Aller voir un psy

Portrait de Charline

Je viens d'avoir 22 ans et j'ai perdu ma mère d'un cancer alors que j'avais 17 ans. Je vis toujours dans la maison de mes parents, avec mon père. Hier après le travail, une copine du boulot m'avait invité à passer chez elle. Elle est plus âgée que moi, 30 ans et vit avec son copain. Nous avons discuté d'un tas de trucs, et j'ai aussi parlé que je n'avais plus ma mère et qu'elle me manque encore beaucoup. C'était mon anniversaire ce mois-ci, et j'ai pleuré plusieurs fois parce que j'aurai bien aimé le fêter avec elle aussi... Ma copine m'a dit que je devrais aller voir un psy que j'avais sûrement besoin d'aide. Depuis cette discussion d'hier je retourne dans ma tête cette question. Comment sait-on si on a besoin d'aller voir un psy ? Ni mon père ni ma grande soeur qui est infirmière ne m'ont jamais dit d'aller en voir un. J'ai juste vu un psychologue au lycée pendant quelques mois, après le décès de ma mère. Mais depuis je me débrouille... Est-ce que vous croyez que c'est anormal de pleurer encore lorsque ma mère me manque trop ?

Portrait de Viviane

Je vous réponds avec mon expérience... J'ai perdu mon jeune frère d'un accident de la route, lorsque j'avais 16 ans. Pour différentes raisons, j'ai vécu cette disparition soudaine comme un véritable traumatisme. Après avoir chercher différentes "réponses", à l'âge de 29 ans, je commençais un travail psychanalytique. Les naissances respectives de mes deux premiers fils m'ont fait "prendre conscience" que la perte de mon jeune frère n'était pas "réglée". L'analyse est alors entrée dans ma vie comme une évidence. Ce que je veux dire par là, c'est qu'une telle démarche est personnelle et c'est uniquement de vous-même qu'elle doit venir...

Portrait de Cathy-P

Et si vous permettez Charline, j'aurais aimé me poser ce genre de question à votre âge. Mais chacun sa destinée. Je ne sais pas si le fait que vous pleuriez sur un date d'anniversaire parce que votre mère vous manque, est "anormal". Je pense que la perte d'un parent, lorsqu'on est encore si jeune, ne doit pas être évidente à gérer. Et il me semble également que chacun a un rythme qui lui est personnel. Comme vous le soulignez, ni votre père ni votre soeur aînée n'ont remarqué un mal être flagrant chez vous. Et vous avez tout de même eu une première approche d'écoute en vous adressant à un pyschologue... Je pense que tout le monde n'a pas obligatoirement besoin d'aller voir un psy. Je suis passée par une psychothérapie, mais n'ai pas, en tout cas à aujourd'hui, l'envie d'aller plus loin.

Portrait de Sylviane

Si vous parlez ouvertement avec votre soeur mais ça semble être le cas . Pourquoi de principe ne pas en discuter au préalable avec elle . Et même lui demander ce qu 'elle en pense. Elle vous connait sans doute trés bien. Mias j' ai quand même noter dans ce que vous dites que vous vous débrouillez . Attention à ce que peuvent dire les copines aussi. Peut-être que cette copine de travail a réagit un peu vite, sentant votre chagrin et ne sachant pas comment s' y prendre face à votre peine .

Portrait de Aurélie

Si vous estimez ne plus trop savoir où vous en êtes... En parler avec votre médecin... Il saura aussi déjà "évaluer" si vous avez réellement besoin d'une aide psychologique.

Portrait de Allain

Ce que vous décrivez est, au contraire, plutôt normal. Vous avez perdu votre maman très jeune, à un âge en plus où vous en aviez particulièrement besoin et sa disparition est en fait encore récente. Surtout ne retenez pas vos larmes. Il est toujours salavateur de ne pas réprimer ses émotions quelles qu'elles soient. En revanche, puisque ce n'est pas vous qui avez eu l'idée de consulter un psy, c'est que ce n'est pas encore le moment, en sachant que ça ne le saura peut-être jamais... Toutefois, n'hésitez pas à vous distraire car, dans ce type de deuil prématuré, certaines personnes par culpabilité plus ou moins consciente censurent leurs envies, pouvant aller jusqu'à s'interdire des plaisirs sains et légitimes. Or, le plaisir est encore la meilleure des thérapies. Si vous éprouvez quelques difficultés dans le registre des distractions, dites-vous et répétez-vous une vérité chaque fois que vous irez dans le sens d'une privation : vous n'êtes pas responsable du décès de votre mère et vous avez le droit de vivre.

Portrait de Maria

Merci à Charline d'avoir poser cette question. Parce que pour ma part, vous avez permis un élément de réponse important sur cette éternelle question de la "normalité". Allain dit bien que le fait de pleurer encore, la disparition de votre maman, est plutôt salvateur. Voilà qui me rassure personnellement sur la question du deuil d'un être cher. J'avais une tante devenue veuve qui était très dure avec ma cousine, qui avait toujours du chagrin de la disparition de son père, 3 ans après son décès... Ca a marqué mon adolescence et j'étais avec cette question en moi, qu'est-ce qui est "normal" ou "anormal"... dans ce cas précis.

Portrait de Lydie

Ca va peut-être vous faire sourire Charline. Mais malgré mes 64 ans, il m'arrive de pleurer devant un film que je trouve émouvant... Et je ne vois pas ce que ça a de si bizarre... Au moins j'exprime une émotion déclenchée par des images, des sons, des situations... Rassurez-vous, je ne dis pas que je pleure à chaque fois non plus (rires) ! Mais les larmes sont comme le rire, le propre de l'humain. Ne pas réprimer l'un et l'autre, c'est aussi vivre sa vie !

Portrait de Charline

Mille fois merci ! Vous m'avez bien rassurée et je vous en remercie du fond du coeur ! Ca m'a fait beaucoup de bien de lire qu'il n'y a rien d'anormal par rapport au fait que ma mère me manque encore souvent... Pour l'intanst je n'ai pas envie d'aller chez un psy. J'ai bien compris aussi que c'est moi qui devrait me décider, si j'y vais un jour.