En tant que bénévole dans une association caritative catholique, je m'occupe depuis plusieurs mois d'une femme dont je pourrais dire qu'elle fait du catastrophisme. Le terme n'est peut-être pas exact mais je vais vous expliquer plus précisément ses réactions...
Il est vrai que cette personne a connu de grands malheurs depuis sa naissance et qu'elle en connaît encore... J'ai essayé beaucoup de pistes différentes avec elle car, en plus, ses idées négatives entraînent chez elle de gros problèmes de santé. Son raisonnement récurrent consiste à chercher à analyser des " signes " qui s'adresseraient à elle... Pourquoi pas ? L'inconvénient, c'est qu'elle les interprète toujours comme porteurs et annonciateurs d'une mauvaise nouvelle... Et, ce qui me semble logique, c'est que cette mauvaise nouvelle finit toujours par arriver ! Ce qui la conforte dans le fait que c'est elle qui a raison...
Comme vous vous en doutez, ses moyens financiers ne lui permettent pas une prise en charge psychothérapeutique mais j'ai l'impression que je n'arrive plus du tout à l'aider. Pourriez-vous me donner des conseils pour que cette dame ne s'enfonce pas davantage encore ?
Gilbert
Difficile !
J'avoue que la situation, telle que vous la décrivez, me paraît dificile à gérer. Je vous admire d'ailleurs de vouloir encore essayer d'aider cette dame. J'avais un ami qui avait ce profil. On avait l'impression que tout ce qui arrivait dans sa vie était là pour confirmer ses idées noires. Pas de compagne (toutes le mêmes), un travail de nuit (victimisation assurée), tout était la faute du gouvernement, etc... Un dimanche matin, un destin terrible : son père tue sa mère lors d'une crise de jalousie psychotique... Effectivement, il avait maintenant de quoi être négatif. Il a fait fuir toutes les personnes désireuses de lui venir en aide... J'avoue que si quelqu'un nous donne des pistes pour aider ceux qui ne voient que des signes négatifs, je suis preneur !
Viviane
Le jardin de ma grand-mère...
Même s'il est très louable de votre part Cricri "d'aider cette dame", il s'agit quand même à un moment donné de se protéger soi-même (en dehors de tout égocentrisme déplacé...), puisque fondamentalement nous "humain" n'avons pas cette possibilité de "changer l'autre"... Et ce n'est certainement pas à vous Cricri, que je dirais que cette possibilité, si elle existe, est entre les Mains de Dieu...
Pour ce que j'en comprends, et si je vous dis celà, c'est qu'il me semble que cette dame est effectivement dans une grande souffrance... une forme de "paranoïa" dont une des composantes est "le délire de persécussion", que l'on pourrait traduire ici, par un "ce que je redoute m'arrive" sur un mode "délirant". Ce qui est difficile dans ce cas, c'est qu'effectivement, "les signes perçus, vus" ne sont pas nécessairement "faux" en soi... Mais il est incontournable, pour qu'ils soient justes dans le sens de "l'interrogation", qu'il y ait le sens positif, vous l'avez compris...
Personnellement, ma grand-mère maternelle qui n'a pas été épargnée par les épreuves de la vie, a un peu ce type de fonctionnement... Elle voit toujours beaucoup de négatif et fait comme vous dites, du catastrophisme... entretenu de plus, par le fait qu'elle vit seule depuis longtemps et qu'elle "se gave" des infos rarement positives à la télévision... Ce qui me fait dire, et ce n'est que ma petite expérience personnelle, que j'ai pris l'habitude lorsque je vais la voir, de toujours mettre en avant dans un premier temps, son jardin dans lequel elle passe beaucoup de temps (et je sais que ça représente un équilibre pour elle)... J'ai vérifié bien souvent, qu'ensuite la conversation et le temps passé ensemble sera du coup beaucoup plus "positif", comme si son "mode de défense" était en retrait... Y compris, comme nous sommes encore un peu dans les frimas de l'hiver, qui limitent bien évidemment le temps passé dans le jardin... que bien souvent elle me raconte ses observations des oiseaux à qui elle donne des graines sur un table devant sa porte-fenêtre, ou bien encore touts les petites 'facéties" de la minette de la maison, lorsqu'elle est dans le jardin par exemple...
Je ne sais pas si ce que je vous dis génèrera du positif de votre côté, quand à la dame dont vous parlez... Mais il me semble que peut-être trouver quelque chose qu'elle aime et qui soit en lien avec l'extériorité pourrait l'aider un peu à être moins négative... du positif qu'il s'agirait de cultiver...
Sofia M
Allez dans son sens...
Vous êtes bénévole et n'êtes ni médecin, ni professionnelle du psychisme. Ce cadre associatif et vos limites doivent être absolument respectés. C'est une règle de base incontournable.
En ce qui concerne cette dame, si elle revient vous voir régulièrement, c'est qu'elle a ses raisons inconscientes à elle mais ce qu'elle demande avant tout c'est à être entendue, écoutée... Sa plainte qui tourne autour d'interprétations négatives récurrentes de sa part ne doit pas être contrée car vous arriveriez au résultat inverse : vous l'abîmeriez en essayant de lui faire voir le coin de ciel bleu qui se présente à elle. Elle a besoin de victimiser, ça la soulage, laissez-la exprimer ce qu'elle ressent, combien même l'approche qu'elle a des signes qu'elle " voit " vous semble pathologique... À force de la " comprendre ", elle finira par se lasser parce qu'il arrivera un moment où elle aura épuisé son répertoire... Peut-être passera-t-elle à autre chose ou demandera-t-elle à être reçue par une autre bénévole mais tout cela n'est pas essentiel. L'important c'est que vous restiez à votre place et que vous ne cherchiez pas à psychanalyser cette dame qui ne le demande pas. Sinon sachez qu'elle aurait attiré, d'une façon ou d'une autre, une personne dont c'est le métier, et ce malgré ses moyens financiers faibles. Il existe même des prises encharge psy gratuites. Considérez que, dans le transfert, cette dame veut inconsciemment utiliser votre énergie, capter et mobiliser toute votre attention... gratuitement ! Vous occupez certainement la place du " mauvais objet maternel " (jargon psy) et, en victimisant, elle s'adresse à cette " mauvaise mère fantasmatique " en lui faisant des reproches... Ces reproches qu'elle n'a sûrement pas pu adresser à sa vraie mère, quelles qu'en soient les raisons... En somme, elle vous fait " payer " mais n'est-ce pas là la face cachée transférentielle du bénévolat ?
cricri
Vous m'avez remise à ma juste place...
Je vous remercie de m'avoir fait saisir que je dépassais mes attributions... De toute façon, c'est un peu mon défaut et c'est ce que me reproche souvent mon mari, y compris pour les histoires de famille... Je suis allée chercher le bâton, je l'ai reçu et c'est très bien comme ça ! Je vais respecter la leçon car sinon ça ne sert à rien que je vienne vous déranger...