Que faire pour "aider" ma voisine qui déprime ?

Portrait de Pauline

Je viens souvent depuis plusieurs mois déjà, dire mon expérience quand je pense que ça peut être utile à quelqu'un... je viens aujourd'hui demander de l'aide aux foromers, mais pas pour moi directement. J'ai des voisins que j'apprécie beaucoup depuis à peu près 5 ans. Un couple (la petite quarantaine) dont le mari a créé un laboratoire d'analyses dans la petite ville où nous habitons, qui gagne très bien sa vie. La jeune femme avec qui j'ai plus particulièrement sympathisée s'occupe de leurs deux enfants de 7 et 9 ans. A ma connaissance, et aussi parce qu'elle le dit elle-même, elle a tout pour être heureuse comme on dit... Pourtant, je vois bien, et on en discute ensemble quelquefois, qu'elle ne va pas bien depuis déjà plusieurs mois... Je précise que ce qui nous a sans doute rapprochée, c'est qu'elle a été orpheline de père à l'âge de 9 ans et je pense que son malaise grandissant vient peut-être de là. Qu'est-ce que vous en pensez et que puis-je faire pour "l'aider" ?

Portrait de Jean

Bonjour Pauline,

A la lecture de votre texte, je me demandai s'il n'existait pas un lien entre le fait que votre voisine ait été orpheline à l'âge de 9 ans et l'âge de son enfant âiné. Je ne suis pas un spécialiste mais cela ne réactiverait-il pas le traumatisme qu'elle a vécu à la perte de son père ? Mais peut-être a-t-elle déjà pris conscience de cela ? Sinon, ce pourrait être une piste de compréhension de ce mal-être depuis quelques mois ?

Portrait de Viviane

Comme le souligne Jean, il est possible que la perte de son père soit "réactivée" par le fait que son premier enfant ait l'âge actuel qu'elle avait à la mort de son père... Mais, et j'espère que je ne dis pas de bêtises... ce qui pourrait indiquer alors, qu'il y a peut-être pour elle, un deuil non fait ? Je pense que vous avez sûrement raison Pauline, c'est ce qui fait que vous avez sympathisé avec votre voisine... puisque je me souviens très bien, que vous avez été orpheline de vos deux parents très tôt vous aussi... Hors, je suppose que je ne vous apprendrez rien, en disant, que ces disparitions "prématurées" génèrent un "manque" qu'on ne peut jamais réellement "combler". Cette perte douloureuse entraîne, plus particulièrement une énorme culpabilité, qui sera d'autant plus "lourde" à gérer, en fonction de l'âge jeune de l'enfant. Car, c'est comme ça que l'enfant, l'ado jusqu'à environ 16 ans, se "vivra" : responsable de la mort du parent, parce que tout enfant, ado, "se vit responsable" des aspects négatifs, des "drames", dans la vie familiale... Et d'autant plus, qu'en général, la famille restante, prête rarement "cas" à l'enfant, pensant que parce qu'il est jeune, il "oubliera" plus facilement... ce qui pourrait expliquer que votre voisine/amie soit en "souffrance"... Comme une nécessité d'être écoutée maintenant...

Portrait de Jean

Effectivement, je ne me souvenais pas, Pauline, que vous aviez traversé cette épreuve douloureuse de la perte de vos parents. Il a été précisé dans une autre discussion, comme le fait Viviane, la banalisation de ce traumatisme lorsqu'on est encore un enfant. Je pense que le fait d'être en empathie, grâce à votre propre histoire, est déjà un atout pour votre voisine. Cela peut la rassurer de constater, que malgré tout, il est possible d'avancer. Quant à savoir ce que vous pouvez faire de manière pratique pour l'aider, je pense que des foromers plus qualifiés que moi viendront bientôt vous apporter leurs lumières.

Portrait de Isabelle

Je ne sais pas si je suis qualifiée Jean... mais je viens quand même répondre à Pauline. Pour continuer un peu ce qu'à développé Viviane... En restant sur l'idée qu'il s'agit pour votre voisine d'un deuil non fait, quant au décès de son père... Il est nécessaire de tenir compte du fait, que lorsqu'elle était enfant, et même si la plupart du temps l'enfant ne parle pas du disparu, par peur de "déranger, blesser" la mère en l'occurence, mais aussi la famille... l'inconscient de l'enfant "garde en mémoire" des tas d'informations en lien direct au parent disparu, qui restent "engrammées, imprimées". Souvent, le deuil n'étant pas fait par les vivants restants, l'inconscient va rester "fixé", attaché en quelque sorte, au traumatisme qu'à générer la mort, sans pouvoir s'en défaire, s'en détacher...

Mais Pauline, je crois moi aussi, qu'effectivement votre voisine vient aussi vous voir et discuter avec vous... Pour un peu "vérifier" qu'il est possible de "faire le deuil", autrement dit aussi, d'en faire quelque chose, sans mauvais jeu de mots, d'ailleurs vous y faites un peu allusion... Dans ce cas, ce qui pourrait peut-être l'aider un peu déjà, c'est qu'elle puisse "positiver" tout ce que la mort de son père a pourtant aussi générer pour elle, comme l'aspect "combativité" mais aussi écoute, compréhension par exemple... Un premier pas qui peut permettre de vérifier que contrairement à ce qu'elle pense d'elle-même peut-être, elle a des qualités bien réelles, mais qui jusque-là, ne sont pas véritablement "mises à profit" pour elle-même en tout premier lieu...

Portrait de Juliette

Je pense aussi que l'âge de son fils ainé de 9 ans vient réactiver la souffrance liée à la mort de son père. Etant la mère de cet enfant, je me demande si elle n'est pas en train de vivre ce qu'a vécu sa mère après la mort de son mari : une dépression liée au veuvage ?

 Si vous êtes assez proche d'elle, vous pourriez peut-être en parler avec elle.

Portrait de Pauline

Vos explications sont précieuses et je vous remercie pour autant d'attention. J'avais effectivement un peu "l'intuition" pour certaines choses que vous avez clairement expliquées. Comme je n'avais pas précisé pour les enfants de cette jeune femme que j'apprécie beaucoup... Je précise que l'enfant de 9 ans, est une fille et le second de 7 ans un garçon... Ce qui va, encore plus, puisque c'est une fille... dans le sens que sa fille la "renvoie" à ce qu'elle a vécu elle-même à l'âge de 9 ans. Je lui parlerai lorsque l'occasion se présentera de ce que vous avez mis en avant ici. D'autant que j'ai oublié de vous dire, qu'elle commence un peu à se demander si elle ne devrait pas aller voir un psy... Mais sans doute que ça n'est pas une obligation...

Portrait de Pauline

Je viens juste vous dire que j'ai discuté avec ma jeune voisine durant 1 heure... ce n'était pas prévu et je ne pensais pas que ce serait si vite... En tout cas, tout ça pour dire qu'elle en a beaucoup parlé avec son mari hier soir... et qu'en définitive, elle a pris un 1er rendez-vous avec un psy, avant de venir me voir... Surprenant !