Je lisais ce marin un passage de la Bible. Plus précisément la lecture du livre de Ben Sirac le Sage.
J'ai relié quelques lignes de cet extrait à la culpabilité. Le voici :
> " La prière du pauvre traverse les nuées ; tant qu'elle n'a pas atteint son but, il demeure inconsolable. Il ne s'arrête pas avant que le Très-Haut ait jeté les yeux sur lui, prononcé en faveur des justes et rendu justice "...
Plusieurs questions ont émergé de cet extrait :
. Quelle est la différence entre culpabilité et sentiment de culpabilité ?
. Tant que (et si) la prière du pauvre n'atteint pas son but, est-ce dû à de la culpabilité ou à un sentiment de culpabilité qui fait obstacle à la réalisation de son désir ?
. Est-ce que cette résistance est liée à l'angoisse (de castration ???) par rapport au " Très-Haut ", donc au Père, et de fait au père ?
Ces interrogations et leurs réponses possibles me semblent très importantes parce qu'il est possible que se situe là la clé pour s'autoriser à réussir, jusque dans la levée de la résistance incompréhensible humainement quant aux prières que des croyants peuvent adresser au Seigneur avec une grande sincérité...
Cécile
Des questions qui me font réfléchir
Bonsoir Cricri,
J'ai pris connaissance de vos questions inspirées par la Bible. J'avoue qu'elle ne sont pas faciles. Mais elles me font réfléchir.
La Bible s'articule, à mon sens, dès le début, sur la notion de culpabilité. Ayant eu une éducation religieuse, on m'a toujours appris que l'Homme était marqué par le péché originel. Nous aurions donc en héritage une sacrée faute à assumer. Laquelle ? A priori, la désobeissance de nos premiers parents, Adam et Eve. Enfant, ce " sentiment " de culpabilité inculqué par les clercs religieux, je le prenais à mon compte en essayant de trouver des fautes à raconter au curé à confesse. Pour ma pénitence, on me donnait alors quelques prières à réciter. Et c'est vrai que paradoxalement, je me sentais plus légère, pardonnée comme par magie...
Mon grand-père maternel étant communiste, j'ai été térrifié lorsqu'un dimanche, à la messe, le curé a fait un sermon à l'encontre d'un élu communiste de ma ville décédé et ayant logiquement refusé des obsèques religieuses. Selon lui, il allait brûler dans les flammes de l'enfer...
Plus tard, bien plus tard, j'ai appris que " péché " signifiait " manquer la cible ". Ce qui me renvoie à l'expression " tant qu'elle n'a pas atteint son but ".
A votre première question (différence entre sentiment de culpabilité et culpabilité), je dirais que le sentiment de culpabilité serait liée à une inquiétude où une angoisse par rapport à une faute que nous n'aurions pas directement commise mais que nous avons reçu en héritage de la filiation. Quant à la culpabilité, elle serait liée à la prise de conscience d'une erreur ou d'un manquement objectif vis-à-vis de quelqu'un. un principe de réalité en quelque sorte.
Pour les deux autres questions, c'est beaucoup plus difficile pour moi. Je vais continuer à y travailler en espérant que des apports psychologiques et ontologiques soient proposés par d'autres foromers plus pointus que moi dans cette réflexion...
Orlan
La Bible de la... psychologie !
Je suis d'accord avec la réponse qu'a faite Cécile sur la différence entre culpabilité et sentiment de culpabilité mais il est vrai que si votre post est particulièrement intéressant, il requiert des compétences que je n'ai pas. Toutefois, pour faire un peu avancer la discussion, qui, encore une fois, est hautement réflexive, je vais apporter ma pierre à l'édifice de façon humaine et un peu en lien avec une formation en Analyse transactionnelle que j'ai reçue. À ce sujet, je le reprécise souvent dans les commentaires pour qu'il n'y ait pas méprise et qu'on ne me prenne par pour un psy que je ne suis donc pas ! J'essaierai aussi prudemment d'y ajouter un peu de spirituel avec ce que je ressens au fond de moi...
À la deuxième question que vous posez, je répondrais plutôt que c'est le sentiment de culpabilité qui fait obstacle car la culpabilité appartient au registre de la réalité, tandis que le sentiment de culpabilité est du fantasme pur et dur. Or, si Dieu existe, Il ne peut accepter une prière que si elle est mue par la vérité... Finalement, le Seigneur nous offrirait, selon ce raisonnement certes tout personnel, l'opportunité de nous débarrasser de ce qui ne nous appartient pas et d'évoluer au nom du vrai self, comme disent les psys... Une sorte d'analyse ou, même mieux, d'autoanalyse qui pousse à s'interroger : " Pourquoi ma prière, pourtant légitime dans son apparence, n'aboutit-elle pas ? "... Et de question en autoquestionnement, le principe de centration peut nous amener à saisir, peut-être même qu'intérieurement d'ailleurs, mais pourquoi pas ? - que prier pour que le résusltat tant attendu soit, il est indispensable avant tout de s'autodépolluer psychiquement...
À la troisième question, je répondrais assez facilement que, oui, une angoisse de castration peut gêner dans l'obtention de la libération d'un problème pour lequel on prie. Effectivement, si la relation sur Terre à notre père, notre paternel, n'est pas bonne, une porte se bloque inconsciemment. Le sentiment de culpabilité peut s'emparer de ce processus négatif : " Je n'apprécie pas les comportements de mon père vis-à-vis de moi. Or, n'ayant pas à le juger, je n'ai rien à lui demander... Si je lui demande d'être heureux (par exemple), il va projeter sur moi ses foudres et la punition du non-exaucement de ma requête va s'abattre et, par la même occasion, " m'abattre "... D'autre part, spirituellement parlant, Dieu ne veut pas que nous ayions peur. Ainsi, tant que nous avons peur à l'intérieur de nous, aucune prière ne peut aboutir...
En écrivant mon commentaire, je retrouve décidément tous les grands axes que la psychologie propose pour nous sortir des pièges que nous fabriquons tout seuls et dans lesquels nous tombons allègrement avec, fréquemment, une difficulté immense à nous en sortir...
Isabelle
Ne plus avoir peur
Comme toujours, vos questions Mireille-cogolin permettent une réflexion importante... Ce sentiment de culpabilité me tarode encore... Je sais à titre personnel, que je maintiens au fond de moi, cette peur de "trahir" le père... je reste encore sur un interdit, parce qu'il y a encore une part d'idéalisation du père pour au bout du compte mieux masquer ma colère et ma peur... Et c'est sûr, qu'en définitive, comment Dieu pourrait entendre mes prières, puisque fondamentalement je n'ai pas "confiance en Lui"... Ce que dit Orlan d'ailleurs, plus précisément ce terme "m'abattre" fait tout autant écho dans mon histoire... Quelquefois, intérieurement, en priant, je me surprend à penser "Dieu m'entends-tu ?"... Mais en définitive, cette question me concerne, pour que je m'entende moi-même déjà... car il y a quand même en moi, aussi... cette certitude que Dieu nous Aime pour ce que nous sommes sans jugement... C'est moi qui reste dans un "juge-ment"...
Mireille-cogolin
Je ne suis que moi !
Cette question passionnante, Isabelle, n'est pas de moi mais de Cricri !
Je le précise pour ne pas usurper une identité...
Isabelle
Etre attentive...
Toutes mes excuses à vous Mireille-cogolin et aussi à Cricri ! Mon inattention n'a pas d'excuse... si ce n'est, comme vous le soulignez gentiment, qu'il s'agirait pour moi d'être bien plus attentive aussi aux schémas identificatoires qui me concerne... et bien m'inscrire dans ce "je ne suis que moi" dans le sens de sortir de mes peurs, y compris pour ne plus "m'identifier à l'agresseur"... Merci !
Juliette
Prendre des vacances... de moi-même !
Je pense être directement concernée par ce sujet, disons que je nage en plein dedans !
Je prie pour avancer professionnellement et rien ne se passe. Et même pire, je me punis en attirant des paiements importants (Taxes, impôts...) alors que ces derniers temps j'avais avancé, tout de même. Je sentais qu'il y avait quelque chose qui bloquait et que ça venait de moi.
En vous lisant, j'ai compris, enfin je crois (aussi !). Mon sentiment de culpabilité (sentiment car c'est un fantasme) m'a fait développer une psychorigidité qui m'empêche de me réaliser pleinement. Chaque fois que j'arrive à un certain niveau de revenu financier, je me rends compte (c'est le cas de le dire) que je mets en place, inconsciemment, un processus qui vient me limiter, voire me faire régresser.
Ne pas dépasser qui ?...le père, puisqu'il s'agit de l'extérieur. C'est donc bien une angoisse de castration et comme vous le dites, Cricri, le père, le Père...le "Très-Haut", je peux prier tant que je veux, je dois d'abord régler ma problématique. Régler... Il se trouve que depuis 2 jours, j'ai des règles douloureuses (désolée pour cette confidence, mais je pense que cette somatisation est en lien). J'arrive à un stade où ma psychorigidité devient douloureuse et m'empêche de me réaliser. Il est temps de m'assouplir.
Pas de hasard, ce matin, je lisais un article sur la culpabilité de Signes et sens - " Sortir de la culpabilité " - et j'ai relevé ce passage : " Comme l'explique Windy Driden, auteur de " Se libérer de la culpabilité ", publié aux Editions Leduc.s, la culpabilité trouve son fondement dans la philosophie suivante " je ne dois sous aucun prétexte enfeindre les règles que je me suis fixées. Si je le fais, gare à moi. Ce sera terrible. Ce sera insupportable pour moi et je serai immédiatement pécheur et mauvais. "
Je pense que Dieu ne peut répondre favorablement à une prière qui est chargée d'un conflit interne car, Dieu n'est qu'amour, et ne peut faire grossir ce conflit interne qui engendre autopunition. Il est donc nécessaire de régler le conflit par l'auto-analyse pour que la prière puisse être accomplie sans risque d'autopunition.
Comme souvent, ce matin, j'ouvre au hasard le livre "Affirmer sa sagesse divine " du Dr Emmet Fox et j'accède à Reposez-vous un peu de vous-même (page 102) où il parle, entre autre, d'arrêter la condamnation de soi-même.
Il finit par : " Prenez des vacances qui vous reposent de vous-même, et il est possible que ce changement vous paraisse si agréable qu'il devienne permanent "
L'été arrive et j'ai trouvé mes vacances... je vais me reposer de moi-même !
cricri
Une confirmation dont j'avais besoin
Vos réponses me confortent dans l'intérêt de se débarrasser d'angoisses irrationnelles plutôt que d'accuser l'Univers de la responsabilité de tous nos maux...
N'étant pas psy, j'ai toujours peur (une de plus !) de théoriser bêtement... C'est pour cette raison que je reviens vous solliciter régulièrement...
Merci de vos nombreux apports qui, depuis plus d'un an maintenant, m'ont sacrément fait avancer psychologiquement et spirituellement... J'essaie de renvoyer l'ascenseur, certes modestement et avec mes expériences de vie, dans ces forums qui sont une manne pour évoluer plus sereinement au nom de la sincérité et de la Vérité...