Ne pas arriver à entrer dans une église ?

Le premier psychanalyste à qui j'ai eu affaire pour mon fils, puis ensuite pour moi, m'avait confié que pendant des années, il ne pouvait pas mettre les pieds dans une église. Cet homme était âgé et avait, m'a-t-il confié, travailler avec Françoise Dolto qui pourtant était connu pour être chrétienne. Ce psy était quasiment à la retraite et s'occupait exceptionnellement de moi. J'avais eu ses coordonnés grâce à un homéopathe, qui était mon médecin de famille. Par la suite, il me conseillait des livres écrit par un prêtre psychanalyste. Il ne m'a jamais expliqué véritablement les raisons de son blocage antérieur à ce niveau là, mais je suppose que votre collègue doit avoir des souvenirs négatifs quant à l'institution religieuse qui n'a pas toujours été " claire ". Mais ce n'est qu'une supposition. Je pense aussi qu'il ne doit pas être le seul dans ce cas. Souvent, par le passé, les hommes restaient dehors pendant que les femmes rentraient dans l'église. C'est mon père qui m'a raconté cela. Il faut dire qu'il y avait un certain clivage idéologique à la Peponne/Don Camillo. Est-ce aussi une histoire transgénérationnelle ? Des psys vont certainement intervenir pour votre ami !

Votre ami, Iverlaine,  si j'ai bien compris, souhaiterait rentrer dans une église mais quelque chose l'en empêche. Il est possible qu'il respecte inconsciemment une injontion transgénérationnelle, à savoir un interdit quant à accèder à l'église. Plusieurs possibilités :

- L'excommunication (du latin ex-communicare, mettre hors de la communauté) est un exclusion de la communauté chrétienne et de la communion ecclésiale. L'excommunié ne peut plus célébrer et recevoir les sacrements. Ils sont au nombre de sept : baptême, confirmation, eucharistie, réconciliation, onction des malades, mariage et ordination. L'ex-communication est toujours levée à l'article de la mort, si l'excommunié demande à recevoir les derniers sacrements (confession, eucharistie, extrême onction).
Contrairement à une idée reçue, le divorce n'entraine pas l'excommunication, seul le remariage n'est pas accepté car il suppose le non respect du sacrement du mariage qui est pour la vie. Depuis 1983, l'excommunication est valide pour apostasie, schisme, hérésie, violence physique contre le pape, péché contre la chasteté avec un prêtre, profanation des espèces consacrées (pain et vin), violation du secret de la confession, avortement (pour la mère et ceux qui y ont contribués).

- Le suicide "volontaire et de sang froid" est condamné et considéré comme péché grave. Le défunt n'était pas inhummé en terre consacrée mais à l'extérieur du cimetière, sans cérémonie religieuse, la honte pesant sur la famille.

Il est possible que dans la lignée de votre ami, un aieul ait été excommunié ou, suite à son suicide, la famille s'est vu refusé l'enterrement religieux. La honte a surement entrainé un non-dit qui lui interdit d'entrer dans l'église. Cette histoire n'est pas la sienne et si son désir est de rentrer dans une l'église, il doit se l'autoriser. Dieu n'est qu'amour et ne juge pas.

Tous les éléments que vous donnez, Cécile. G. me font mieux comprendre effectivement comment un inconscient chargé de son histoire transgénérationnelle peut éprouver une phobie à franchir les portes d'une église. Quant elles sont ouvertes, car aujourd'hui - ceci dit entre parenthèse - même si on éprouve le désir de se recueillir, on trouve parfois porte close. Et si on ajoute à cela les conflits sanglants entre protestant et catholique, l'anticléricalisme de la Révolution Française et la Terreur qui a suivi... Oui Dieu est amour je crois aussi mais le problème, comme disait l'abbé Pierre, c'est que l'amour est parfois mal aimé. Je dirais à votre ami que ce n'est pas bien grave. Nul besoin de rentrer dans un " cercle fermé " pour entrer en relation avec Dieu. Dieu est partout et n'a pas besoin d'une maison de pierre pour se manifester. Je pense qu'en prenant conscience de cela, il désidéalisera ce lieu et s'autorisera à y mettre les pieds.

Dans ma ville, il y a deux églises. L'une, de par sa situation géographique, est particulièrement destinée aux cérémonies religieuses avant enterrement. L'autre, en centre ville, plutôt aux mariages. Une de mes amies a du mal à entrer dans la première alors que cela ne lui pose pas problème pour la seconde. Comme votre ami insiste  particulièrement sur l'enterrement religieux, peut-être y a t-il un lien avec la peur de la mort ?

J'apprécie beaucoup la façon dont la conversation s'est mise en place et a évolué... Que d'apports intéressants !

En ce qui me concerne, quand il m'est arrivé de rencontrer des personnes (c'est très rare tout de même) qui ne voulaient pas rentrer consciemment dans une église, ou dans un lieu de culte autre, et que nous en discutions (ce que j'évite car les réponses sont le plus souvent stériles ! Cette remarque n'engage que moi bien entendu...), ce qui revient toujours sur le tapis ce sont les guerres de religion, l'Inquisition, la pédophilie de certains prêtres, le blanchiement de la drogue au Vatican, etc, soit une autorité religieuse barbare, qui s'inscrirait dans " Faites ce que je dis et non ce que je fais " ! Je veux dire par-là que tant que seront véhiculés majoritairement ce type de faits certes dramatiques, l'intérêt de passer la porte d'un lieu de culte sera anéanti. Je ne veux pas induire ici qu'il ne faille pas que la vérité abominable soit révélée. Je veux essentiellement préciser qu'il est regrettable que les lieux saints ne soient plus présentés que comme des joyaux patrimoniaux et non comme un espace de recueillement, de Grâce, d'introspection, de réflexion personnelle...

Je viens de découvrir tous ces posts avec émerveillement...

Beaucoup d'explications qui remettent les choses à leur juste place !

Pour ma part, j'aime les églises car il y règne une atmosphère de paix et de protection exceptionnelle. Personnellement, je sais qu'en pénétrant dans ces lieux saints, je vais me ressourcer et reprendre confiance... Ainsi et si je peux me permettre Iverlaine et même si la question que votre ami a soulevée est en apparence éloignée de la réponse qui m'est venue, peut-être pourriez-vous insister auprès de lui en lui expliquant qu'il y a une dimension thérapeutique à disposition en rentrant dans une église... Par conséquent, il pourra avoir un déclic pour lever sa résistance...

Je crois, comme Mireille-cogolin, que votre ami, Iverlaine, cache certainement une envie de dépasser sa résistance. Je ne suis pas Psy mais je le ressens aussi comme ça...

Mon petit témoignage se veut humble mais il est vrai que je vais à l'église une fois par semaine. J'y vais en dehors des offices religieux parce que je n'aime pas ces rituels : ils m'ennuient et j'assume cet ennui dans la mesure où je me dis que si Dieu en a décidé ainsi pour moi, c'est qu'Il a une bonne raison pour moi ! 

Chaque semaine, j'arrive devant Le Christ avec une interrogation, un nœud que je ne suis pas arrivée à dénouer... Je Lui demande Son aide. Je laisse vagabonder mes idées sans en censurer aucune. Je fais confiance à mon cœur d'enfant à ce moment-là et, surtout, au Saint Esprit... Je reçois toujours une réponse au bout de quelques minutes. Il est sûr que cette réponse est avant tout une piste (" Aide-toi, le Ciel t'aidera " !) et je sais que j'ai à travailler cet axe dans les jours qui suivront... Comme je peux me laisser rattraper par d'autres sujets et perdre en route ce que j'ai reçu précieusement, vous pouvez être sûr que j'ai toujours un rappel à l'ordre dans les heures ou les jours qui suivent ! En général, Dieu Se charge de m'envoyer une inquiétude et je me retrouve alors dans l'obligation de reprendre mon exercice où je l'avais bêtement abandonné !

Effectivement et comme le suggère Mireille-cogolin, le fait de présenter l'intérêt thérapeutique d'une église peut décoincer positivement votre ami...

Peut-être pourriez-vous dire, rappeler à votre ami que Paul Claudel a reçu l'Illumination par " hasard " en allant par curiosité dans une église... Il aurait été " touché au cœur "... Je n'aime pas l'idée de forcer quelqu'un dans quelque domaine que ce soit mais heureusement qu'on nous a forcés à manger des choux de Bruxelles, sinon on ne saurait même pas le goût que ça a ! 

Mon titre peut paraître ambivalent, mais, comme l'implicite Christine -zen, faire une pause dans une église est pour moi l'occasion de faire le plein d'énergie spirituelle pour aller à l'extérieur. Je n'y vais que très rarement, trop à mon goût - cette discussion va m'inciter à y aller plus souvent - mais chaque fois, c'est comme si j'étais ressourcée pour avancer. Je serais donc maso de ne pas y entrer plus souvent. Je crois qu'une fois par semaine serait une bonne résolution, d'autant qu'il y a un " Sacré Coeur " à proximité de mon travail !!!!

Peut-être est-ce maladroit de ma part, mais je pensais, en lisant vos posts, à tous ces enfants "abandonnés" à l'entrée d'une église... Faute de mieux, si je puis dire, plutôt que voués à une mort certaine, ces nouveaux-nés étaient "recueillis" par certaines institutions religieuses, quoi qu'on en dise... Comme si "La Maison de Dieu" restait un derniers recours pour "certains individus démunis"... Des destinées sans doute "difficiles", et pourtant... Le principe de vie première était bien en lien direct à "l'entrée d'une église"... Comme pour témoigner aussi d'une protection divine au sein d'une église...

Enfant, j'ai été marqué par un film avec Pierre Fresnay racontant la vie de Saint-Vincent de Paul. Effectivement, on le voit recueillir des enfants abandonnés à l'entrée d'un église.

Moi perso j'arrive pas a entrez dans un église quelque chose m'enpêche a entrez ses bizarre a dire jaimerais savoir pourquoi j'arrive pas a trouvez une explication a tout sa :/ ?

Il peut s’agir d’une peur dans une église qui remonte à votre petite enfance, ou à un décès d’un proche de votre famille lorsque vous étiez enfant que vous aimiez beaucoup et qui a été enterré religieusement, ou de l’héritage inconscient de parents et/ou d’une filiation athés... Le fait de refléchir à ces hypothèses peut vous permettre de contribuer à régler cette difficulté.