Comment croire en soi ?

Portrait de Mireille-cogolin

Dans le cadre du bénévolat associatif que je fais, je m'étais engagée à accompagner le week-end dernier une petite exposition de peintures faites par des personnes en grandes difficultés psychologiques que nous aidons tout au long de l'année. Ça s'est très mal passé et je ne m'en remets pas vraiment. Il y a eu des conflits entre les exposants qui présentent donc pour la plupart d'entre eux un profil psychologique fragile.

Je sais que mon mal-être vient du fait que je manque de confiance en moi (j'en ai déjà parlé à plusieurs reprises sur ces forums) car j'ai fait tout ce que j'ai pu pour qu'il n'y ait pas de dérives. Pourtant, je n'arrête pas de me dire que j'aurais pu faire mieux, davantage prier, anticiper les problèmes... Autant dire que je me ronge les sangs depuis ce que je juge être un échec. En revanche, les trois bénévoles qui étaient présents m'assurent que ça ne s'est pas si mal déroulé que ça (!) vu le contexte et les participants et que rien dans cette manifestation ne les a perturbés ! Je me répète : cette sensation d'échec vient donc bien de moi.

Pourriez-vous m'aider à me défaire de ce fardeau et à aller mieux ? J'en ai même perdu l'appétit et je n'avais vraiment pas besoin de ça...

Portrait de Cécile

Bonjour Mireille,

Votre interrogation est toute à votre honneur. Pourtant, j'ai l'impression que vous désirez être parfaite et que vous souffrez de ne pas l'être. D'autant qu'avec le profil des gens que vous aidez, il me paraît difficile que tout baigne dans la paix. Déjà, à la crèche, avec des petits bouts - dit normaux - il y a des conflits tous les jours et j'admire les assistantes maternelles dans la façon qu'elles ont de gérer. Mais bon, c'est leur boulot et elles sont formées pour ça. Au niveau du bénévolat, même si la formation est aussi importante, je crois que ce n'est pas la même chose. J'ai entendu parlé dans nos discussions du complexe du Sauveur.  Je ne sais pas vraiment ce que c'est au niveau psy, mais peut-être que votre souffrance est de cet ordre ? D'autant que vos amis bénévoles ne semblent pas avoir la même perception que vous. Je sais que vous voulez faire pour le mieux, mais attention aux limites. Moi, je sais que je ne serais pas capable de supporter des petits toute la journée, je suis plus à l'aise dans mon boulot de secrétariat. Chacun son truc ! Nous sommes perfectibles, certes, mais attention à ne pas vouloir être trop parfait. c'est humainement impossible à mon sens. Je crois que vous êtes croyante, et il me semble que seul Dieu est parfait, non ???

Portrait de yamina.174

Les personnes fragiles dont vous vous occupez bénévolement présentent la particularité - sans aucune exception - de chercher inconsciemment à mettre les gens responsables en échec. C'est le seul moyen qu'elles ont de se déculpabiliser de leur désocialisation plus ou moins avancée et marquée. Ceci n'a donc rien à voir avec votre manque de confiance en vous. En fait, c'est ce que ces déficients psychologiques ont projeté négativement sur vous qui a entraîné votre malaise. Pour vous protéger dorénavant de leurs mécanismes de défense qui peuvent être redoutables, n'optimisez pas le lien qui vous unit à eux. Vous ouvririez à nouveau aux loups la bergerie... Prenez l'habitude de mettre une juste distance entre vous et eux et surtout pas de séduction, ce qui les infantiliserait encore davantage et les rendrait plus agressifs. Pour éviter au maximum les mauvais transferts dans une cure analytique, cette distance (" neutralité bienveillante " selon Sigmund Freud) reste de mise : ni sympathie, ni antipathie et surtout pas cette fameuse empathie dont on nous rebat les oreilles depuis quelques années et qui est absolument irréalisable ! Car comment se mettre à la place de ce qu'on n'éprouve pas soi-même ? Même deux malades souffrant de la même pathologie ne ressentent pas les mêmes choses, psychologiquement et physiquement... Alors, qu'on arrête de nous bassiner avec ce leurre faussement complaisant...

Portrait de Sofia M

Je suis d'accord avec tout ce qui a été dit car il ne s'agirait pas, Mireille-cogolin, que vous déplaciez la problématique de ces malades sur vous et que vous la fassiez vôtre...

En fait, je me permettrai de rajouter qu'il ne faut rien " attendre " de ces personnes déficientes, ni dans un sens de progrès, ni dans un sens de régression... En acceptant d'exposer leurs peintures, elles font voir qu'elles cherchent à sortir de l'enfer dans lequel elles sont tombées mais ce n'est pas " bien " : c'est simplement leur histoire. Ne vous appropriez donc ni leur modeste évolution, ni les conséquences négatives de leurs failles toujours tangibles... Elles le ressentiront et vous pourrez assurer (et non assumer : la nuance est importante) votre poste de bénévole en adéquation avec ce que ce statut requiert... 

Portrait de Amélie

Comme j'aime beaucoup les échanges que vos questions amènent, je lis souvent, mais n'ose pas toujours m'exprimer sur vos questions Mireille. Et bien que je sois tout à fait incapable d'expliquer comme Yamina, en vous lisant, je me suis fait la réflexion qu'en fait, et même si quand même différent bien sûr... C'est aussi ce que vous "montre" votre soeur... Et sa "fragilité" à elle, n'a rien à voir avec vous... La méchanceté que certains nous "déverse", à un moment donné, peut être là juste pour nous montrer que nous avons à faire attention à nous... je le dis à ma façon, et c'est loin d'être aussi "construit" que Yamina ! Amitiés Mireille

Portrait de Orlan

Non pas que mon ado paresseux (je parle de mon fils...) soit en voie de désocialisation mais vos commentaires m'ont ouvert les yeux : ne rien attendre (de lui), je l'avais déjà compris grâce à d'autres posts, mais la révélation de ce matin pour moi, c'est le fait de ne M'APPROPRIER ni les bons résultats de mon gamin, ni les mauvais... C'est vrai que même s'il est mineur, ses résultats scolaires appartiennent à SON histoire et non à la mienne...

Merci pour ce message extrêmement important pour moi car si intellectuellement je croyais avoir compris, en pratique je ne l'avais pas " entendu "...

Tous ces forums me font mûrir dans le bon sens et je peux " assurer " qu'aujourd'hui, j'ai bien intégré la nuance... D'autant que si la trajectoire de vie de mon fils ne passe pas par de longues études, ce n'est pas moi qui pourrai changer quoi que ce soit à sa destinée... Ce que me répète ma femme à longueur de temps et à juste titre... Je vais essayer dorénavant d'être un peu moins dur de la feuille ! Psychologiquement s'entend ! 

Portrait de Viviane

Ce que vous dites Orlan me parle bien ! J'avais bien compris je crois, que c'est son histoire si mon plus jeune fils, "ado paresseux" lui aussi... n'est pas fort motivé au vue des résultats... mais je crois que je continuais encore "à m'approprier ses résultats" y compris, histoire de bien me mettre en culpabilité encore, sur des "justifications" au père de mon fils... qu'il ne me demande d'ailleurs pas... et quand bien même, ce serait le cas... il faut que j'arrête de me sentir coupable pour des "manquements" qui ne sont pas les miens...

Portrait de Mireille-cogolin

Une fois de plus je m'étais égarée.

Par contre, ce que vous m'avez conseillé par rapport à l'importance de la distance, je vais y travailler car je sens bien que certains participants profitent un peu trop de ma gentillesse et exagèrent.

Je voulais vous dire aussi que vos commentaires m'ont bien calmée et que je redors très bien.

Merci beaucoup pour votre compréhension. Je sais que je suis très pénible mais je viens très souvent parce que  vos avis me font énormément de bien... Et puis ils me font avancer également, même si je n'en donne pas toujours l'impression...

Portrait de M.Christine

Mireille et Orlan, c'est un peu le même problème . Et c'est celui que nous avons tous un jour ou l'autre : attente, désir, impatience . Nous voulons que les choses se passent d'une certaine manière ... Résultat, nous obtenons l'effet inverse . Si par exemple nous avons peur qu'une chose se passe d'une certaine manière, l'univers reçoit notre message, mais, selon la loi d'attraction qui est basée sur des énergies neutres, il ne tient pas compte des émotions, il ne perçoit que les faits : cela va se passer de telle façon (c'est-à-dire mal) . Il répond donc à ce que nous émettons . Bien évidemment, si nous prenons du recul, nous dédramatisons et devenons plus optimistes, ou au moins plus neutres .

Vu d'une autre manière, il y a une espèce de phénomène qui fait que le désir trop insistant d'une personne va déclencher l'effet inverse chez l'autre personne . Si nous exigeons trop de quelqu'un (même intérieurement), il va sentir la pression et se décourager, se dire qu'il ne pourra jamais être à la hauteur de ce qu'on attend de lui . Si il sent qu'on lui fait confiance, il va avoir envie d'agir, de progresser, de se dépasser .

Faire confiance à l'autre, c'est penser qu'il est capable, c'est le laisser libre de faire ses erreurs et d'avoir ses réussites personnelles . Ne pas faire confiance à l'autre, c'est avoir peur pour lui parce qu'on a peur pour soi . On veut souvent aider l'autre pour s'aider soi-même, pour se rassurer . Si on creuse un peu, c'est sans doute quand l'autre nous renvoie en miroir notre état intérieur de faiblesse . Peut-être, Mireille, que vous vous sentez handicapée quelque part . Peut-être, Orlan, vous sentez-vous paresseux quelque part . Et c'est assez insupportable de se voir dévoilé comme dans un miroir en face de soi . C'est plus pratique quand ça reste caché à l'intérieur . Bon allez, j'arrête de jouer les psys ! Mais tout cela me rappelle beaucoup mon expérience personnelle aussi .

Portrait de Orlan

En fait M. Christine vous avez appuyé où il fallait !

Il se trouve qu'à l'inverse de mon fils, j'ai fait de très bonnes études. Mais j'ai beaucoup travaillé par obligation car je ne voulais pas ressembler professionnellement à mes parents... En revanche, je me suis organisé dans mon job pour qu'il marche très bien mais en m'investissant avec efficacité sans perte de temps... Je sais qu'au fond de moi je suis paresseux ! Vous avez tout juste !!!

Portrait de M.Christine

Je crois que c'est dans la nature humaine d'être paresseux, au fond . Qui n'a pas envie de se laisser vivre, les doigts en éventail au soleil ? Et chacun réagit à sa manière : inertie, hyperactivité, procrastination, insouciance ...