Travailler c'est prier ?

Portrait de iverlaine

Tout à fait par hasard, je suis tombé sur une citation de Saint Bernard qui dit que " Travailler c'est prier "...

Vous comprenez comment ce qu'il a voulu dire ?

Portrait de Jean

Dans les monastères, les moines ne font pas que l'oraison, la prière orale. Je crois que leur emploi du temps comprend une période conséquente de travail, ne serait-ce que pour l'entretien du monastère. Dans le même ordre d'idée j'ai participé à un stage de yoga d'une semaine dans un " ashram " établissement où on enseigne le yoga dans son intégralité. Il y avait une période dite de " karma-yoga " ou yoga de l'action. Je me suis vu assigner le travail de nettoyer les salles d'eau et le décapage des boiseries ainsi que du désherbage dans le jardin. Le " karma yoga " consiste à être présent à ce qu'on fait sans se préoccuper du résultat, même s'il est important de remplir du mieux possible  la tâche qui nous a été donnée par les " acharya " (terme signifiant  " enseignant ")  de l'établissement.

J'ai beaucoup réfléchi depuis à cette exépérience lorsque je travaille et qu'il m'arrive encore souvent de " bâcler " mon travail. Lorsqu'on me le fait remarquer, je ne suis pas bien évidemment, mais je prends cela comme si c'était Dieu lui-même, se manifestant au dehors, qui m'enjoint à devenir de plus en plus perfectible. Je sais que ce n'est pas moi qui suis jugé, mais la qualité de ma prière agissante... Je crois que Saint Bernard veut dire que le travail est un don dans les deux sens du terme. D'une part il nous a été donné et lorsqu'on voit les affres du chômage, c'est une bénédiction. D'autre part, il doit être offert aux autres et d'un point de vue spirituel à Dieu. Car tout être qui bénéficie de notre travail est une image de Dieu. Je crois que Saint Bernard parle d'offrande. Travailler, c'est peut-être offrir en acte une prière à Dieu. Et puis ne dt-on pas " travailler sur soi " ? Cette expression, dans un contexte spirituel mais aussi plus basique, consiste à honorer le divin qui est en nous !!!

Portrait de Cécile. G.. Psychanalyste

Le Dr Deepak Chopra préconise de se poser chaque jour les deux questions suivantes : " Comment puis-je servir ? Comment puis-je aider ? ". Il précise que les réponses à ses deux questions permettront d'aider et de servir ses semblables avec amour. 

" Travailler c'est prier ", ce n'est pas uniquement travailler pour soi, c'est se mettre au service du plus grand nombre. La parcelle divine étant en chacun de nous, servir l'Autre, c'est servir Dieu. Quelque soit la place que l'on occupe, y compris le travail à la chaine, chacun amène (Amen) sa pierre à l'édifice. L'ouvrier dans l'automobile, lorsqu'il prend conscience que son acte, aussi banal soit-il, contribue à la sécurité des personnes qui vont utliser ce véhicule au quotidien, y compris pour aller travailler. Il est un maillon de la chaine de la Vie.  

Sortir de la plainte, accepter son travail et sa place à l'instant T, est libérateur. Comme le dit Khalil Gibran dans le Prophète : " Le travail est l'amour rendu visible... "

Portrait de Gilbert

J'aime bien ces deux questions que pose le Dr Chopra. Je crois qu'il fait beaucoup de place à la spiritualité, d'où sa pertinence quant à la question posée. C'est vrai que nous nous plaignons souvent quant à notre travail mais j'avoue qu'envisager de la sorte, cela change beaucoup le regard. Cela me donne l'envie d'en connaître un peu plus sur les écrits de cet homme. Merci Cécile. G.. Psy...

Portrait de Isabelle

Pour moi, prier est ce qui permet de se relier à soi, à Dieu et développer une relation d'amour... Mais tout comme dans les relations que nous entretenons au quotidien... je dirais que l'amour a besoin d'actes aussi... C'est comme ça que je comprends que travailler c'est prier... En travaillant, nous sommes connectés au Dessein de Dieu.

Portrait de Lakshmi

Super tous ces posts. Je connaissais un peu le " karma yoga " de part ce que m'en a dit mon compagnon. Mais selon lui, le " karma yoga " s'intègre aussi au " Bhakti yoga " ou yoga de la dévotion. En clair, il est dit dans cette forme religieuse du yoga que personne ne peut s'empêcher d'agir et que la meilleure façon de le faire consiste à offrir tous ses actes, donc son travail, à Dieu. C'est un peu, je crois, ce que transmet aussi Mâ Ananda Moyî dans son enseignement. " Chaque être est Dieu sous une forme particulière " dit-elle, ce qui sous-entend bien que cette notion de service avec laquelle Cécile G commence son post est très importante. Travailler comme si on priait serait donc établir une relation d'amour avec Dieu en actant...

Portrait de cricri

Travailler convoque de belles qualités auxquelles Dieu ne peut être insensible. Ça peut sembler naïf ce que je vais dire, mais mieux on travaille, plus on y met son application et son cœur, et plus les récompenses viendront... J'ai beaucoup travaillé dans ma vie, et je travaille encore beaucoup, et je peux témoigner que Le Seigneur m'a largement récompensée...

Portrait de Sofia M

Dans ce que vous évoquez Cricri, on retrouve les travaux de Sigmund Freud sur le surmoi. Il faut dire qu'il avait reçu une sacrée éducation religieuse ! Ceci étant, il est curieux de constater que les récompenses ne viennent pas toujours directement de l'effort que l'on a accompli. Le Christ a d'ailleurs dit que " nul n'est prophète en son pays "... Toutefois, quand nous disons par exemple que nous avons de " la chance ", si nous nous donnons la peine d'établir des liens, majoritairement nous retrouvons une bonne action. Or, faire une bonne action c'est quelque part travailler... Ainsi Dieu nous exauce-t-il dans des domaines qui nous tiennent à cœur : ça ne sera pas fatalement une augmentation financière ou une promotion mais ça pourra être des résultats d'analyses médicales excellents, pour soi ou pour son entourage, ou une bonne nouvelle tout à fait autre, et même le fait de trouver à se garer rapidement en ville, vous savez la place qui se libère juste devant nous alors que nous cherchions... Que de prières muettes exaucées grâce au travail bien accompli fourni en amont...

Portrait de Gilbert

En tant qu'ex-enseignant je trouve votre commentaire loin d'être naïf. D'ailleurs c'est en travaillant de cette façon à l'école que j'ai pu sortir un peu du milieu ouvrirer dans lequel je suis né. Mes parents me disaient toujours " ce n'est pas pour nous que tu travailles mais pour toi ". Sage conseil qui m'a récompensé déjà au niveau social. Lorsque je vois le laisser aller de notre système éducatif actuel et surtout l'avenir sociétal de ces jeunes, sans être vieux jeu, je trouve que ces valeurs basiques du travail bien fait nous manquent...

Portrait de iverlaine

Vos posts sont fabuleux et sont un vrai booster pour moi et sûrement pour d'autres ! C'est sûr que je ne serais pas arrivé tout seul à faire les liens que vous avez faits et je vais davantage faire attention aux " bonnes nouvelles " mais vous me faites penser à quelque chose qui m'est arrivé pas plus tard que ce matin...

J'étais garé en ville à côté d'un parcmètre. Comme j'allais repartir, je vois un groupe de quatre jeunes Allemands qui n'arrivaient à utiliser le parcmètre. Mon ticket allait très loin en heures puisqu'il englobait la période du midi et 2. Je l'ai pris, je suis descendu de ma voiture et je suis allé leur donner. Ils étaient ravis et... polis... Ils m'ont bien remercié. Mais, selon votre raisonnement hyper génial, c'était donc une petite récompense pour eux dont j'ignore l'origine mais une récompense quand même. Super comme principe ! À transmettre à d'autres...

Portrait de Thierry

Tout d'abord, je tiens a vous remercier iverlaine car grâce à votre interrogation sur ce formidable forum, j'ai décidé de faire une petite analyse documentaire en prenant comme point de départ la citation de Saint-Bernard, proche d'une vieille devise des Bénédictins : laborare est orare.

Votre questionnement tombe à point nommé dans mon parcours professionnel. En effet, après avoir démissionné d'un poste de nuit que j’occupai depuis bientôt 3 ans, j'ai décidé de prendre le statut de vacataire, réalisant ainsi des missions de jour auprès de différents établissements de soins. Ainsi, je réalise des missions et je travaille parfois en missions pour l'Appel Médical … ;-)

Aussi, vous trouverez ci-dessous quelques éléments que je partage humblement avec vous. J'espère Iverlaine que vous trouverez autant de plaisir à les lire que celui que j'ai ressenti en les découvrant. J'ai tenté de leur donner un sens qui pourra, peut-être, venir enrichir votre questionnement de départ. Merci de m'avoir donné l'occasion de réaliser cette recherche forte enrichissante.

A mon sens, Saint Joseph, patron des travailleurs nous apporte des éléments important concernant le lien que l'on peut faire entre le travail et la prière. Il confirme, de part son chemin de vie, la citation de Saint-Bernard qui évoque que « travailler c'est prier ».

Modèle de dévouement et de travail, Saint Joseph se fiança à Marie lorsque celle-ci tombe enceinte par l'action du Saint Esprit puis l'épouse et devient père nourricier de Jésus. Durant sa vie, Saint Joseph s'est occupé de tout ce qui était nécessaire à la Vierge Marie et à Jésus et a veillé sur la Sainte Famille. Il est donc le Saint patron des familles. Artisan charpentier à Nazareth Saint Joseph est devenu le patron des travailleurs. Diligence, application, constance, sérénité, abnégation de soi, telles furent les vertus que déployaient, dans sa vie et son travail.

Ces vertus sont aussi celles que nous enseigne la bible au sujet du travail, confortant le fait que « travailler c'est prier » :


- Le travail est un mandat confié par Dieu à l’homme (Genèse 1 et 2) mais, à cause de la chute, le travail est devenu pénible (Genèse 3). L’activité de l’homme reflète et imite celle du Dieu créateur mais il n’est pas une conséquence du péché. D’ailleurs, le premier verset de la Bible nous montre Dieu au travail et Jésus dira : «
Mon Père travaille jusqu'à maintenant, et moi je travaille. » (Jean 5 : 14). En donnant à l’homme, toute la richesse de la création, Dieu lui montre son amour et sa confiance. Le travail est une réponse à ce don.

- Conséquemment au péché, le travail peut être vécu dans la peine, la contrainte, la frustration. D’ailleurs, en français, le mot travail vient du latin « tripalium » - un instrument de torture utilisé par les romains pour punir les esclaves rebelles et aussi un trépied pour aider à l’accouchement d’une femme. Le travail n'a pas été maudit, c'est le sol qui l'a été mais les conditions de son accomplissement peuvent être pénibles de plusieurs manières : fatigue, contrainte, précarité, monotonie, " travail en miettes " , relations conflictuelles, manque de considération…Toutefois, il est à remarquer que, dans cette pénibilité, la loi de l'Ancien Testament protégeait ceux qui travaillent (les employés) entre autres :

  •  Par le repos : Deutéronome 5 : 14 « Mais le septième jour est le jour du repos de l'éternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bœuf, ni ton âne, ni aucune de tes bêtes, ni l'étranger qui est dans tes portes, afin que ton serviteur et ta servante se reposent comme toi. »

  • Par le versement du salaire : Deutéronome 24 : 14-15 : «Tu n'opprimeras point le mercenaire, pauvre et indigent, qu'il soit l'un de tes frères, ou l'un des étrangers demeurant dans ton pays, dans tes portes. Tu lui donneras le salaire de sa journée avant le coucher du soleil; car il est pauvre, et il lui tarde de le recevoir. Sans cela, il crierait à l'éternel contre toi, et tu te chargerais d'un péché. »
    Lévitique 19 : 13 «
    Tu n'opprimeras point ton prochain, et tu ne raviras rien par violence. Tu ne retiendras point jusqu'au lendemain le salaire du mercenaire. » Jérémie 22 : 13 « Malheur à celui qui bâtit sa maison par l'injustice, Et ses chambres par l'iniquité ; Qui fait travailler son prochain sans le payer, Sans lui donner son salaire…». Le travail pourra donc être envisgé, non comme un esclavage, mais comme un privilège de grandeur et de noblesse. Sur la terre le travail est la suprême fonction de l'homme et toute sa vie dépend de la manière dont il saura l'accomplir.

- Le mot « Métier » vient du latin «ministerium » (service). Tout métier est un ministère, un service. En tant que service des hommes et de Dieu, le travail garde sa valeur, même accompli dans des conditions pénibles et inintéressantes. Le service grandit l’homme.

- L’activité de l’homme reflète et imite celle du Dieu créateur : « Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier. Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est le jour du repos de l'éternel, ton Dieu… Car en six jours l'éternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et il s'est reposé le septième jour : c'est pourquoi l'éternel a béni le jour du repos et l'a sanctifié. » (Exode 20 : 8-10a)

- Permettre de donner un sens au travail : Faire du bien, c’est-à-dire rechercher ce qui est utile aux autres, participer à la construction, au patrimoine de la communauté humaine, œuvrer pour le « bien commun ». Calvin parle du travail en tant qu’action en vue de l’utilité commune, développer la vie sociale car, par son travail, l’homme participe à une œuvre commune. C'est aussi créer des richesses, matérielles à partir des matières premières fournies par la création de Dieu et immatérielles. Le travail peut aussi contribuer à l’estime de soi quand il permet de mettre en valeur et de développer nos dons.

Enfin, la bible nous dit que le travail ne doit pas devenir « une vanité, ne le vivons pas pour lui-même – comme une fin en lui-même – mais pour remplir notre mandat divin. Et quoi que nous fassions, faisons tout au nom du Seigneur Jésus. » (Col. 3 : 17).

Bien à vous.

Thierry

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

A la question  " Qu'est-ce qu'être normal ? ", Sigmund Freud répond : " Aimer et travailler ! ". C'est d'ailleurs ce qu'il est légitime d'attendre d'un parcours analytique mené à son terme. On parle d'ailleurs de " génitalité ", état, à mon sens, équivalent à ce qu'exige un travail spirituel authentique. Votre travail de recherche, Thierry , m'a littéralement passionné. On sent justement tout le travail que cela vous a demandé pour arriver à cette magnifique conclusion de Col. 3 : 17 qui me parle au plus haut point, moi qui me revendique ici en tant que psychanalyste chrétien. Je réalise encore tout le travail à accomplir, surtout en terme d'humilité et de gratitude. Un grand merci donc pour ce partage d'amour !

Gilbert. R.

Portrait de iverlaine

Il se trouve que j'ai eu aujourd'hui une journée de travail harassante ! Comme quoi il n'y a pas de hasard...

Je voudrais vous dire combien j'ai apprécié la qualité de votre travail et votre générosité. Il semble que vous travailliez dans le soin médical et là encore il n'y a pas de hasard...

Ce partage que vous avez bien voulu nous offrir est un bel exemple en réponse à la phrase de saint Bernard.

Merci à vous Thierry et très belle soirée,

Iverlaine

Portrait de Cécile. G.. Psychanalyste

Je tiens à vous remercier Thierry pour votre travail de recherche qui me rend service.  Tout au long de ma vie, j'ai  été souvent en lien avec Saint-Joseph et vous me permettez de réaliser que je n'ai jamais manqué de travail. Une belle protection ! 

Portrait de Jean

D'une part, je ne savais pas que Saint Joseph était le patron des travailleurs (il m'est arrivé une fois que l'on m'appelle Joseph, je n'avais jamais compris le sens de ce choix qui se voulait ludique) et d'autre part j'ai appris que  " métier " vient du latin ministérium signifiant service ce qui confirme le premier post et le titre de Cécile. G. . D'où l'intérêt de savoir le latin ! , comme disait un prof de français que j'aimais bien lorsque j'étais en 6ème. Magnifiques ces forums, vraiment !!! D'ailleurs " forum ", c'est un mot latin je crois (rires !)

Portrait de Cécile

Il est impressionnant comme une simple question peut engendrer cette qualité de réflexion. Je vais aborder ma journée à la " crèche  " (je vous jure que le l'ai pas fait exprès !) autrement demain. Excellente soirée à tous. C'est marrant, on ne se connaît pas mais j'ai véritablement l'impression de m'être fait de vrais amis ici !

Portrait de Thierry

Je suis heureux de voir que mes recherches vous ont fait réagir et encore merci à iverlaine qui m'a inspiré ces recherches.  Que Saint Joseph soit toujours à vos cotés.

A très bientôt de vous lire et de partager
avec vous de nouvelles reflexions.

Bien à vous.
Thierry

Portrait de nanou-69

Je viens de lire du déébut à la fin. Il y a des choses un peu compliquées pour moi surtout sur la Bible que je viens juste d'acheter. Et comme je n'ai pas d'éducation religieuse, va me falloir un peu de temps. J'en suis pas encore à prier mais en tous cas j'essaie de travailler le mieux possible dans mon école... Merci à tous et à toutes !!!