Je n'étais pas une enfant désirée. Ça, je l'ai très vite compris...
Par contre, je viens d'apprendre par une cousine qu'un de nos oncles - qui était médecin - avait proposé à ma mère de l'avorter.
J'ai toujours été ambivalente avec cet homme : à la fois je l'admirais et en même temps je le détestais (il est mort il y a quelques années mais j'y pense très souvent encore...).
Je viens donc de comprendre la raison de ce mouvement émotionnel contradictoire. Mais le plus important n'est pas là : je viens de réaliser que j'en veux toujours à cet oncle et que je ne lui ai jamais pardonné d'avoir envisagé d'avorter ma mère qui avait donc refusé catégoriquement (d'après ma cousine qui tient ces informations de sa mère qui est une femme sûre, croyante engagée, pratiquante).
Je n'ai donc jamais pardonné à cet oncle sans le savoir. Je suis très croyante moi aussi et c'est encore plus grave de ma part. Pourriez-vous me conseiller pour que mon pardon à son égard soit un VRAI pardon ?
D'autre part, comme j'ai vu qu'il y a des Psychanalystes chrétiens sur ces forums, je voudrais vous exposer deux autres problèmes.
1) - Je vais avoir 38 ans le 7 juillet. J'ai un chéri, très bien, mais je ne veux pas vivre complètement avec lui et, surtout, je ne veux pas d'enfant. Est-ce qu'il y a un lien avec l'oncle ?
2) - J'ai une phobie de l'alcool. Comme les Docteurs peuvent utiliser de l'alcool pour avorter, est-ce que cette phobie peut être en lien aussi avec mon oncle ?
Du coup, je me dis que si j'arrivais à lui pardonner, peut-être que je réglerais tous ces problèmes ?
Je vous remercie pour avoir eu la patience de me lire, pour votre compréhension et pour votre aide.
Elsa
Gilbert
La vie passe partout !
Bienvenue au club. Comme je l'ai dit sur un ancien post, je n'ai pas été désiré non plus. En outre, j'ai échappé aux aiguilles à tricoter de l'époque. Après un travail sur moi et de nombreux blocages à peu près dépassés, j'ai compris que Dieu était là et que la vie passe partout. Comme vous êtes croyante, je pense que je peux vous dire que Celui qui est Amour n'a pas donné suite aux désidératas de votre oncle. Le fait est que vous êtes là quoi qu'il ait bien pu se passer. Je pense aussi que votre oncle n'a au moins pas porté cette culpabilité puisque votre mère n'a pas avorté. Quelque part, Dieu a arrêté sa main... Cela, dans un tout autre contexte me fait penser au sacrifice d'Abraham. Dieu n'a pas voulu qu'il soit infanticide et qu'il tue son propre fils... J'espère ne pas être trop décalé par rapport à votre situation. Quant au lien que vous faites au niveau de la phobie de l'alcool, cela me paraît cohérent mais je préfère laisser les psys chrétiens vous en dire plus !
Cécile
L'homme vécu ambivalent ?
Je pense que cela ne doit pas être évident de ne pas se sentir une enfant désiré. J'ai une amie qui est dans ce cas. Elle très gentille (trop gentille) mais c'est comme si elle s'excusait toujours d'exister. J'ai l'impressioon que vous voulez à tout prix pardonner à votre oncle, ce qui est très louable. En même temps, peux-t-on tout pardonner ? J'ai moi aussi beaucoup de mal avec cette injonction chrétienne. D'autant que Jésus dit dans la Bible qu'il faut pardonner 7 fois 77 fois je crois. C'est symbolique bien sûr mais quand même ! Tiens je remarque que vous êtes né un 7/7. Peut-être y a t-il un lien ? Pour ma part, je pense qu'il faut aussi accepter nos limites. Le pardon nécessite un travail spirituel important, voire un travail psychologique, ce qui explique votre demande auprès de professionnels croyants.
Ceci dit, vous ne parlez pas de votre père. Vous évoquez en la place l'ambivalence de cet oncle, à la fois bon et mauvais donc pas toujours fiable. Comme je lis avec attention les nombreux commentaires psy et que cela me passionne, je me lance un peu sur ce terrain. Toutefois, pardonnez-moi à l'avance mes erreurs car je suis très loin d'avoir l'expérience et la compétence clinique des pros. En attendant qu'ils viennent je vous livre mon " ressenti " même si je sais que le terme n'est pas français ! Votre chéri est très bien mais potentiellement dangereux pour avoir des enfants avec lui. S'il y a des liens avec votre oncle, vous le vivez peut-être inconsciemment aussi comme une relation incestueuse. L'homme que vous admiriez tout en le détestant est-il le frère de votre mère, de votre père ? Je vous amène plus de questions que de réponses, j'en suis désolé, mais votre histoire m'a touchée et je voudrais simplement essayer d'accueillir votre demande le mieux possible en étant au moins présente par mon com. Les psys vont certainement venir lorsqu'ils seront dispos. Ils l'ont toujours fait. Confiance Elsa !
Cécile
Jean
Une modeste contribution !
N'étant pas psy, j'ai quand même envie de vous partager ma modeste contribution. Il s'agit d'un extrait tiré d'un tout petit livre de Marie Borel (" 81 façon d'apprendre à pardonner ") : " En continuant à ressasser, je donne raison à celui qui m'a fait souffrir. La rancune nous maintient en position de victime. Une position dans laquelle notre agresseur nous a mis. Nous lui donnons donc raison. En pardonnant, au contraire, nous rendons son acte inepte et obsolète.
Je suis conscient que je ne vous livre pas le " comment faire " concrètement, mais cela peut donner une énergie supplementaire à votre désir de pardonner...
cricri
En profiter pour mettre en place un changement
Je ne suis pas Psy mais, moi aussi, j'ai l'impression que les liens que vous faites sont bons.
La question du comment pardonner, en revanche, est un mélange de grande subjectivité, de symbolique et de foi. Pour ma modeste participation, je me permettrais de vous donner une citation que j'aime beaucoup, qui m'aide énormément, de William Law, pasteur anglais du 18ème siècle :
. " Si quelqu'un prétendait vous indiquer le chemin le plus court et le plus sûr qui conduit au bonheur et à la perfection, il devrait vous conseiller de remercier et de louer Dieu pour tout ce qui vous arrive. Car il est certain que, quelle que soit l'adversité rencontrée, vous la transformerez en bénédiction si vous louez et remerciez Dieu pour cette épreuve "...
Mireille-cogolin
Il n'est jamais trop tard pour bien faire...
Étant une amie personnelle de Cricri, je peux dire que c'est grâce à elle que j'ai découvert cette merveilleuse citation de William Law.
J'ajouterai qu'elle m'en avait donné une autre tout aussi précieuse et qui m'aide admirablement bien en cas de désarroi. Je suis heureuse de pouvoir la partager à mon tour avec vous :
- " Demandez à Dieu la Grâce de voir Sa main dans chaque épreuve, puis la Grâce de vous y soumettre aussitôt. Non seulement de vous soumettre à cette épreuve, mais également de l'accepter et de vous en réjouir... Je pense que, parvenus à ce stade, nous voyons disparaître la plupart de nos ennuis. "...
Charles Spurgeon
Sofia M
Vous êtes sur le chemin du pardon
De façon beaucoup plus basique, je pense Elsa qu'en demandant comment faire pour pardonner à votre oncle, vous lui avez déjà pardonné...
Gilbert. R. Psy...
Votre inconscient est connecté au pardon
Bonsoir Elsa,
Désolé de n'être pas venu plus tôt, mais je crois que votre inconscient est connécté au pardon. Et vous avez en vous tout ce qu'il faut pour y parvenir. Ces posts sont, à mon sens, venu en miroir pour vous faire prendre conscience de vos ressources à ce niveau. Dieu est Amour mais c'est parce qu'il est amour qu'il nous laisse parfois nous débrouiller tout seul, pour qu'on grandisse. Parfois, et même souvent il répond à nos interrogations au travers de la parole d'un autre. Lorsque je lis toutes ces belles choses transmises, je pense, comme Sofia, que vous avez déjà oublié cette offense que l'on vous a faites, tout simplement parce que Dieu vous a déjà pardonné de ne pas - disiez-vous - avoir pardonné à votre oncle...
Elsa
Puisque vous êtes Psychanalyste chrétien...
Je crois avoir lu que vous êtes personnellement Psychanalyste chrétien.
La réponse que vous faites n'est pas personnelle puisqu'elle reprend ce qui a été dit.
Comment VOUS vous pouvez me conseiller pour pardonner à cet oncle ?
Merci.
Luce Psy
Aucun Psychanalyste chrétien en vue!
Votre question est très intéressante. En particulier les liens que vous avez faits mais votre inconscient n'accepte pas de vous libérer totalement de cet oncle pour des raisons évidentes pour un "simple" psychanalyste. Ceci étant posé, je ne me suis pas permis d'intervenir dans la mesure où vous faites allusion à la qualité professionnelle spécifique des Psychanalystes chrétiens, mouvement dont certains Psys se revendiquent sur ces forums... Pourtant ils sont bien absents! J'espère qu'ils réagiront...
Gilbert. R. Psy...
Commencez par accepter votre incarnation
La vie passe partout, Elsa. Commencez par accepter que quelles que soient les circonstances qui ont accompagnées votre venue au monde, c'est ce que Dieu a prevu pour vous. Vous dites que vous êtes croyante et que c'est grave que vous ne parveniez pas à pardonner à votre oncle. Il me semble que vous accordez trop d'importance à cet homme et que vous ne parvenez pas à vous pardonner vous même de ce "péché ". Aimer son prochain comme soi-même exige de commencer par soi. Comment peut-on aimer comme on se déteste ? Cette forme d'amour de soi n'est pas de l'égoïsme. Vous n'aurez plus peur d'un engagement amoureux et d'avoir des enfants lorsque vous n'aurez plus peur de vous et que vous n'attribuerez pas à autrui un pouvoir qui n'appartient qu'à Dieu. Le conseil que je pourrais vous donner consiste donc à accepter votre imperfection et à vous aimer telle que vous êtes. Le pardon n'est pas à considérer comme étant entièrement de notre ressort. Ce qui serait se prendre pour Dieu. Votre oncle, là où il se trouve, continue son évolution dans une dimension où le pardon divin est à l'oeuvre. Regardez désormais devant vous, Elsa, plutôt que derrière.
Sofia M
Le pardon a à voir avec la solution
Lorsque nous sommes confrontés à de simples difficultés ou à des drames, notre inconscient individuel - par surmoi interposé - nous pousse à trouver la solution adaptée. C'est ainsi que nous évoluons.
Dans votre histoire, même si vous n'étiez pas au courant de la position de votre oncle, votre psychisme le savait et vous a guidée - en fonction de ce terreau - depuis que vous êtes au monde. Autant dire que, pour les croyants ou pour les athées, toute solution trouvée est un pardon... En fait, nous sommes conditionnés pour pardonner... Comme cel vous a été précisé, Dieu œuvre en chacun de nous, même chez le clochard qui cherche les solutions à ses dérives et à son malheur. L'adaptation, suivie du développement de l'adaptabilité, est la forme de pardon la plus subtile puisqu'elle conduit à l'humilité dans le sens d'une Dimension qui nous dépasse...
Pour résumer, je me permettrai de vous donner un petit conseil Elsa : listez au " hasard " les nombreuses solutions que vous avez trouvées au cours de votre existence pour vous sortir de situations que vous ressentiez difficiles et essayez de faire des liens avec cet oncle. Vous constaterez qu'il y a longtemps que vous avez débuté votre travail de pardon avec lui... Sauf que maintenant ses manifestations sont plus tangibles et le seront davantage encore au fil du temps...
Gilbert
Le problème est solution
En vous relisant, Sofia, cela m'a ramené à une lecture que j'avais faite sur " L'école de Palo Alto " dans un livre que j'ai à la maison. Il s'agit en fait d'un orateur qui se bat depuis des années contre son trac qui le paralyse sans résultat probant. Un jour son thérapeute lui conseille de profiter de la prochaine conférence pour annoncer dès le début à son public qu'il se sent énervé et qu'il risque d'être paralysé par le trac avant la fin de la conférence et que celle-ci devra prendre fin. Bien sûr, est-il écrit dans ce livre, cette triste issue ne se produisit pas puisque le seul fait de n'avoir pas à maîtriser et à cacher son trac suffit à décontracter le malheureux conférencier et à le rendre performant. Je ne sais pas si cette histoire est vraie mais elle me paraît assez logique. Ce qui me ramène à ce qui a été dit à Elsa. Dans la mesure où elle accepte de ne pas avoir réussi à pardonner et surtout, le fait qu'elle ose le livrer ici pour trouver une solution, c'est qu'elle a déjà pas mal pardonné... Me semble-t-il !
Elsa
Excusez-moi...
Je me suis emportée et maintenant je culpabilise parce que non seulement je vous demande votre aide mais en plus je ne suis pas contente !
Excusez-moi, même si ma réaction a été inadmissible, en particulier celle qui visait Gilbert R.
En fait, j'ai pris le temps de bien relire l'ensemble de tous les posts et si je veux bien m'y intéresser de plus près, ils comportent tous des indications très utiles. J'aime bien l'explication de Sofia M., qui m'a surprise à première lecture mais je crois pouvoir dire que j'ai l'impression d'avoir assimilé son message : ma solution est mon pardon... Je vais faire aussi le petit exercice qu'elle me conseille car ce genre de fonctionnement me convient bien...
Merci à tout le monde et encore toutes mes excuses...
Elsa