Depuis le décès de mon bébé, je fais un travail spirituel avec un prêtre que je connais depuis longtemps... Je le vois une fois par semaine en moyenne mais plus je le rencontre, plus la durée des séances est longue... Il n'est plus tout jeune et il a tendance à me dire un peu toujours les mêmes choses... J'ai l'impression de ne plus vraiment avancer avec lui... Je ne sais pas si je dois arrêter ces rencontres. J'ai peur de lui faire de la peine. En même temps, ces séances m'alourdissent plus qu'elles ne m'apaisent mais je me dis aussi que je peux me cacher derrière mon petit doigt avec ce genre de sentiment : il ne s'agirait pas qu'en arrêtant ce travail spirituel, je dévisse à nouveau...
Je vous remercie de me donner votre avis...
Gilbert
Peut-être est-il temps de passer à autre chose ?
J'ai lu avec intérêt votre questionnement et cela m'a ramené à une période de ma vie où je rencontrais moi aussi un prêtre. Ces échanges m'ont beaucoup aidé mais je sentais au fil des discussions qu'il fallait que je passe à autre chose. J'ai pris la décision de faire un travail psychothérapeutique avec un professionnel ouvert à la spiritualité que je payais pour cela et peu à peu mes rencontres avec ce prêtre se sont espacées. C'est comme s'il avait été sur mon chemin pour faire lien. Peut-être est-il temps pour vous, luna, de passer à autre chose ? Peut-être est-ce le signe que votre travail de deuil prend une autre tournure, plus en adéquation avec un faire ? Vous dites qu'il est trop bavard et cela vous pèse maintenant. Je pense que si c'est vraiment un homme de Foi, vous n'avez pas à culpabiliser outre mesure. Et puis, ce n'est pas comme si vous décidiez de ne plus jamais le revoir. Vous avez certainement les moyens de continuer ce travail spirituel sans l'étayage régulier de ce curé. En tous cas vos participation à ces forums laissent présager de vos progrès futurs dans ce domaine. C'est ce que vous renvoyez... Bonne soirée luna-95 et merci d'exister
Viviane
Naître à soi-même...
Bonjour Luna-95. S'il n'est pas question de "douter" d'un accompagnement efficace de la part de ce curé en un temps "précis"... Vous dites vous-même, qu'à aujourd'hui vous "n'avancez" plus, confirmé par le fait que ces séances vous alourdissent même... D'ailleurs, il me semble qu'il est temps de passer à autre chose, dans la mesure où ces séances, vous les vivez presque sur un "mode un peu régressif" : vous n'avancez plus vraiment et elles vous alourdissent, hors personnellement cela me renvoie à la fin d'une grossesse et un état physique particulier...
En même temps, comme je le disais en préambule, vous reconnaissez le bien fondé de ce travail avec cet homme d'Eglise, qui vous a accompagné vers une nouvelle naissance à venir, mais plus à entendre d'un accouchement de vous-même... Vous ne posez donc pas de déni... Mais vous avez maintenant cette nécessité d'aller plus loin pour vous-même...Toute notre vie, nous sommes appelés à de nouvelles naissances en quelque sorte...
Sans doute avec un travail psychique, qui d'ailleurs peut tout à fait être en adéquation avec un travail spirituel... (A titre personnel... pour moi et selon ma propre expérience, l'un ne va pas sans l'autre... Mais il s'agit de mon expérience)... Si je vous dis celà, c'est que votre titre fait référence à "trop parler", qui, s'y on l'inverse, renvoie au "secret professionnel" lien direct et véritablement éthique et à l'accompagnement d'un curé et tout autant d'un thérapeute... Y compris, qu'il existe véritablement des analystes spécifiquement chrétiens... ce qui implique un travail analytique axé avec le parallèle d'un apport biblique quant au symbolique...
Floriane
Je rejoins les autres commentaires
Je pense aussi que si vous ne sentez plus le besoin de ce travail avec le prêtre et si, en plus cela vous pèse c'est, et vous le savez au fond, qu'il est temps d'y mettre un terme. Et là, je rejoins aussi Viviane: on parle du terme d'une grossesse.
Vous n'avez pas à culpabiliser pour le prêtre d'arrêter ce travail avec lui, ce serait un comble de continuer pour lui. Je suis persuadée qu'en le remerciant de ce qu'il vous a apporté et en lui expliquant pourquoi vous ne souhaitez pas continuer, il comprendra. Et même s'il ne comprend pas, tant pis, l'essentiel est que vous agissiez en accord avec vous-même. Vous avancez, et c'est heureux. Arrêter ces séances c'est le signe aussi que vous avez fait du chemin depuis la mort de votre fils, comme en témoignaient déjà de précédents posts.
yamina.174
Ce prêtre ? Un cadeau sur votre chemin...
Vous ne trouvez plus votre compte dans ces rencontres et, comme le précisent les commentaires précédents, votre psychisme vous signale qu'il n'est pas nécessaire de continuer ces entretiens dont vous avez fait le tour avec cet homme. Je pense qu'au départ, vous l'avez surinvesti, comme s'il était Dieu Le Père et peut-être que votre amertume, que l'on ressent implicite, traduit votre légère déception. Je pense que c'est très bien pour vous qui pouvez encore vous sentir un peu " mauvaise mère " (vous en aviez parlé me semble-t-il l'été dernier dans un de vos posts). Effectivement, vous réalisez - grâce à ce transfert actuel avec ce prêtre âgé - que tout être humain a ses limites à partir d'un certain moment mais ce moment est un cadeau car il vous permet d'objectiver que vous avez de quoi avancer selon vos propres potentialités. Je me permets de rajouter que votre questionnement concerne aussi les deux hommes importants de votre famille : votre père et votre mari. Vous vous débéquillez progressivement et prenez davantage confiance en vous.
Ainsi n'y a-t-il aucune raison que vous " dévissiez " en arrêtant ces rencontres. Si vous expliquez courtoisement ce que vous ressentez à cet homme d'église, non seulement il comprendra mais il en sera très heureux dans la mesure où il saura qu'il a permis un travail constructif et un détachement... C'est ce qui se passe en Psychanalyse : l'analysant surinvestit le psychanalyste. Puis ces transferts positifs se transforment en transferts négatifs : une distance sera suivie d'une coupure au sens figuré, puis la cure analytique avançant, une neutralité de la part du patient s'installera mêlée d'acceptation et de renoncement et c'est ainsi que ce travail aboutira à une individuation, l'analysant sentant qu'il a dorénavant les moyens psychologiques de passer tout seul les obstacles de son existence... Il les a toujours eus d'ailleurs et tout-petit il le savait mais l'éducation parentale lui a démontré le contraire ! Nous sommes tous passés par-là. Repensons à notre propre enfance quand nous voulions faire quelque chose par nous-même parce que nous nous en sentions capables et souvent à juste titre. Mais la mère (surtout !) ou le père nous expliquait le contraire ! C'est ainsi que l'on perd peu à peu de vue que nous avons tous les " outils " à l'intérieur de nous pour franchir des montagnes... C'est pour toutes ces raisons que j'ai l'impression, au travers du contenu de votre post, que ce prêtre a bien fait son travail : il s'est arrêté là où vous avez la capacité de vous débrouiller très bien toute seule avec les ingrédients qui composent votre chemin de vie, tout aussi douloureux soit-il... Mais nous sommes sur Terre pour travailler sur nous et c'est bien là tout l'intérêt de notre incarnation. Vous avez eu besoin des connaissances religieuses, spirituelles, de la sagesse de ce prêtre. Maintenant, vous avez besoin de les mettre en application. Autant dire que vous avez besoin de vous et de vous seule ! Il me semble que cet homme vous a énormément apporté puisque vous faites le choix de cheminer dorénavant sans lui...
luna_95
Une vraie bénédiction
Vos explications sont comme une " bénédiction ". Si ce prêtre a été un cadeau du Ciel pour moi effectivement, vos posts - toujours détaillés et super bien argumentés - le sont aussi. Une fois de plus, vous me permettez d'avancer et je peux vous assurer que dans mon cas, ce n'est pas rien... Indépendamment de toute votre empathie qui n'est plus à souligner, vous me permettez de faire le point sur moi-même et vous avez l'art de m'offrir l'impulsion nécessaire pour que je ne me complaise pas dans la victimisation qui ne change rien à mon drame... Vous me permettez aussi de regarder cette épreuve de ma vie autrement : c'est comme si, depuis que je viens sur ces forums, vous m'aviez fait intégrer que mon existence, je devais l'accepter telle qu'elle parce que j'ai besoin pour m'amender de la vivre de l'intérieur... Je crois pouvoir dire que le décès de mon fils m'a humanisée et je me demande souvent si cette tragédie n'était pas intervenue dans ma vie, si j'aurais été suffisamment humaine car l'absence de mon petit Enzo a gommé certains défauts que j'avais, comme l'égoïsme et une certaine forme de jugement vis-à-vis de mon entourage ou même de la société. Certains penseront que c'est cher payé, mais je n'ai pas d'explication rationnelle aujourd'hui : je ressens juste au plus profond de mon cœur toujours endolori qu'il fallait que ce soit comme ça... Tout comme Ingrid Chauvin, Stéphanie Fugain, Lino Ventura et combien d'autres ont créé des associations caritatives. Je n'ai bien sûr pas leur célébrité mais, humblement et à ma façon, j'essaie d'aider de mon mieux...