Bonjour à toutes et à tous,
Je découvre ce site avec grand plaisir, étant attirée par la psychanalyse, et je me permets de vous soumettre ma problématique.
Je vis avec un homme depuis plusieurs années et nous avons une fille de 2 ans. Notre couple va "normalement" bien, nous nous remettons de l'arrivée d'un enfant, doucement. Mon compagnon est stable financièrement et professionnellement, et je me sens en sécurité à ses côtés. Du moins, consciemment ! Mais dès que nous nous disputons, j'envisage le pire. Je me vois mère célibataire et seule. J'ai le sentiment qu'il s'agit là d'une protection, d'une défense mais je n'arrive pas à la lâcher...mon compagnon en souffre aussi parce qu'il le ressent, parfois.
Sans être passéiste, j'ai du mal à renoncer. A choisir. Le choix de la vie de famille me convient mais j'ai du mal à m'ancrer pleinement dans le présent. Lorsque je pense à ma vie "d'avant", je suis un peu nostalgique. Comme si j'étais éternellement insatisfaite..
Sauriez-vous me donner quelques pistes de réflexion à ce sujet ? D'avance merci
Réponse Psy
La reconnaissance avant tout
Bienvenue à vous Lavida
Vivre au présent est certainement un des plus grands défis pour l'être humain qui a la capacité à retourner dans le passé (ce qui ne sert plus à grand-chose !) et à se projeter dans un futur improbable par essence. C'est ainsi que nous fabriquons et fortifions notre instabilité (tout aussi refoulée soit-elle) et donc nos névroses ! Ces mécanismes reposent sur des points de fixation infantiles qui restent bien ancrés et ce, d'autant plus qu'ils abritent une part d'idéalisation...
En vous lisant, il est bien évident que vous faites partie des couples plutôt heureux mais n'y aurait-il pas en vous une culpabilité bien verrouillée qui vous interdirait le bonheur ? Très souvent, cette culpabilité remonte à l'enfance si le couple parental ne s'entendait pas, combien même ce désaccord était-il caché plus ou moins habilement, ou n'existait pas (mère célibataire, divorce, veuvage).
Pour essayer de vivre dans le présent, il faut véritablement avoir conscience que les aspects positifs de l'existence ont une durée de vie limitée. Notre corps, avec nos simples bobos ou maladies plus sérieuses, nous le signale sans arrêt. C'est le concept d'impermanence cher au bouddhiste qui est un rappel à l'ordre salvateur. Nous vieillissons et nous n'y pouvons rien. Il faut savourer au jour le jour les aspects positifs de votre famille car ils se transformeront inexorablement, tout comme - et c'est heureux - votre petite fille grandit et vous échappera un jour pour assumer ce qu'elle a à accomplir en fonction de sa personnalité et de son propre chemin. Appréciez ici et maintenant, dans ses moindres détails, ce que vous offre votre quotidien, notez-les s'il le faut. Cette bonne habitude permet d'être reconnaissant des nombreux cadeaux de l'existence que nous ignorons trop souvent.
Gilbert. R. Psy...
Je confirme :-)
Je confirme bien évidemment tout ce que vient de dire " Réponse Psy " et n'y rajouterai rien de plus que cette exhortation à porter votre attention sur les aspects positifs de votre existence, Lavida. D'ailleurs vous avez déjà commencé en choisissant votre pseudo... " Lavida "... Il y a vie ? esta la vida... Je suis nul en traduction mais peut-être quequ'un est-il meilleur en langue étrangère que moi ? Qu'elle ou il s'exprime !
Lavida
Les bases passées du présent..
Bonjour Réponse-Psy, Gilbert
Merci infiniment pour vos réponses.
En effet, je vois là des liens avec mon histoire.. Mes parents se sont séparés officiellement lorsque j'ai eu 18 ans, profitant d'un déménagement pour nous annoncer la fin de la vie de famille. Mais avant cette rupture annoncée, mes parents faisaient chambre à part et vivaient leur vie chacun de leur côté, depuis plusieurs années déjà. Ce qui me semblait être "normal". Je ne l'ai jamais questionné. Néanmoins, ils ne se disputaient pas, la maison était relativement "harmonieuse" dans cet état de cohabitation tacite. D'ailleurs, aujourd'hui, ils s'entendent toujours très bien.
Mais en effet, j'ai dû construire mes identifications là-dessus, j'imagine.. ce qui expliquerait pas mal de relations "impossibles" que j'ai vécu depuis, et jusqu'à mon compagnon actuel.
Aussi, je n'arrive pas à perdre le poids de ma grossesse, est-ce que cela peut également être dû à une fixation similaire ?
Merci encore !
Réponse Psy
Comment vivre dans le présent ?
Effectivement et très probablement, Lavida, tout laisse à penser - au regard de la relation de couple de vos parents telle que vous la relatez - que vos kilos grossesse correspondent et sont " fixés " à un scénario de votre enfance : rester fantasmatiquement enceinte (les kilos gardés) peut ramener l'inconscient à votre propre conception et gestation, à une époque où vous sentiez que vos parents vivaient leur histoire d'amour avec un grand A... Ce qui correspond à un processus confusionnel d'identification à votre mère enceinte et donc de déculpabilisation, mais aussi à un besoin de votre part d'être aimée : porté par sa génitrice, l'enfant bénéficie de toutes les attentions, y compris paternelles, le bébé étant désiré (quelle que soit la situation conjugale à ce moment-là car, comme le disait Françoise Dolto, pour que cette étincelle de vie ait pris il fallait bien qu'il y ait eu une forme d'amour entre l'homme et la femme) et attendu...