Ma question peut vous paraître idiote. Mais étant un ex-enseignant, ce sujet m'interroge. En 6ème, ma prof de Français, voyant mes aptitudes en grammaire (j'ai toujours entendu grand-mère) a conseillé à mes parents (qui n'ont pas fait d'études) de choisir le latin. A vrai dire, cela ne m'a concrètement servi à rien, si ce n'est la gymnastique intellectuelle de faire des thèmes et des versions (passer du français au latin et inversement !). Le sujet interroge actuellement et divise les professeurs. Ce sont en effet des langue mortes. Le latin n'est plus d'actualité à la messe. Quant au grec, c'est de l'hébreux pour tout le monde. Je me dis pourtant qu'il doit y avoir un sens quand même. La langue française n'est pas né de la génération spontanée. Je sais que certains foromers déplorent le mauvais usage de la langue française dans les médias. Faut-il revenir au sources ? Qu'en pensez-vous ?
Jean
Savoir qu'il y a eu des gens avant nous !
Je n'ai fait ni grec ni latin mais je suis toujours fasciné par l'éthymologie des mots. Je pense que cet apprentissage devrait resté facultatif car il y a peut-être d'autres priorités mais proposé quand même. Un prof de lettre me racontait que la littérature faisait constamment allusion à ces cultures anciennes et que les élèves étaient toujours étonnés lorsqu'ils apprenaient, par exemple, que La Fontaine avait copié Esope... Se couper de ses racines, pour une civilisation, c'est comme oublier, pour un individu, d'où il vient... Mais je peux comprendre que d'autres ne soient pas de cet avis.
Cécile
Pour ceux qui le désirent
Ma cousine est prof de lettres. Elle m'a expliqué que le projet de la réforme des collèges vise à éradiquer les langues anciennes sous prétexte que personne n'a plus besoin de les connaître et que c'est élitiste. D'après elle, il s'agit encore de niveler par le bas. Comme il n'y aura plus d'enseignants formés, ça permet surtout de supprimer des postes. Et même les élèves qui le désirent n'y auront plus accès. La motivation semble être plus d'ordre financier qu'issue d'une véritable réflexion pédagogique. Même dans le journal " Libération ", pas fatalement conformiste, on s'inquiète !
Lili
Une enveloppe idéologique qui cache une question d’économies.
Je suis d’accord avec votre cousine, Cécile, comme beaucoup d’enseignants et même d’inspecteurs, qui non seulement le pensent mais le disent ouvertement. C’est une réforme destinée à faire des économies : les enseignements de langues « rares »: latin, grec, allemand, italien etc. coûtent cher à l’état car le taux enseignant/élèves est faible (d’un point de vue purement comptable, ils prennent en charge des classes moins nombreuses ), c’est un enseignement basé sur le choix des élèves et plus individualisé, un peu des « profs et classes de luxe », et actuellement, l’Etat ne peut/veut ( ?) pas se le permettre. Ce qui est un peu dommage, c’est l’hypocrisie idéologique véhiculée à ce sujet, qui veut faire croire que c’est pour le bien des élèves et prend les citoyens pour des naïfs.
Certains élèves sont pourtant demandeurs, ils représentent parfois un peu « l’élite », c’est vrai mais pourquoi eux aussi n’auraient-ils pas le droit d’avoir une école qui leur propose des choix qui leur conviennent. A force de vouloir tout niveler pour tout le monde (depuis la création du collège unique), on en arrive à ne plus prendre en compte personne : ni les « bons », ni les « mauvais » élèves, ni les autres.
Gilbert
Un enseignement au rabais mais les enseignants ne capitulent pas
Cela va faire bientôt 5 ans que je ne suis plus actif dans l'Education Nationale mais je constate que les politiques continuent à faire du clientélisme. Un bac bradé pour donner l'illusion que tout va bien, des supressions de postes, etc... Je ne suis pas étonné que l'école privé devienne l'école des élites, que les quartiers défavorisés " grondent ", que les guettos augmentent. Jules Ferry doit se retourner dans sa tombe, lui qui rêvait beaucoup mieux que ce qui se passe aujourd'hui. Je souhaite de tout mon coeur que le bon sens reprenne ses droits. Je sais qu'il existe beaucoup d'enseignants qui ne baissent pas les bras, et c'est heureux. Nous avons besoin d'eux !!!