Remercier Dieu pour toute épreuve?

Portrait de Marie Lou

Je me suis inscrite le mois dernier sur ces forums et j'adore. 

J'adore la correction des foromers, ce qu'ils apportent et j'apprends donc beaucoup de choses. Dès que j'ai un petit moment je viens et j'ai même ouvert un cahier sur lequel je note des éléments qui me paraissent importants. Bon, j'en viens à ma question.

J'ai lu qu'il fallait remercier Dieu pour TOUTE épreuve ???

Je suis infirmière, je suis confrontée chaque jour à des souffrances de patients abominables... Je ne vois pas comment on peut remercier pour TOUTE épreuve ??? 

Par contre, j'aimerai avancer sur ce chemin qui doit être de l'ordre d'une Résurrection. Est-ce que vous pouvez m'expliquer comment on doit faire pour remercier pour TOUT épreuve ? Remercier, je comprends bien sûr ce que ça veut dire mais j'ai lu aussi qu'il fallait se réjouir de toute épreuve. Intellectuellement, je comprends le sens mais j'aimerai me réjouir de tout épreuve avec mon cœur, c'est-à-dire sincèrement...

Portrait de Gilbert

Je suis comme vous, Marie Lou, ne l'ayant pas vécu, il me paraît extrêmement difficile de remercier Dieu lorsqu'on est dans la tourmente. Pour essayer d'éclairer un peu, malgré tout, surtout ma lanterne à ce niveau-là, j'aimerai vous partager l'anecdote d'Alexandre Jollien, un homme handicapé, philosophe et spiritualiste, que j'aime écouter dans ma voiture en ce moment plutôt que les stations de radio. Il s'agit d'un CD qui accompagne un de ses ouvrages.

Il raconte donc qu'il se rend régulièrement dans un monastère Zen à Séoul pour apprendre à méditer selon cette technique qui l'aide à approfondir sa relation à Dieu. Il y a là une nonne atteinte d'un cancer incurable. Jollien demande à cette personne si elle veut bien méditer avec lui une dizaine de minutes. Ce qu'elle accepte. Pendant la durée de cette méditation, Alexandre Jollien est très agité et ne parvient pas à être correctement centré malgré tous ses efforts et astuces. Tournant la tête du côté de la nonne, il voit un être parfaitement paisible, ce qui le pousse à lui poser la question du " comment " elle fait pour parvenir à cette paix. La nonne lui explique alors que pendant des années elle considérait son cancer comme l'ennemi à abattre. Ce n'est que lorsqu'elle a compris que cette maladie était une alliée lui permettant de travailler la Voie du Zen qu'une Paix s'est naturellement installée en elle. Jollien dit qu'il a reçu une admirable leçon qui l'invitait, lui, à accepter que son handicap ne serait jamais guéri.

Je pense que les épreuves qui nous sont envoyées sont effectivement des cadeaux du Divin mais que nous recevons que ce que nous sommes capables de supporter à l'instant t. Maintenant c'est facile pour moi de théoriser alors que je ne vais pas trop mal. Mais ce type de témoignage relativise tout ce que je crois être une épreuve et essaie de remercier Dieu de l'occasion qu'il me donne justement pour avancer dans la voie de la gratitude !

Portrait de Mireille-cogolin

Ce témoignage que vous livrez Gilbert est magnifique.

Je sais que je m'en servirai chaque fois que je ne serai pas dans l'acceptation.

Merci.

Mireille

Portrait de Juliette

L'acceptation est le seul " comment ".  C'est ce que je dois travailler car, moi aussi, je m'agite souvent. Je garderai en mémoire l'acceptation de cette nonne. Merci Gilbert !

Portrait de luna_95

Je suis croyante mais il me semble que remercier Dieu quelle que soit l'épreuve est l'action la plus difficile qui soit.

Personnellement, je m'y applique quotidiennement mais ayant perdu un petit garçon d'une mort subite du nourrisson, je ne suis pas linéaire dans ce comportement spirituel. En fait, je ne parviens que rarement à cet état d'Acceptation. Pourtant, ma foi - tout aussi imparfaite soit-elle - est sincère. Tous les jours je suis confrontée à la vue d'enfants, à des bébés dans des poussettes et j'ai encore le mauvais réflexe de penser : pourquoi ce bonheur m'a-t-il été enlevé ? Je me donnerais des claques quand je réagis comme ça... J'ai tous les  outils pour accéder à l'acceptation de ma destinée. Une Sage répond à des parents qui lui demandent pourquoi leur fillette est décédée que ce qui les fait souffrir c'est qu'ils ont un sentiment de possession vis-à-vis de cette enfant. Ensuite, elle leur explique que Dieu lui a sûrement évité bien des souffrances en la rappelant prématurément à Lui... Ce raisonnement je le comprends et je l'admets intellectuellement mais je ne l'ai pas encore intégré au point de me réjouir de l'absence de mon bébé.

Je me doute, Marie Lou, que mon commentaire ne vous apportera strictement rien mais il a pour sens de vous dire que votre question permet de chercher une solution et permet aussi un grand partage dont nous avons bien besoin quand la souffrance est là...

Portrait de Christine-zen

J'ai lu que pour accepter, ce qui revient selon moi à remercier Dieu pour tout épreuve, la première étape consiste à accepter tout ce qui nous gêne, sans jugement : accepter d'avoir peur, d'avoir honte, d'échouer, d'être en colère, d'être jaloux, etc... Ce qui revient à ne rien censurer, à ne rien combattre, à ne rien refouler... Ces perspectives sont nouvelles pour moi !

Rencontrant beaucoup de résistances pour accepter ce qui est, je m'entraîne donc à accepter ce qui me paraît inacceptable, et je pense que ça m'aidera à m'accepter et ainsi à accepter ma destinée, donc à remercier Le Seigneur avec Foi et authenticité...

Portrait de Cécile

Je suis toujours touché par le travail que vous ffectuez luna-95, et je pense souvent à vous lorsque la plainte montre son nez dans mon quotidien. J'ai beaucoup aimé la transmission de cette Sage. Comprendre et surtout accepter que même dans un cas très douloureux, des choses pires nous ont été évitées n'est pas évident. Pourtant, je crois que si on a une démarche spirituelle, cette acceptation est incontournable. Peut-être que votre témoignage n'apportera rien à Marie Lou - ce dont je ne suis pas du tout convaincue - mais ce qui est sûr et je vous le promets sans séduction aucune, chaque fois que je vous lis sur ces forums, vous mettez du soleil dans ma vie !

Portrait de Mireille-cogolin

Ce matin de bonne heure, je repensais à votre question Marie Lou, surtout que j'étais venue mercredi mais sans y répondre, ce qui n'est pas très cohérent de ma part...

Je me suis donc mise à y reréfléchir. En fait, vous demandez " Comment remercier Dieu pour TOUT épreuve ". Ce qui revient à dire qu'il s'agit d'un remerciement inconditionnel. Personnellement, j'ai acquis ce réflexe de remercier matin et soir un peu dans l'absolu, dirai-je. Un peu de façon informelle. Puis, comme je peux bien buter sur des souffrances que je garde en moi, malheureusement, pour les apaiser je me dis que sur Terre, je ne vois que la partie émergée de l'iceberg et que TOUT ce qui m'arrive, puisque ça m'est envoyé par Le Seigneur, ne peut qu'être bon pour moi. C'est très dur mais j'essaie de redéfinir en permanence ce terme " bon ". Dans ce sens et selon moi encore, " bon " ne veut pas dire " agréable ". Ça signifie " évolutif " et " protecteur ". Si je parle de mon histoire, mon plus grand traumatisme est d'avoir perdu mon mari toute jeune et de n'avoir pas eu d'enfant. En même temps, je ne sais pas ce qu'il aurait pu adevenir de mon couple s'il avait continué. Il aurait pu connaître des drames que je n'aurais pas supportés et qui donc m'auraient empêchée d'évoluer... Si j'avais eu des enfants, ils auraient pu être malades ou mal tourner et je suis certaine qu'avec mes angoisses spontanées et épouvantables, ça aurait été abominable pour moi...

Voilà ce que je peux vous livrer de mon ressenti...

Portrait de Sofia M

J'aime bien la posture spirituelle de Mireille-cogolin même si, quand une grosse épreuve est là et surtout si elle dure, ce cap ne doit pas être évident à tenir. Ceci dit, je vais essayer de travailler dessus parce qu'il présente un aspect anticipatoire protecteur, évitant certainement - une fois acquis - de tomber par terre et de se retrouver avec une grosse dépression...

Portrait de Lakshmi

Excusez-moi de reprendre votre expression, Sofia, mais elle me parle au plus haut point ainsi que le contenu de votre commentaire. Je sors d'une grosse dépression et ces forums sont comme un cadeau du ciel. Merci !

Portrait de Orlan

C'est vrai que ce mauvais réflexe que j'ai de ne considérer que la partie émergée de l'iceberg est un piège redoutable.

Quand je vois que mon fils ne fiche rien au collège, ça m'angoisse, même si j'ai fait des progrès, mais j'ai encore du mal à me dire qu'il a sa destinée propre et sur laquelle je ne peux pas intervenir et à laquelle je ne peux donc rien changer. Je dois me limiter à ma fonction de père, à lui donner des conseils et encore que s'il m'en demande et point barre ! Sauf que je dérape et que, finalement, je me mêle de ce qui ne me regarde pas... J'aimerais vraiment régler ce problème avant qu'il ne soit majeur, histoire de ne pas lui pourrir la vie. C'est pour ça aussi que je viens quotidiennement sur ces forums pour essayer de trouver et de dégager la pépite qui fera mouche pour moi et qui parviendra à m'apaiser, à rester à ma place et à ne pas juger Dieu...

Portrait de Viviane

Je crois aussi, à titre personnel qu'il m'est difficile de "remercier Dieu pour toute épreuve"... mais je m'applique à cultiver celà, parce que je pense que c'est effectivement à "recevoir comme toujours pour évoluer"... Face à certaines "dificultés" avec mon plus jeune fils actuellement... Je "remercie" en ce moment tous les jours, tout simplement parce cette situation me permet de voir pour moi-même aussi, combien je suis encore dans un "jugement" en lien à ma propre histoire et donc tout autant en lien à mes parents... Et en parallèle, de mieux intégrer, que tant que je reste "fixée" à ce type de réflexes, il est sans doute bien plus compliqué de renvoyer un aspect positif et tout autant "fiable" à mon fils...

Portrait de Jean

Je me mettrais des baffes moi aussi à pester contre ce qui ne m'arrange pas de prime abord. J'oublie que c'est " bon " pour moi comme le dit Mireille-cogolin. Aussi je vais mettre en application sa prescription : remercier matin et soir. Je vais même rajouter le midi, ça sera pas de trop au point où j'en suis...

Portrait de Lucien

En lisant ces posts sincères et réfléchis, j'ai pu constater qu'il n'y avait pas que moi qui galérais avec ce remerciement à Dieu face à tout épreuve que tout homme croyant - dont je fais partie - cherche à rendre quotidien et authentique. C'est dur de remercier avec le cœur quand on traverse l'enfer. J'ai essayé de beaucoup travailler sur ce devoir divin. Je vais vous faire part de quelque chose qui m'aide quand je suis au plus mal.

Depuis très jeune, je me dis que ça doit être abominable de se retrouver en prison pour une faute que l'on n'a pas commise. Malheureusement, c'est déjà arrivé et prions pour que ça n'arrive plus... Pour autant, j'ai essayé de me mettre dans cette situation en imagination. Je me suis donc demandé comment je me comporterais si je me retrouvais dans ce cas. 

Avec le caractère que j'ai, il me semble que je prendrais un avocat catholique (c'est ma religion) et en chemin spirituellement (je pense que ça doit exister !!!). Je lui dirais que je suis innocent et j'essaierais de le lui prouver. Puis, si le procès était perdu, je me dirais que si Dieu a voulu qu'il en soit ainsi c'est que ça devait être ainsi pour mon bon développement spirituel. Je tenterais de me débarrasser de mes pulsions de haine et je me conduirais comme un prêtre, c'est-à-dire que je me consacrerais à la lecture approfondie des Écritures saintes, je travaillerais le pardon, je me relierais le plus possible au Seigneur... Bien sûr, je ne suis jamais allé en prison. Il paraît que c'est atroce, que le bruit est infernal et les conditions autres (violence, promiscuité, odeurs, température, hygiène, confort...) tout aussi insupportables. Mais vu de l'extérieur, il me semble que je m'appliquerais à supporter, à m'adapter à la destinée que Le Seigneur a choisie pour que mon âme progresse... Je Lui demanderais aussi certainement Son aide, ainsi qu'au Christ, à La Vierge Marie, à Sainte Rita, aux Saints, à mes guides, à mes grands-parents maternels décédés...

Je vous explique tout cela pour mieux revenir à l'interrogation de Marie Lou. Quand je souffre, quand je m'angoisse, je reprends ce scénario d'enfermement (apparent ?) et je me dis : lis un passage d'un livre spirituel et, tout de suite après, relie-toi au Seigneur (prière, méditation, réflexion, notes personnelles que je couche par écrit et qui concerne tous les événements négatifs que Dieu m'a permis de dépasser, voire de sublimer, dans ma modeste existence)...

Peut-être que mon témoignage ne vous apportera pas la clé mais je suis heureux de m'être adressé à vous tous en ces termes, de les avoir partagés avec vous, et de m'être confié à vous...

Bon week-end,

Lucien

Portrait de Allain

Je vous remercie pour la haute teneur de votre post Lucien.

Je partage tout à fait la logique de votre raisonnement spirituel et j'ai beaucoup aimé l'exemple que vous avez pris quant à un emprisonnement injuste...

Vous avez raison : lorsque nous n'arrivons pas - ou plus - à nous faire entendre par certain(s) de notre entourage qui nous inquiète(nt), ça signifie qu'il faut se blottir dans les bras du Seigneur car Lui Seul ne nous trahira jamais... Bien sûr, on ne peut pas comprendre sur cette Terre nos douleurs lorsque celles-ci nous apparaissent illogiques ou trop longues dans la durée mais, comme vous l'induisez si bien, c'est le moment d'aller encore plus loin dans sa spiritualité. Paradoxalement nos souffrances incompréhensibles ne constituent que des encouragements à nous élever encore avec toutes les médiations que vous avez énumérées...

Encore merci pour votre sublime transmission Lucien...

Amitiés,

Allain

Portrait de Lucien

Curieux mais je venais juste de me reconnecter lorsque j'ai découvert votre commentaire Allain.

Merci beaucoup à vous...

Ceci dit, lorsque tout va mal, lorsque l'angoisse nous ronge et ne nous laisse pas en paix, il faut nous tourner vers Dieu et ce, quel que soit le moyen à disposition. J'ai pris cet exemple d'un emprisonnement injuste parce que le prisonnier ne peut rien faire et, s'il ne veut pas se taper la tête contre les murs, il a tout de même encore le choix de s'adresser au Seigneur et les limites des cloisons de la pièce dans laquelle il croupit tombent... Pour toute souffrance, nous avons cette merveilleuse possibilité aussi... C'est donc ma question et ma réponse récurrentes quand je suis désespéré : Que ferais-tu si tu étais jeté en prison injustement ? Eh bien je me mettrais en lien avec Dieu, je Lui parlerais muettement, je lierais tout ce qui peut me relier à Lui de manière indéfectible... Ce processus spirituel est une aide " extra-ordinaire " qui ne m'a jamais abandonné, même au plus dur de la tourmente et de la tempête...

Portrait de Cécile

Je suis loin d'être en prison mais je vis seule et je me sens libre. Pourtant, il y a des moments où c'est pas toujours évident. Votre exemple extrême m'encourage à faire de ces périodes de tristesse l'occasion de me connecter Là Haut. J'avais déjà commencé en lisant les forums de développement spirituel mais là, j'avoue que vous boostez ce désir +++ !-)... Et ce d'autant plus venant de vous Lucien. Vous portez le prénom de mon frère ainé disparu il y a maintenant plus de 10 ans...

Portrait de Marie Lou

Excusez-moi mais, très égoïstement, j'ai attendu qu'il y ait beaucoup de commentaires pour venir vous remercier... Ce n'est pas par mépris, vous vous en doutez, mais c'est parce que je craignais d'interrompre votre formidable élan de générosité...

Je voudrais vous assurer combien j'ai appris de choses grâce à vos posts et je peux vous assurer aussi que je vais me servir de toutes les directions précieuses que vous avez bien voulu me donner.

Je me suis sentie comprise et soutenue et là encore merci...

Bonne après-midi,

Marie Lou