère "libéra" ce non-dit, elle ne le faisait pas par hasard, puiqu'elle savait que j'avais une liaison avec un homme qui était lui-même père d'une fille conçue d'une relation extra conjugale... D'ailleurs la suite de mon trajet affectif et tout aussi intéressant, puisque mon second mari a conçu lui aussi un enfant naturel avec sa première ex-épouse, alors que notre fils en commun n'était pas encore né... Ce qui, soi dit en passant, n'a jamais été dit ouvertement de sa part... Il se trouve que lorsque nous étions un couple, il m'avait parlé d'une histoire familiale en lien à la lignée paternelle, où il était question de sa grand-mère, si mes souvenirs sont justes, d'origine alsacienne qui aurait eu un premier enfant avec un Allemand... et que cet enfant serait mort en bas âge... Cet enfant semble-t-il avait été totalement idéalisé, puisqu'il était véhiculé comme parlant couramment et très bien à l'âge de 18 mois, et comme un enfant d'une grande beauté, blond aux yeux bleus... Il se trouve que j'ai vu récemment, une photo du demi-frère naturel de mon fils... qui a lui-même des yeux très bleus et des cheveux clairs, tout comme sa tante paternelle, alors que les parents respectifs, sont de "type méditarranéen"...
Mais, et pour en revenir à mon père, il se trouve que j'ai découvert également, que mon grand-père paternel avait une liaison, qui fit d'ailleurs "scandale" dans la famille, avec la mère de ma belle-mère... Et cette femme, semble-t-il n'a jamais fait réellement le "deuil" de cette relation de jeunesse pour elle... Elle souffrait d'alcoolisme, dont elle est d'ailleurs morte... Sur les derniers temps de sa vie, lorsqu'elle était plus fortement alcoolisée elle téléphonait à ma grand-mère, et l'injuriait copieusement... Personnes ne comprenaient réellement pourquoi, en tout cas ni mon père ni ma tante... C'est ma grand-mère peu de temps avant sa mort, un cancer du sein, qui dit à ma tante, qu'elle "pardonnait" son comportement à la mère de ma belle-mère... et qui livra cette histoire à ma tante... Pourtant, les "plus âgés" de la famille, des oncles et tantes de mon père et ma tante, connaissaient cette histoire...
Je pourrais continuer à faire bien des liens, y compris avec la lignée maternelle, mais je suis en train de me rendre compte, que si je continue, j'en ai pour des heures et des pages (!)... Ce qui en définitive, serait sans doute plus parlant pour moi avant tout... Cependant, je voudrais souligner, une fois de plus, l'importance réelle de ce forum qui permet véritablement d'échanger et d'avancer toujours plus dans la réflexion...
Merci Sofia, votre transmission me permet de lâcher des faux liens entre secret de famille et domaine professionnel. J'ai l'impression de refaire les bonnes connections et de mieux comprendre mon histoire et celle de ma famille.
Isabelle
Vivant...
Je ne sais pas pourquoi... Peut-être que votre question "touche un affect personnel" ? Mais pour ma part, j'envisage cette question différemment. S'il était effectivement inscrit dans notre destinée justement... qu'il est protecteur de se donner la possibilité personnelle de "sortir" des schémas invalidants, voire destructeurs des non-dits familiaux... En partant de l'idée du choix de chacun pour chaque incarnation, il est donc tout à fait envisageable de parler pourquoi pas de destin, mais il ne faut pas oublier que le libre arbitre permet toujours une possibilité d'un équilibre passif/actif... Il me semble que la différence fondamentale se situe en définitive sur ce qu'il nous est "possible de modifier" et tout autant, ensuite dans un deuxième temps, d'accepter qu'il y a aussi des aspects qu'il ne nous appartient pas de "modifier". Pour autant, ce qui peut être modifié, "protégera" probablement les générations suivantes... mais parce qu'on est passé par soi dans un premier temps... D'ailleurs comment pourrait-il en être autrement... Car il s'agirait d'une véritable toute-puissance que de croire que l'on peut changer quelque chose chez l'autre... Si personnellement, dans mon histoire, c'est le décès de mon petit frère (donc sur un moi sacrificiel) qui a généré pour moi, la nécessité de "stopper" certaines répétitions, notamment le décés d'enfant sur chaque génération... C'est qu'il y a dans la notion de destinée, à la fois la part de l'inconscient individuel et la part d'inconscient familial, que l'on peut élargir à l'inconscient collectif, puisque cet inconscient familial est constitué de dizaine, de centaines de générations selon l'origine du non-dit... Je ne sais pas si je fais avancer la réflexion... Mais vous pourriez bien entendu argumenter en me disant : qui vous dit que vous avez réellement "stoppé" une répétition transgénérationnelle ? D'abord parce que de façon réelle, il n'y a pas de décès d'enfant depuis la mort de mon frère, ce qui dans le temps fait plus de 30 ans... Mais peut-être qu'il s'agit tout aussi bien d'une question de Foi et donc aussi d'humilité... Car après tout, ce travail sur soi réel, peut tout autant comporter un aspect protecteur anticipatoire pour moi-même, avec "l'éventualité" de la perte d'un de mes enfants, avant que ma propre disparition dans une "logique" naturelle... Je crois que l'essentiel est d'être vivant, et d'en témoigner...
Gilbert
Faire le tri ?
D'accord avec ce que dit Isabelle. Elle induit, à mon sens, qu'il nous est possible de ne pas subir passivement certaines identifications transgénérationnelles. L'identification faux-self, d'un point de vue spirituel, serait la cause de nos maux. Ainsi, si je m'en réfère à la tradition indienne, nous serions originellement une âme. Cette âme, selon la loi du karma (actions bonnes ou mauvaises dans les vies passées) revêt un corps, au sein d'une famille, d'un pays, d'une culture. Elle s'imprègne ainsi d'un inconscient filial collectif. Or, cette tradition spirituelle nous invite à lâcher nos fausses identifications, à commencer par l'enveloppe corporelle. Ce qui ne signifie pas qu'il faille nier le corps. Bien au contraire. Le corps humain est comme un fabuleux véhicule que l'on nous a prêté pour un temps, le temps de réaliser qu'il existe une autre dimension... En essayant de répondre à votre question, j'essaie de faire le tri, de mettre de l'ordre dans mes pensées... Et je vous en remercie, Christine et Isabelle, en attendant que d'autres foromers, comme à leur habitude viennent poser leur pierre à l'édifice de cette réflexion, fort passionnante en ce qui me concerne !
Sofia M
Des différences fondamentales...
Même si votre question revêt une complexité certaine, on peut en dégager une certaine logique.
Dans une filiation, il y a le secret de famille qui est tu, comme son nom l'indique, mais qui, contrairement à ce que l'on pourrait croire, est secret jusqu'à un certain point car, à chaque génération, il y a quelqu'un qui est détenteur de cette vérité. C'est pour cela qu'il est plus convenable de parler d'" évident caché ", comme le font les Psychogénéalogistes car, même si le secret a été déformé, il existe toujours quelqu'un qui parviendra à l'exprimer avec le verbe, donc avec des mots, et non plus avec des maux, parfois trois ou quatre décennies plus loin que la " faute ", voire plus ! Une prof de Psycho que j'ai eue nous avait raconté qu'une de ses tantes par alliance avait eu un enfant illégitime probablement d'un Allemand pendant la Seconde guerre mondiale. Sauf que sa famille racontait qu'elle était tombée enceinte alors qu'elle faisait une colonie de vacances en Norvège et que le Norvégien ne l'avait pas su !!! En outre, cet enfant serait mort à l'âge de trois ans brutalement. Ce scénario, auquel toute la famille adhérait, a toujours intrigué la prof qui se demandait comment on pouvait aller faire une colonie de vacances en Norvège alors que la guerre sévissait dans l'Hexagone !!! Elle a fini par faire des recherches et a retrouvé, grâce au nom de jeune fille de sa tante qui s'était entre temps mariée à l'étranger (ça ne s'invente pas !) ce fils, très adulte, très blond et très Allemand, en Indre-et-Loire, qui était soi-disant mort tout petit et qui est donc toujours resté caché par sa mère. Elle a eu ensuite une fille qui n'a jamais connu l'existence de ce demi-frère... Dans cet exemple, vous voyez qu'on oscille entre le secret de famille et l'évident caché... Ce qui me permet d'en venir aux conséquences...
Si je reste dans cette histoire, le scénario de la naissance particulière de cet enfant était " connu " de tous les inconscients de la filiation. Certains membres connaissent la réalité au conscient aussi mais, dans les deux cas, c'est de la dynamite en fonction des liens œdipiens fantasmatiques plus ou moins forts qui unissent tous les membres familiaux. Dans ce cas précis, il s'agit d'une névrose de guerre d'autant plus conséquente qu'il y a eu trahison. Or, le Complexe d'Œdipe est le foyer par excellence de la trahison. Cette trahison, plus ou moins secrète encore une fois, peut entraîner des personnes malhonnêtes dans la filiation, des conjoints infidèles, des personnes qui peuvent subir des accidents corporels graves de type amputation comme les conflits guerriers pouvaient en engendrer, des cancers pour lesquels il y a recours à la chimiothérapie qui fait perdre les cheveux comme une trace mnésique probante d'une " tondue "... Voilà comment un secret de famille peut alourdir un destin. Toutefois, comme le dit Isabelle, vous pourriez m'opposer qu'eux aussi sont pris dans le " c'était écrit " avec les souffrances et les douleurs qu'ils endurent. En fait pas exactement car si un secret de famille est un fait avéré et dévoilé à un certain moment comme nous venons de le voir avec la prof de Psycho, ce sont les conséquences sur le psychisme de certains membres plus fragiles de la famille qui, en réagissant moins bien ou carrément très mal psychologiquement, fabriquent des différences comportementales qui donnent l'illusion de modifier le destin alors qu'il n'en est rien. Cette prof de Psycho est devenue prof de Psycho parce que c'était écrit (sa destinée). Ses perceptions quant à ce secret de famille l'ont conduite à rechercher la vérité. Elle en a parlé à ses parents qui ont dû modifier leurs comportements vis-à-vis de leur belle-sœur mais c'est ce qu'on appelle la part orale de l'individu, c'est-à-dire l'affectif. La part dite anale, qui touche au " faire ", ne peut pas être modifiée, en aucun cas, car elle fait loi. Il y a du reste beaucoup d'erreurs d'interprétation à ce sujet : si on dit qu'Untel n'a pas fait d'études parce qu'il n'a pas été reconnu par son père, c'est faux. C'était écrit. Si, par contre, ce même homme est instable affectivement, ou s'il devient toxicomane, dans ce cas on peut dire que c'est lié à sa non-reconnaissance par son géniteur... C'est en ce sens que certains courants psys contestent une partie des travaux de Françoise Dolto qui rendait responsables systématiquement les parents de tous les échecs de leurs enfants, quel que soit le secteur de l'échec. Alors que d'autres courants considèrent que la fonction (professionnelle) est écrite (destinée), y compris l'absence de réussite professionnelle ou même le chômage, mais que le rôle (sphère des sentiments) de l'individu appartient au registre du secret de famille et, en particulier, à la lignée maternelle, la mère transmettant à son bébé, dès la naissance et par ses mots composés de phonèmes qui ne sont pas choisis par hasard par son inconscient, ce qui ne se dit pas par honte interposée...
J'ai essayé de faire de mon mieux, en sachant que sur un post on ne peut pas expliquer toute la théorie et j'espère ne pas trop vous avoir embrouillée... Je souhaite aussi que d'autres avis viennent compléter les commentaires parce que ce sujet est particulièrement intéressant...
Bonne soirée,
Sofia
Gilbert
Fort intéressant !
Il va falloir que je relise sérieusement votre commentaire, Sofia. Il est technique mais fort intéressant. Merci d'avoir pris ce temps pour développer ce sujet de la sorte. J'ai l'impression de profiter d'une véritable formation psy. J'en étais resté à quelques lectures de Sigmund Freud mais j'avoue que là, j'ai bien envie de creuser la question. Je me rend compte que tout ce que vous écrivez concerne vraiment chacun d'entre nous et vos exemples permettent d'en prendre conscience. Ils sont connectés au réel, ce qui me change de ma prof de psycho de mes études à l'Ecole Normale qui avait beaucoup de mal avec la psychologie appliquée. Mais je la remercie quand même, car elle a été sur mon chemin tel un panneau indicateur... Quelque part, c'est donc un peu ma destinée que de m'interresser à la psy (rires !). C'était donc écrit que je m'inscrive à ces forums. Bonne soirée à tous(tes) et à chacun(e)
Christine-zen
Une découverte pour moi
Vos explications sont un peu trop " savantes " pour moi mais j´ai ressenti cette différence, même si elle n'est pas encore évidente.
Je vais prendre un papier et un stylo et poser par écrit les éléments qui me parlent.
Je ne savais pas qu'en tout être humain la part affective et la part " professionnelle " abritaient des buts liés à la filiation mais que la lignée maternelle est première dans ce processus d' intentions cachées et qui restent incompréhensibles dans toute communication... C'est une vraie révélation en ce qui me concerne...
Isabelle
Merci Sofia ! C'est très parlant pour moi !
Mais je voudrais également souligner à titre personnel, que tout ce que vous développez par l'exemple que vous donnez, autant qu'avec une théorie appliquée brillante, me permet d'avancer véritablement et je vous en remercie humblement ! Ce que vous développez sur la différence de la destinée en lien avec les non-dits, quant à l'affectif et le social, c'est fondamental... Et j'étais bien loin d'en arriver à ces explications éclairantes !
Hier et sur un autre post, je parlais de mon père et de son second mariage avec sa cousine... Et tout autant, je faisais allusion à la "névrose de guerre familiale"... Hors dans cet imbroglio familial, alors que j'étais déjà un peu avancée dans mon travail analytique, ma belle-mère (la seconde épouse de mon père donc), suite au décès de son grand-père, me montra des photos anciennes qui me concernait directement, si je puis dire, puisqu'il s'agissait de photos de mon grand-père et de son frère lorsqu'ils étaient enfants... Hors en parallèle de ces photos, elle me dit qu'il y avait un "secret" dans la famille, à propos de mon grand-oncle... qui n'était en réalité que le demi-frère de mon grand-père, puisque cet enfant avait été conçu par une relation "extra conjugale", alors que mon arrière-grand-père était à la guerre (la 1ère Guerre mondiale)... mais qu'il était "assez courant à l'époque", que ces enfants-là portent malgré tout, le nom du mari officiel... D'ailleurs, il semblerait, tout autant que mon arrière-grand-père, dont le nom est d'origine savoyarde, était en réalité un enfant abandonné et adopté par une famille savoyarde... (j'ai d'ailleurs fait un parallèle avec le fait "historique" que bien des savoyards avait des origines italiennes... pour 2 raisons personnelles objectives : lorsque j'étais enfant, j'ai passé plusieurs années, des mois d'été, en colonnies de vacance en Savoie, dont une notamment, qui se trouvait à une vingtaine de kilomètres à vol d'oiseau, de la frontière italienne... et sur ma rapide période de lycéenne, j'avais choisi en 3ème langue l'italien, que je n'ai "appris" pendant moins de 2 ans, et dont je garde pourtant beaucoup plus de notions, que l'espagnol, par exemple que j'ai pourtant "pratiqué" 2 fois plus longtemps). Ce patronyme d'ailleurs, qui s'est arrêté avec la mort de mon frère... Je ne suis pas certaine que mon père, en tout cas au conscient... connaissait cette histoire... Ce jour-là, je lui ai effectivement demandé, comment ça se faisait que lui n'en avait jamais parlé... Je me souviens très nettement du silence de mon père à ma question, et aussi son malaise, pour ne pas dire une "vraie souffrance"... d'ailleurs, j'en veux pour preuve, qu'après le décès de mon père, j'en ai parlé à ma tante paternelle, qui ignorait elle aussi cette histoire... A l'époque ou ma belle-mère "libéra" ce non-dit, elle ne le faisait pas par hasard, puiqu'elle savait que j'avais une liaison avec un homme qui était lui-même père d'une fille conçue d'une relation extra conjugale... D'ailleurs la suite de mon trajet affectif et tout aussi intéressant, puisque mon second mari a conçu lui aussi un enfant naturel avec sa première ex-épouse, alors que notre fils en commun n'était pas encore né... Ce qui, soi dit en passant, n'a jamais été dit ouvertement de sa part... Il se trouve que lorsque nous étions un couple, il m'avait parlé d'une histoire familiale en lien à la lignée paternelle, où il était question de sa grand-mère, si mes souvenirs sont justes, d'origine alsacienne qui aurait eu un premier enfant avec un Allemand... et que cet enfant serait mort en bas âge... Cet enfant semble-t-il avait été totalement idéalisé, puisqu'il était véhiculé comme parlant couramment et très bien à l'âge de 18 mois, et comme un enfant d'une grande beauté, blond aux yeux bleus... Il se trouve que j'ai vu récemment, une photo du demi-frère naturel de mon fils... qui a lui-même des yeux très bleus et des cheveux clairs, tout comme sa tante paternelle, alors que les parents respectifs, sont de "type méditarranéen"...
Mais, et pour en revenir à mon père, il se trouve que j'ai découvert également, que mon grand-père paternel avait une liaison, qui fit d'ailleurs "scandale" dans la famille, avec la mère de ma belle-mère... Et cette femme, semble-t-il n'a jamais fait réellement le "deuil" de cette relation de jeunesse pour elle... Elle souffrait d'alcoolisme, dont elle est d'ailleurs morte... Sur les derniers temps de sa vie, lorsqu'elle était plus fortement alcoolisée elle téléphonait à ma grand-mère, et l'injuriait copieusement... Personnes ne comprenaient réellement pourquoi, en tout cas ni mon père ni ma tante... C'est ma grand-mère peu de temps avant sa mort, un cancer du sein, qui dit à ma tante, qu'elle "pardonnait" son comportement à la mère de ma belle-mère... et qui livra cette histoire à ma tante... Pourtant, les "plus âgés" de la famille, des oncles et tantes de mon père et ma tante, connaissaient cette histoire...
Je pourrais continuer à faire bien des liens, y compris avec la lignée maternelle, mais je suis en train de me rendre compte, que si je continue, j'en ai pour des heures et des pages (!)... Ce qui en définitive, serait sans doute plus parlant pour moi avant tout... Cependant, je voudrais souligner, une fois de plus, l'importance réelle de ce forum qui permet véritablement d'échanger et d'avancer toujours plus dans la réflexion...
Juliette
Se débarrasser des faux liens !
Merci Sofia, votre transmission me permet de lâcher des faux liens entre secret de famille et domaine professionnel. J'ai l'impression de refaire les bonnes connections et de mieux comprendre mon histoire et celle de ma famille.