Vos commentaires souvent psychanalytiques m'ont donné envie de découvrir Sigmund Freud.
Dans une correspondance avec sa fiancée Martha, voilà ce qu'il écrit :
" Je ne veux pas que tu m'aimes pour les qualités que tu me porterais, d'ailleurs pour aucune qualité, il faut que tu m'aimes sans raison, comme aiment sans raison tous ceux qui aiment simplement, simplement parce que je t'aime et que tu n'as pas à en avoir honte... "
Je n'ai pas bien compris le sens de cette phrase. Est-ce que vous pourriez me l'expliquer parce que l'amour vu par Freud, ça me semble quelque chose d'important à comprendre ?
Floriane
Si je savais...
J'aurais envie de dire que c'est peut-être le véritable amour, celui qui ne tient pas de comptes, celui qui ne punit pas, celui qui n'attache pas, celui qui ne s'explique pas, tout simplement. Quelqu'un m'a dit, en substance "comme les enfants qui aiment parce qu'on les aime".
Et moi je me dis, avec la foule de questions que cela engendre aussi, de l'ordre du "en suis-je capable?", aimer l'autre "malgré" tout ce que l'on ne supporte pas chez lui, ses "défauts", bien visibles, qui peuvent nous insupporter.
Les qualités que l'autre voit chez nous sont des qualités que l'on nous prête, pas nécessairement les nôtres réellement.
J'ai moi aussi bien envie que d'autres nous apportent leur éclairage parce que j'avoue que cette ciation m'interpelle autant qu'elle me parle...
Cécile. G.. Psy...
L'amour inconditionnel
Il me semble que Freud parle d'un amour sans condition. Un amour sans idéalisation qui réduit l'un et sans " parce que " qui réduit l'autre. Accepter d'être fait l'un pour l'autre, sans chercher à comprendre pourquoi. Ne pas douter de l'amour de l'autre, ni du fait d'être aimable.
Un amour sans " pourquoi " ni " parce que " !
Voilà ma compréhension de l'amour selon Freud, j'espère que d'autres foromeurs viendront s'exprimer sur ce sujet.
Bonne journée à tous.
Jean
Réciprocité ?
Je doute que l'être humain soit capable d'un amour inconditionnel. D'ailleurs, ce qui me pose problème, dans la phrase de Freud, c'est bien ce " parce que je t'aime "... Il serait donc question d'une réciprocité sans calcul, sans peur du jugement d'autrui. J'ai lu quelque part que Martha a soulagé son mari Sigmund Freud de toutes les tâches domestiques pour qu'il puisse se donner corps et âme à ses recherches... J'avoue que si d'autres venaient nous donner leur avis, j'apprécierais car ce sujet me semble particulièrement difficile !!! Bonne journée aussi à tous !
Isabelle
Un amour idéal...
J'aurai tendance à dire, moi aussi, que Sigmund Freud demande un amour inconditionnel à Martha. Mais pour moi, il s'agit plutôt de "femme soit soumise à ton mari"... D'autant (et juste de mémoire...), il me semble qu'une des raisons de leur longues fiançailles, était aussi en lien au fait que le père de Martha ne voyait pas d'un très bon oeil cette union... y compris pour des raisons de différences sociales si je me souviens bien... J'aimerais bien dire que Sigmund Freud parle à Martha d'une forme d'amour "idéal" y compris d'un amour non oedipien... mais j'en doute quand même... Celà dit, effectivement, pour être aller voir un peu du côté de Martha, elle a à mon sens largement "répondue" aux attentes de son mari... Se mettant véritablement à "son service"... et outre le fait qu'elle a fidèlement assumée les contingences domestiques dans son sens le plus large, elle a toujours largement veillée à la "liberté" et au "bien-être" de son époux... en restant totalement dans l'ombre... y compris en disant qu'elle ne comprenait pas grand chose "aux découvertes" de Sigmund Freud... Alors bien sûr c'est à remettre dans une époque, où les femmes étaient véritablement "soumises"... Pourtant, c'est cette "soumission" à l'homme qui permettra à Sigmund Freud quand même de "définir" l'hystérie féminine et ses problématiques humaines... Mais Sigmund Freud était en parallèle, lui-même "admiratif" de certains profils féminins "émancipés" comme Lou Salomé, par exemple... Il était quand même très "macho" sur un plan affectif et privé... Mais peut-être aussi que le regard psy, masculin particulièrement, apporterait un "autre éclairage"...
Sofia M
Les angoisses de Freud !
Cette phrase est aussi " complexe " qu'intéressante mais avant tout, il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'une traduction... Quoi qu'il en soit, en cherchant à l'analyser, je dirais que Freud redoutait essentiellement les projections de sa fiancée (!) : " ...les qualités que tu me porterais ", ce qui finalement pouvait sembler très réducteur à Freud qui, avec tout le respect que j'ai pour lui, était quand même très narcissique ! Ensuite, si on replace cette requête du fiancé dans le contexte de l'époque, il savait combien l'Autriche était tabouïsée et il me semble que, par voie de conséquence, il désirait expliquer à Martha qu'il ne fallait pas qu'elle rationalise ses sentiments en passant par des prétextes sociaux de réussite (réussite déjà largement envisageable chez lui), car n'oublions pas que la future belle-mère de Freud, qui ne raisonnait qu'en terme de dote, voyait d'un très mauvais œil cette union : il était fauché comme les blés et son père allait de faillite en faillite... Je veux dire par-là que le maître de la Psychanalyse souhaitait que sa future épouse débarrasse ses élans amoureux d'un conditionnement bourgeois... Il avait envie d'une sorte d'amour " pur ", ce qui est surprenant pour ce brillant chercheur en neurologie qui n'était pas sans ignorer que certains profils psychologiques ont une sensibilité plus ou moins affirmée au niveau des contingences matérielles et autres diplômes... En résumé, il ne voulait surtout pas prendre le risque d'épouser fantasmatiquement la mère de sa fiancée et il essayait de lui faire quitter les schèmes identificatoires maternels ! Et ce d'autant plus qu'il gardait un souvenir cuisant : effectivement, il avait réalisé un jour qu'il était " tombé " amoureux de la mère de sa précédente petite amie ! Cette histoire-là, si elle a contrarié l'homme, nous a bien arrangés puisqu'elle a permis la base de ses travaux sur le Complexe dŒdipe...
Jean
Je comprends mieux ma résistance !
C'est toujours fabuleux, ces forums. Je ne comprenais pas pourquoi je résistais avec cette phrase de Sigmund Freud... Il se trouve que la confusion entre la femme et la belle-mère, j'ai un peu connu... Et ça ne pouvait que " foirer "... Merci Sofia, et merci tonton Freud (rires !). Le complexe d'Oedipe, ce n'est pas que du blabla
Horia
L'amour... prudent !
Je ne risquais pas de comprendre !
Même si vos traductions restent compliquées pour moi, j'ai globalement saisi le sens...
J'ai interrompu mon post parce que ma chef de service est entrée ! Je continue...
Je crois avoir bien compris que sans le vouloir on pouvait " épouser " les idées d'un beau-père ou d'une belle mère !!! C'est sûr que dans ce cas, le couple ne peut pas fonctionner et que je vois bien pourquoi Freud se méfiait...
Merci. C'est super, même si vos commentaires demandent à ce que j'y réfléchisse davantage... Pour moi qui espère pouvoir un jour refaire sérieusement ma vie, ils peuvent me guider vers la prévention...