Je me coupe tout le temps

Portrait de Sofy

Bonjour ! Je suis nouvelle ici et ce que je trouve fort intéressant sur ces forums, c'est que les sujets de discussions et les questions que les foromers posent sont très ouvertes et les réponses sérieuses, intelligentes et pratiques. J'apprécie beaucoup cette volonté d'un partage sain, équilibrant et enrichissant.

Ma question vous semblera peut-être un peu "bête", mais vu la fréquence à laquelle ça se reproduit, je suppose qu'il me faut comprendre quelque chose... mais quoi au juste ? Depuis très longtemps, je dirais depuis l'enfance, je me coupe sans arrêt, en particulier les doigts, mais pas seulement... Au point que mes collègues de bureau me "charie" un peu avec mes doigts "poupées"... ce qui en plus n'est pas toujours très pratique pour utiliser un clavier... Savez-vous pourquoi je me coupe tout le temps ?

J'occupe un poste de secrétariat dans une grosse enseigne de jardinerie. J'aurai 43 ans à la fin de l'année et suis mariée depuis 20 ans. Mon mari est chauffeur routier en nationnal. Nous avons un fils de 20 ans qui termine sa première année de BTS informatique.

Portrait de Isabelle

Bienvenue à vous Sofy. Vous avez raison je ne pense pas que se couper tout le temps soit anodin en soi. Et donc, elle n'est pas "bête" votre question. Peut-être que je me trompe... mais il me semble me souvenir, que le fait de se couper (à répétition) renvoie à l'éducation que nos parents nous ont donné, au bon sens du terme... mais qui cependant, selon la sensibilité de l'enfant, peut être reçue comme un peu "coupante" en quelque sorte. Ce qui peut alors se traduire dans la vie d'adulte par ce que vous expliquez (d'autant que les doigts "poupées", c'est une image un peu enfantine, comme vous l'exprimez)... mais pas seulement d'ailleurs... on le retrouve dans d'autres situations de tous les jours, auxquelles on peut être aussi moins attentif, comme par exemple, se faire couper la parole... ce qui d'ailleurs renvoie à l'éducation aussi... puisque c'est de la politesse, que nos parents nous ont appris... ce qui m'amène à vous poser une question. Etes-vous quelqu'un ayant une certaine assurance dans la vie, ou au contraire préférez-vous rester un peu en retrait ? Et laissez-vous facilement les "autres" prendre la parole, j'allais dire, à votre place... Si effectivement, vous êtes un peu "effacée"... prenez l'habitude de vous accordez un peu plus d'attention... "en faisant ce qui ne se fait pas", comme par exemple vous offrir un petit quelque chose qui vous fait vraiment plaisir, lorsque vous faites les courses, et à mettre toujours en priorité... Se prendre en compte, c'est aussi ne plus se couper de soi et de ses qualités... mais ce n'est que mon avis...

Portrait de Cécile. G.. Psychanalyste

Bonjour Sofy, et bienvenue sur le forum de Signes et Sens,

Comme le précise Isabelle, je vous rassure tout de suite, il n'y a pas de question "bête ". Toute interrogation est évolutive et utile aux internautes qui viennent régulièrement lire sur le forum et n'osent pas venir s'exprimer. 

La coupure symbolise, inconsciemment, le fait de vouloir se couper d'une situation fantasmée anxiogène. Cette situation fait écho au passé. En ce qui vous concerne, cela pourrait vous renvoyer à l'époque de la petite fille qui jouait avec ses " poupées ", une volonté inconsciente de revenir en amont d'un traumatisme. Vous avez attiré, inconsciemment, un mari qui fait de fréquentes coupures dans le rythme de la vie familiale, dûes à sa profession de routier. Il n'y a pas de hasard, cela peut renvoyer à un père fantasmé trop souvent absent et peu rassurant avec comme seul réconfort une régression vers le monde de l'enfance. Le travail devient alors compliqué car vécu inconsciemment comme étant ce qui coupe de l'autre. Votre fils aura fini ses études dans une année, et votre angoisse est que, par le travail, il se coupe de vous. Vos " poupées " vous empêchent de travailler et d'accéder au clavier, outil professionnel par excellence de votre fils.  

Le fait de venir en parler ici donne à voir la possibilité de mettre fin à ses actes manqués et de faire de ceux-ci, comme dirait Jacques Lacan, un discours réussi : conscientiser une angoisse liée au passé. 

Portrait de Sofy

Ces réponses me font réfléchir ! Il va falloir que j'y pense à fond encore... Mais déjà je crois que j'ai compris un peu ce que vous expliquez, à savoir que ma vie d'épouse et de mère aussi, et mon travail (où je me sens bien !) s'est évidemment organisée autour de la profession de mon mari, qui est souvent absent dans la semaine, selon la destination où il doit se rendre. Mais je croyais que ça ne posait pas de problèmes particuliers, puisque lorsque j'étais enfant, mon père était chauffeur routier, lui à l'international... et mon frère fait aussi ce métier ! Beaucoup de réflexions donc... En tout cas merci pour votre attention et je crois que je vais revenir souvent ici !