Comment aider les autres quand nous ne pouvons pas le faire pour nous ?

Bonjour Patricia B,

Heureux de vous retrouver sur ces forums. Je trouve, paradoxalement, que vous avez sacrément avancé. Je me souviens de posts, il y a quelques mois, qui étaient à peine compréhensibles. Votre expression écrite prouve que  votre persévérance a déjà donné des fruits. Il m'est arrivé, dans ma vie, de penser que tout allait mal mais mon psy savait que c'était un passage obligé. C'est un peu, puisque vous êtes croyante, comme si je devais porté ma croix comme Jésus (toute proportion gardée). Votre souffrance, comme celle du Christ, n'est pas vaine. Votre désir d'aider votre prochain réside justement là. Dans une discussion, il n'y a pas longtemps, quelqu'un témoignait qu'elle s'atait pris de sympathie avec quelqu'un qui avait perdu son père à l'âge de 9 ans. Je crois que cette personne a pu l'aider parcequ'elle-même avait perdu ses deux parents. Comment peut-on comprendre la souffrance si l'on n'a pas souffert soi-même. Il me semble que c'est pour cela que Jésus a accepté de donner sa vie. Non par masochisme, mais pour se rapprocher de la souffrance humaine. Patricia, en ce moment même (je suis croyant), Dieu est avec vous et vous soutient. Je suis persuadé que l'Esprit est présent sur ces forums. Je n'ai aucune recette, pardonnez-moi (je ne suis pas le Sauveur) mais je prie pour vous de tout mon coeur. Vous êtes une belle âme !

Amitiés sincères,

Jean

Hors de tout jugement Patricia B., le fait même de vous exprimer ici... c'est déjà une bonne façon de vous aider vous-même et aussi, sans le savoir (mais avons-nous besoin de le savoir...) vous permettez une "aide" à d'autres, qui n'osent peut-être pas "dire" ici... Et si vous permettez... Même si ça peut paraître facile de le dire ainsi... tant qu'on est en vie, nous avons du temps... C'est déjà un privilège... Quand je ne me sens pas très bien... Je pense à mon jeune frère... disparu à 11 ans... Et souvent, j'ai ce réflexe de me dire, qu'il aurait peut-être aimé en avoir du temps... Vous avez la foi et c'est un bien précieux. Courage !

Il n'y a pas besoin d'acter ostensiblement pour aider...

Je prends un exemple.

Je n'ai aucun problème professionnel ni financier. Quand il m'arrive de croiser un mendiant dans la rue, il me donne toujours la leçon dont j'ai besoin pour ne pas prendre le melon. Il me rappelle à l'ordre sans aucun discours : il me fait comprendre que ce n'est pas parce que je n'ai pas de problème matériel aujourd'hui que je n'en aurai pas demain... À ce moment-là, ce clochard devient mon maître à penser, à réfléchir. Il s'impose comme mon gourou (au sens originel et noble du terme). Dieu Se manifeste au travers de cet homme en difficulté pour me prévenir que rien n'est jamais acquis sur cette terre et que j'ai intérêt à bosser encore plus, à être davantage altruiste et à faire preuve de toujours plus d'humilité...

Tout à fait d'accord avec ce vous dites Orlan et Danièle-Dax. Il y très longtemps déjà, je me trouvais à Paris, pour 48 heures et raisons professionnelles. Le deuxième soir, en milieu de soirée, j'avais un train à prendre pour rentrer chez moi en Provence. J'étais très fatiguée, j'avais beaucoup piétinée durant ces deux journées, j'avais très mal aux pieds... Et je me plaignais de ce mal aux pieds et de ma fatigue... A ce moment là, dans le hall de la gare, tout en cherchant le quai de mon train, je croise un homme jeune, qui n'avait plus de jambes du tout, amputés jusqu'en haut des cuisses, et qui dirigeait son fauteuil avec beaucoup d'énergie... J'ai arrêté immédiatement de me plaindre... ça m'a semblé tellement dérisoire mon mal de pieds... D'une certaine façon, je crois que Dieu a beaucoup d'humour avec nous parfois !

Je crois que le pire obstacle, c'est effectivement la plainte. Dans " Vivre sans pourquoi ", Alexandre Jollien, handicapé de naissance, fait allusion à Maître Eckhart. Face à sa plainte, ce passage l'aide beaucoup : Dieu donne à chacun ce qui vaut le mieux pour chacun et lui convient. Pour tailler un vêtement à quelqu'un, il faut le faire à sa mesure ; un vêtement qui irait à quelqu'un n'irait pas du tout à l'autre. Chacun reçoit selon ce qui lui convient. Ainsi, Dieu donne à chacun ce qui vaut le mieux pour lui, ce que Lui, qui sait, reconnaît pour le plus convenable. (Maître Eckhart, Entretiens spirituels, chap. 23).

Jollien de commenter : Tout ce qui arrive est le meilleur pour moi, même cette immense tuile qui me tombe dessus. La chance, c'est de faire avec sa malchance.