La nature pour remplacer la Bible ?

Portrait de iverlaine

J'ai entendu ce matin une interview du philosophe Michel Onfray, athée et c'est son droit le plus strict, interview qui m'a laissé plus que dubitatif quand a été abordée la question du monothéisme. L'écrivain a ainsi déclaré que les religions monothéistes n'ont de cesse de citer leur ouvrage de référence : le Coran, la Torah, la Bible... Selon cet écrivain, ces ouvrages n'apportent rien (!!!) et il vaudrait mieux inciter l'être humain à regarder la nature !!! 

Partant de là, je me suis demandé si j'hallucinais. D'une part, je pense que toute personne normale, à un moment ou à un autre de sa vie, se tourne vers la nature et s'interroge car la nature est un spectacle qui, s'il n'enchante pas fatalement celles et ceux qui n'ont pas une âme de poète, nous interroge et génère un apaisement à l'instant où nous en avons besoin. Qui n'a jamais observé un tout petit enfant, acroupi dans un jardin ou un espace vert, émerveillé par un " simple " pissenlit qu'il peut admirer de longues minutes ? Ce qui me fait dire que la nature nous happe littéralement à bon escient. D'autre part, je suis étonné que Monsieur Onfray - donc si sensible à la nature dans ses écrits depuis qu'il cherche à réhabiliter le père, enfin le sien, qu'il présente maintenant (c'est tout récent !) comme son maître à penser (!), après qu'il ait tué (assassiné conviendrait mieux) le père en la personne de Sigmund Freud, entre autres, ne s'interroge pas sur la création et son Auteur mais, s'il le faisait, il serait vite coincé et tomberait dans son propre piège ! 

Les Écritures saintes contiennent " Tout ", contrairement aux idées de Monsieur Onfray mais, quand on se prend soi-même pour Dieu, il est bien évident qu'il n'est pas aisé d'admettre que les ouvrages spirituels conduisent à l'Acceptation d'un Processus qui nous dépasse. Effectivement, " les voies du Seigneur sont impénétrables " mais elles ne manquent jamais de nous envoyer les signes, les indications dont nous avons besoin, à condition d'avoir l'humilité de les " voir " comme des opportunités qui sont toujours disponibles. Oui, dans mon jardin je m'interroge, je médite, je réfléchis. Il y a quelques jours, en marchant dans ce même jardin, mon regard a été attiré par un petit bouquet de 6 ou 7 fleurs sauvages minuscules : je me suis accroupi comme l'enfant que j'ai été et qui adorait le jardin de ses grands-parents. La leçon que j'ai reçue à ce moment précis me rappelait de ne pas négliger l'infiniment petit qui contient aussi le germe de la Grâce et de la perfection. S'est alors imposé à moi le visage d'un employé subalterne, handicapé, de mon entreprise professionnelle : il est non seulement de bons services, souriant, mais il cherche toujours à aider manuellement des employés en difficulté. Et il y parvient avec ses moyens à lui. Il ne se passe pas une semaine sans qu'il ne dépanne quelqu'un. Lui aussi abrite la Grâce dans la mesure où il abrite l'Amour qu'il destine spontanément à son prochain. Ce que je raconte là ne m'empêche pas d'adorer un passage de Saint Paul dans les Évangiles et qui nous conseille de ne pas chercher son intérêt personnel et de s'adapter à tout le monde. Ce passage avait été donné dans son entièreté par une foromeuse sur ce site. Je l'ai recopié puis cherché dans une Bible que ma marraine m'avait offerte : je l'ai trouvé et je le lis chaque matin... C'est mon petit rappel à l'ordre personnel pour commencer ma journée pour essayer de dériver le moins possible face à mes interlocuteurs, mes " prochains "... La Bible c'est aussi cela, ai-je envie de dire à Monsieur Onfray et les Écritures saintes sont ainsi : elles nous laissent libres d'assimiler un texte en fonction de notre évolution humaine, soit spirituelle. Curieux que cet écrivain précité ait la mauvaise habitude de transformer systématiquement les mots en maux mais ça, ça relève du " divan " et je ne crois pas qu'il soit prêt à " s'allonger " car cette posture lui ferait perdre ce qu'il croit être sa superbe. Ceci dit, il existe des écritures tout aussi saintes et un tant soit peu morales qu'il doit connaître, transmises en particulier par  Esope, de La Fontaine, eux qui nous ont mis sur le chemin du besoin que nous avons du " plus petit que soi ", histoire de raboter notre ego... Mais encore faut-il savoir, comprendre et admettre que Dieu est autant dans l'infiniment petit que dans l'infiniment grand... C'est ainsi qu'Il joue avec nous, Ses enfants...

Voilà, j'en ai fini avec mon coup de gueule de ce vendredi matin (tiens, un jour saint que le Sieur Onfray n'a pas attiré inconsciemment par hasard pour son interview mais encore faudrait-il qu'il accepte l'existence de l' " inconscient " individuel et collectif et ça, ce n'est pas demain la veille !!!

Portrait de Jean

Je suis content que vous évoquiez le cas de ce cher Michel Onfray. Voilà un philosophe qui m'interroge. Quelle tristesse m'évoque cet homme ! Je l'ai vu un jour en même temps qu'un autre philosophe, Alexandre Jollien, chrétien et bouddhiste à la fois. Jollien évoquait l'importance de la - je cite - " déconnade " en matière de philosophie et de spiritualité. On a posé cette question à Onfray, visiblement destabilisé, et qui n'a su répondre qu'un pathétique " Non, moi je suis sérieux ! ". !!!! Je pense que cet homme souffre terriblement et a élaboré un système de défense énorme fait d'intellectualisations philosophiques. Il me semble qu'il a perdu sa femme à la suite d'une maladie (à vérifier !) et se fait un honneur de ne pas succomber malgré le tragique de la vie. Il se veut en quelque sorte un super héros ! Mais quel héros morbide. Enfin c'est mon point de vue...

J'espère que cet homme pliera un peu comme le roseau de Pascal, le philosophe (je crois que c'est lui qui dit que l'Homme est un roseau pensant). En attendant que voudrais vous partager le " Psaume de la Création " issu d'un poème de Saint François d'Assise, un chant accompagné de magnifiques images de la Création infiniment petite et infiniment grande. Et qui dit Création dit Créateur. Enfin c'est ce que je crois ! Amitiés.

 " Mon Dieu, Tu es grand, Tu es beau " : https://www.youtube.com/watch?v=iXomk_nNyrw

Portrait de Viviane

Si pour moi la Nature est depuis longtemps génératrice de bienfait, d'énergie et de beauté... Au fil de mon cheminement, elle m'est devenue indissociable de la Création de Dieu dans son ensemble... Je suis entièrement d'accord avec vos propos Iverlaine... Mon "émerveillement" d'enfant, s'est durablement enraciné à l'âge adulte, dans la découverte de la Bible, moi qui n'est pas été élevée par mes parents dans une culture religieuse... Une grande liberté en définitive et je les en remercie aujourd'hui... Car ayant un peu grandis comme une herbe folle... la Bible et les Ecritures Saintes m'ont permis de me structurer déjà... et me montrer aussi que nous sommes d'autant plus libre, lorsque nous acceptons qu'ordre et loi commence par soi, mais que nous sommes tout autant tous issus de l'Amour, et la nature aussi... L'Humanité n'a eu de cesse au fil de son évolution que de transmettre, cette Sagesse Divine, pour son bien et sa continuité...

Portrait de Juliette

Je ne sais pas si mon exemple correspond bien au sujet mais je me lance !

Ce matin, je suis sortie dans mon jardin parce qu'il pleuvait et c'était un vrai bonheur car cela faisait un bon moment qu'il n'avait pas plu. La nature en avait besoin. J'admirais un arbre que mon mari a planté il y a un an et demi et, je le trouvais magnifique. Il a pri une telle envergure en si peu de temps. Cet arbre est peu trop proche de la maison (le choix a été plutôt spontanné et pas très réfléchi). Quelques personnes (expert en jardinage compris) nous ont dit que nous avions mal choisi l'emplacement (trop tard !).

Il y a quelques jours, nous avons constaté que l'ombre qu'il faisait protégeait du soleil deux baies vitrées et que la pièce, qui correspondait à celles-ci, était moins chaude que l'année dernière. Il se trouve que nous avions en projet de faire installer deux volets roulants (dans un futur assez lointain) pour qu'il y fasse moins chaud l'été. Par ce constat, et l'arbre n'ayant pas fini de se développer, nous avons décidé de ne pas faire mettre de volet roulant. Cet arbre nous fait faire une sacrée économie ! 

En lisant votre sujet, Irvelaine, j'ai compris que certes nous avions mis cet arbre à cet endroit là, certes mon mari l'avait arrosé tous les jours mais il est bien évident que tout le reste ne nous appartient pas. L'homme et la nature n'ont pu faire ça tout seul.
L'insconscient est visionnaire et il y a plus grand que nous.
S'incliner pour ne pas finir pétri d'orgueil !

Portrait de iverlaine

Je suis heureux d'avoir découvert vos posts pleins de bon sens et d'humilité. Ils ont participé à la quête d'Éveil que j'ai...

Je pense, ceci dit, qu'il est dommage que Monsieur Onfray ait perdu son âme d'enfant mais je ne suis pas obligé non plus de l'écouter et encore moins de le suivre dans sa suffisance et dans ses avis définitifs sur tout ! Et j'espère surtout garder ma capacité à continuer à faire des liens entre la création et le Créateur... 

Portrait de Gilbert

Je trouve cette discussion fort intéressante et la position ambivalente de Michel Onfray me pousse à venir mettre mon petit grain de sel. Je suis bien loin d'avoir le - Supposé-savoir - de cet homme en matière de culture philosophique. Cependant je crois savoir que son maître à penser principal reste Friedrich Nietzsche. Au temps du lycée j'ai parcouru " Ainsi parlait Zarathoustra ", un ouvrage poético-philosophico-mystique dont le lyrisme - très esthétique en l'occurence - prévoyait l'avènement du Surhomme. Une certaine idéologie meurtrière du XXème siècle s'est d'ailleurs bien nourri de l'oeuvre de ce philosophe, en la dénaturant juste assez pour qu'elle colle à sa débilité. Ce qui m'a toujours interrogé chez ce néanmoins talentueux philosophe, c'est la manière dont il a fini sa vie. On a parlé de démence. Peut-être y-a-t-il un risque réel de folie à vouloir remplacer le Créateur par la créature, Dieu par un surhomme ?

Portrait de Cécile

Au-delà de vôtre coup de gueule, Iverlaine, votre texte abrite une véritable transmission. Vous ne vous contentez pas comme certains de râler pour râler. Vous induisez des propositions. Je vais imprimer votre texte et le relire pour y réfléchir. Merci Iverlaine !