L'humilité ?

Ce dont vous parlez, Danièle-Dax, me parle et m'interroge.
L'humilité, dixit le dictionnaire, c'est se voir avec réalisme. Ce que je comprends comme être capable de reconnaître ses erreurs et ses réussites. Une bonne auto-évaluation, reconnaître ses limites mais aussi ses points forts. Mais je rajouterai que c'est savoir aussi reconnaître qu'il y a plus grand que soi.

Je vois l'excès d'humilité de deux façons : soit un manque de confiance en soi (on ne reconnait pas ses points forts) , soit une humilité de façade (qui n'en est plus du coup) pour venir camoufler un manque à être ou à faire.  Dans le deuxième cas, je pense qu'on parle de modestie, c'est à dire de " démontration " d"humilité : c'est du cinéma, la " fausse modestie ", c'est le cas de le dire ! C'est ne pas reconnaître plus grand que soi et c'est s'incliner par séduction pour obtenir quelque chose.

Je pense que l'humilité consiste à ne pas jouer à la grenouille de la fable qui voulait se faire plus grosse que le boeuf. Comme le dit Juliette, il y est question de limite. D'autant que connaître ses limites, c'est se donner l'opportunité de pouvoir les repousser. Il n'est donc pas question de se servir d'une pseudo-humilité pour ne pas avancer dans la vie. Nous avons aussi des qualités objectives que nous devons mettre au service d'autrui. Être humble ne veut pas dire se couper de toute ambition. L'ambition est légitime, encore une fois, si l'autre est pris en compte.

Il m'arrive de ne pas savoir rester à ma place, de me mêler de ce qui ne me regarde pas. C'est en ce sens que je pense manquer d'humilité. A l'inverse, je n'ose parfois pas donner mon véritable point de vue quand on me le demande, par peur de blesser mais surtout pour ne pas faire de vagues. Il est vrai que la voie du milieu n'est pas aisée, mais je crois que l'on sait très bien lorsque notre positionnement n'est pas juste. En ce qui me concerne, c'est comme si dans les 2 cas je manquais d'authenticité et inévitablement un malaise intérieur s'installe. Là est mon signal d'alarme qui me dit qu'il est essentiel que je m'améliore...

Comme le disait Jacques Lacan, toute question renferme sa réponse. Partant de ce grand principe auquel j'adhère, j'ai envie de vous dire - Danièle-Dax - que le fait de penser à votre manque éventuel d'humilité authentifie le fait que vous ne devez pas en manquer ! Toutefois, je partage ce type d'interrogation en ce qui me concerne car la vie me rabote souvent mon ego ! Ce qui prouve que j'ai encore tendance à trop " la ramener " comme on dit ! J'aimerais arriver à m'effacer davantage, non par masochisme, mais parce que j'ai également tendance à oublier que tout le monde ne pense pas fatalement comme moi ! J'aimerais pouvoir capter tout de suite le niveau d'écoute affective que peut avoir mon interlocuteur. J'y travaille sérieusement mais pour que je me ressaisisse, il faut que j'ai essuyé un clash ! J'en ai un peu marre de fonctionner comme ça. C'est pourquoi votre post m'a beaucoup intéressée et m'a bien parlé ! Donc, encore une fois, pour moi l'humilité c'est avant tout prendre en compte les limites psychologiques de chaque interlocuteur...

Lorsque j'accepte humblement (et c'est pas toujours facile) de me faire raboter l'ego, je me rappelle toujours l'étymologie du mot " humilité " qui vient de " humus " qui a d'ailleurs donné " homme "... " Tu es poussière et tu retourneras à la poussière ". Je ne le vois pas comme une punition mais au contraire tel un principe de réalité. D'une part, l'humilité me rappelle d'où je viens, les gens qui ont été là avant moi et qui m'ont " humblement " transmis leur savoir sans rien en attendre en retour pour certains... Elle me rappelle aussi que je ne suis pas grand chose finalement et ce n'est pas du masochisme. Elle me rappelle que je fais partie d'un tout et que je dois, à ma place, faire que l'autre ait la sienne aussi. Tout ne tourne pas autour de moi. Je ne suis pas le roi soleil et j'ai parfois tendance à l'oublier... oui oui ! Encore heureux que je ne prénomme pas Louis (rires !). Juste un peu d'humour. Je déteins sur notre ami Orlan mais j'avoue que je n'ai pas encore atteint sa subtilité.

Prendre en compte les limites psychologiques de mon interlocuteur. Et bien, il me reste encore du boulot, beaucoup de boulot ! Il y a, moi aussi, des personnes, dans ma famille et mon entourage, avec qui je manque sérieusement d'humilité. Encore un axe de travail, pour moi, pour avancer et s'humaniser.
Merci Yamina et Danièle-Dax pour ce sujet. 

Comme Juliette, j'ai du pain sur la planche, notamment avec ma propre mère. Mais vous me donnez d'excellents outils. A moi d'apprendre à m'en servir !