Mon père m'a appris qu'il avait une maîtresse

Portrait de Angie

Bonjour

Je connais ce site depuis plusieurs mois en tant que lectrice mais je suis nouvelle en tant que foromer et je m'excuse de commencer à venir y participer avec un problème personnel.

J'ai un père (notaire, famille de notaires) un peu " spécial " qui, quand j'avais une douzaine d'années, s'est mis à avoir la main baladeuse avec moi  (je suis enfant unique). Rien de plus mais ne voulant pas en parler à ma mère (issue d'un milieu ouvrier et qui n'a pas fait d'études), j'ai demandé à aller en pension au prétexte de mieux travailler. Mes parents ont accepté et quand je venais le week-end et aux vacances, je m'arrangeais toujours pour ne pas être seule avec lui. Je n'ai pas été perturbée dans mes études, j'ai fait pharmacie et j'ai pu acheter une officine grâce à la situation financière de mon père.

C'est un homme mielleux que je n'apprécie pas vraiment. 

J'habite en région parisienne et quand il quitte sa province natale pour venir à Paris, il fait un détour et passe me voir. Ou plutôt : il passait me voit... Il a estompé ses visites chez moi, sans que je comprenne mais au fond  cette distension relationnelle m'arrangeait. Lundi, il m'a annoncé sa venue pour ce mardi (hier) et il m'a invitée à dejeuner seule (je suis mariée et maman). Il a beaucoup insisté pour que je vienne seule. J'ai compris qu'il avait quelque chose d'important à me dire et je me suis inquiétée, allant jusqu'à imaginer que ma mère était gravement malade ou lui... Rien de tout cela et tant mieux mais il m'a annoncé qu'il avait une maîtresse, que c'était une clerc de notaire de l'étude, " très bien mais de 20 ans de moins que lui " ! J'ai cru que le ciel allait me tomber sur la tête... Connaissant personnellement la direction de l'établissement dans lequel nous étions, je suis restée à table mais je n'avais qu'une envie c'est de foutre le camp et de le planter là. Je n'ai plus parler... Quand nous sommes partis et comme si ça ne suffisait pas, il m'a " confié " qu'il envisageait de divorcer !

Je n'ai rien raconté de tout celà à mon mari. Les confidences glauques de mon père m'ont déclenché des maux d'estomac importants. Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit.

Je ne sais pas pourquoi une fois de plus mon père me martyrise. Mais pour qui me prend-il ? Que dois-je faire ? Dois-je en parler à ma mère ? Comment me comporter dorénavant avec mon père ? Je suis abasourdie et complètement perdue. Merci pour votre soutien, vos conseils et votre compréhension.

Angie

Portrait de sandrounette

Bonjour Angie.

Il y a plusieurs choses dans votre témoignage.

Premièrement le fait que votre père vous a touché s'appelle de l'inceste.

Ensuite il n'avait pas a vous anoncer qu'il avait une maitresse et qu'il allait divorcer. C'est a votre mère qu'il aurait dû anoncer celà. Ensuite une fois le divorce prononcé il peut après un certain temps parler puis présenter sa nouvelle compagne.

Votre père est malsain. C'est normal que vous soyez mal a l'aise, il vous a mis dans une posture de confidente alors même qu'il s'agit de votre propre mère. Celà gènère un conflit de loyauté en vous.

Desormais refusez tout rendez-vous en tête a tête avec lui. C'est un pervers qui ne cherche qu'à vous détruire. Ensuite vous pouvez lui écrire une lettre pour lui signifier que vous n'apréciez pas qu'il se confie a vous de cette manière et que désormais il est hors de question que vous écoutiez ce qu'il a a dire.

Le pervers narcissique rend mal a l'aise, il nous fait faire des choses qu'on aurait jamais faites.

Il semble que pour votre mère ce soit une bonne nouvelle d'après le personnage que vous avez dépeint.

Bon courage et avec toute mon amitié

Sandrounette

Portrait de Angie

Je vous remercie pour votre réponse Sandrounette mais, même si j'ai pris un coup sur la tête, je ne suis pas complètement ignare ! D'une part mon niveau d'études m'a conduite à savoir ce qu'est un inceste. D'autre part mes études de pharmacie m'ont appris ce qu'est un pervers narcissique. J'en profite donc pour vous dire que mon père n'est pas un pervers narcissique : il n'est jamais intervenu dans mes choix amoureux, il ne m'a jamais isolée, il n'a jamais barricadé ma mère, il n'a jamais coupé personne de personne...

Ma question consiste à savoir pourquoi il éprouve le besoin de projeter sur moi cette trahison ?

Portrait de Amélie

En lisant votre post Angie, ce que je ferais moi, c'est déjà que je parlerais de tout celà avec mon mari... Après tout, votre mari de par le fait même qu'il l'est, et également parce qu'il est aussi le père de vos enfants, je suppose... et que c'est aussi un homme... Votre mari c'est donc aussi la loi pour vous ce qui vous permettrait peut-être une sorte d'équilibre avec votre père. Parce que votre père vous transforme en otage. Mais ce n'est que mon avis !

Portrait de Angie

J'ai réfléchi à votre réponse Amélie. Elle me donne le coup de booster nécessaire pour parler à mon mari des frasques de mon père. Ce que je vais faire ce week-end où nous serons plus tranquilles pour échanger sur ce sujet qui m'inquiète énormément par rapport à ma mère. En plus mon mari est un homme neutre et qui prend toujours le recul nécessaire devant une problèmatique compliquée. En même temps j'aimerais savoir pourquoi mon père me prend maintenant pour sa psy ? J'ai l'impression que ça me ferait avancer de comprendre.

Portrait de Sofia M

Votre père semble depuis longtemps vous confondre inconsciemment avec son épouse d'avant votre naissance.

En ce qui concerne ses agissements incestueux vis-à-vis de vous, ils traduisent le fait - ce qui n'est pas une excuse bien entendu -, et contrairement à des idées reçues, que la maternité de sa femme, qui l'a donc transformée en mère, ait fait jaillir un interdit : on ne couche pas avec sa mère ! Ce qui peut signifier qu'à partir de votre naissance, la sexualité de vos parents n'ait quasiment plus existé. Il existe d'ailleurs des hommes qui, dans ce contexte, deviennent impuissants psychiques avec leur femme et non avec une " maîtresse " ! Ils déplacent leur non-résolution d'Œdipe sur une femme qui n'est pas mère, en règle générale, tout en continuant à vouloir transgresser l'Œdipe : la maîtresse, dans le fantasme, peut renvoyer aussi à la maîtresse d'école...

La maîtresse de votre père confirmerait ce processus compte tenu de la différence d'âge.

En résumé, la confidence de votre père va dans le sens du fait qu'il est dans une confusion totale puisqu'en vous avouant sa faute (sa liaison), il fantasme annoncer à son épouse réelle (la sienne) - devenue mère - qu'il veut la quitter (toujours le même raisonnement) parce qu'on ne couche avec la mère... C'est comme s'il la punissait en plus d'avoir été mère...  En fait, si cet homme s'était autorisé à divorcer dès qu'il a vu que son couple ne fonctionnait plus (à partir donc de votre venue au monde), il n'y aurait pas eu les attouchements qui ont laissé une empreinte culpabilisante chez vous car l'inconscient de toute personne incestée se vit responsable de cette situation traumatisante (pour les deux membres de ce binôme douloureux d'ailleurs). Il est arrivé à vous prendre comme bouc émissaire sachant justement qu'il atteindrait votre culpabilité...

Je rajouterai que cette liaison qu'il a mise en place avec cette clerc de notaire (" clair(e) de no-taire ") doit sûrement calmer ses élans incestueux et ça peut être une relation qui l'équilibre. Quant à votre mère, je ne suis pas sûre qu'elle ait été très attentive au désarroi sexuel de votre père, préférant certainement supporter un désert relationnel dans ce domaine-là plutôt que de quitter une place bien confortable... Elle a, de mon point de vue, une part énorme de responsabilité dans le drame de votre famille. Vous avez cherché à l'épargner, ce qui est compréhensible compte tenu - encore une fois - de la culpabilité que vous abritiez mais il serait temps, maintenant, que vous laissiez ce couple parental régler ses problèmes. Autrement dit, si votre père continue à vous prendre pour sa psy, dites-lui que ses histoires conjugales et extra-conjugales ne vous regardent pas et qu'il s'adresse à qui de " droit " : votre mère...

Portrait de Angie

Je suis venue sur ce forum au regard d'un apport psychologique et psychanalytique qui m'est apparu très sérieux dans beaucoup de commentaires..

Ce que j'attendais je crois au fond de moi c'est une réponse comme celle que vous avez développée Sofia M. Elle m'a permis de comprendre les attitudes discutables de mon père et peut-être vais-je pouvoir commencer à être en paix avec lui et avec moi ?

J'espère pouvoir venir discuter avec vous de temps en temps et, dans la mesure de mes compétences, essayer d'aider qui en aurait nécessité...

Merci de m'avoir accueillie.

Merci de votre gentillesse.

Angie

Portrait de Jean

Bonjour Angie,

Il est vrai que votre situation n'est pas confortable. Votre père ne semble pas à l'aise avec son histoire. J'ai l'impression qu'il vient projeter sur vous, comme vous le dites, son malaise. Comme vous êtes pharmacienne, il vous prend pour une psy aussi. Sauf que vous n'êtes pas sa thérapeute. Je pense aussi qu'en parler à votre mari va vous permettre de " trianguler " comme disent mes amis psys, et de sortir de ce binôme père/fille ambivalent. Ses relations amoureuses (avec votre mère-y compris) sont basés sur du "dominant-dominé ", la situation sociale et l'argent faisant  " office " d'une sorte de pouvoir. Cette famille de notaire , vous semblez en être sortie, ce qui n'est pas son cas. Peut-être y a t-il  un non-dit transgénérationnel cachant des amours ancillaires, mais ce n'est qu'une hypothèse. Des amours ancillaires sont des relations amoureuses entre maître de maison et personnel (employé de maison). Ce qui pourrait expliquer qu'il s'est marié avec votre mère, qui n'a pas fait d'études. Vous êtes  sortie de ce shéma qui tourne en rond et il doit le percevoir inconsciemment. Je crois que vous avez certainement quelque chose à dire. Mais je ne me risquerai pas à vous dire quoi ni comment, n'étant pas psy et ne voulant pas faire de l'analyse sauvage... Voilà mon point de vue mais à ne surtout pas prendre à la lettre. D'autres foromers beaucoup plus compétents que moi pourront certainement corriger mes erreurs d'appréciation, au cas où, de manière à vous guider sur la plus juste voie possible. Amitiés foromeuses !

Portrait de Isabelle

Bonjour Angie. J'espère ne pas vous dire trop de bêtises, mais comme je vois que les réponses tardent à venir, je me lance... Vous savez sans doute que pour chacun d'entre nous, la profession que nous exerçons n'est pas le fruit du hasard... S'il paraît un peu facile dans votre cas, de voir du côté "notaire, famille de notaires", ce qui a attiré mon attention cependant, c'est le fait qu'il y a comme une "insistance" à mettre en lien, dans la mesure ou vous avez une officine de par votre profession de pharmacienne, et que l'on parle d'un "office" notarial... Un autre élément me semble également à prendre en compte... le fait que l'union de vos parents "montre" une "mésalliance" par la différence de milieu social... qu'il est possible de "vérifier" avec "office" qui pourrait dans ce cas, renvoyer aux lieux réservés aux "personnels, serviteurs" des maisons dites "aisées"... Et votre famille paternelle est une famille aisée sans doute. D'autres éléments me semblent également importants : le notaire s'occupe plus particulièrement des successions, donc d'héritage (mais "notaire" peut être entendu comme "non-dit") et votre profession de pharmacienne implique bien évidemment le fait de soigner en vendant des médicaments (mais que l'on peut aussi entendre comme "caché"), y compris que "soigner" peut induire également "réparer" en quelque sorte... Cette idée de distance géographique et autant que le fait que vous ayez été pensionnaire plus jeune peut-être une indication en prendre en compte d'autant que vous exprimant très bien par écrit, une petite phrase souligne un lapsus calami "Ou plutôt : il passait me voit..." l'idée que c'est sur un non-dit, il y en a dans toute histoire familiale... Connaissez-vous votre histoire familiale ? Et sinon, y-a-t-il, un parent côté paternel à qui vous pourriez poser des questions ? J'espère encore une fois, n'avoir pas trop dit de bêtises...