Décidément, les hommes changent... en bien !

Portrait de Fanchon Picaud

Je faisais hier quelques achats de Noël de dernière minute et je suis entrée dans une parfumerie...

Toutes les vendeuses étant occupées et connaissant bien ce magasin, je flânai dans les rayons quand j'atteins volontairement celui des parfums pour homme. En attendant mon tour, la personne qui était en train de se faire servir attira mon attention. Il s'agissait d'un jeune homme d'une vingtaine d'années, décontracté, qui expliquait à l'employée qu'il aimait choisir son parfum lui-même et qu'il avait d'ailleurs prévenu sa famille que, dorénavant, il était inutile de lui faire ce genre de cadeau. Je ne voulais pas écouter mais ce garçon parlait suffisamment fort pour que les sonorités de ses propos arrivent jusqu'à moi... Il continua en expliquant qu'il avait dû s'asperger parfois de certaines fragrances dont il se serait volontiers passé mais qu'il n'avait pas voulu prendre le risque de peiner l'auteur du choix de quelque eau de toilette improbable...

Il y a peu encore ce genre de démarche masculine était assez rare. Si un homme se trouvait dans un espace dédié à la beauté, c'était en général pour accompagner sa femme et à sa demande... Cette scène que je relate, somme toute banale, ne l'est cependant pas pour moi. Elle délivre un message qui me semble essentiel...

L'odorat est le premier sens qui s'éveille quand un bébé vient au monde. Fille ou garçon, l'olfactif va le guider pour se nourrir (trouver le sein) et se rassurer (retrouver l'enveloppe protectrice maternelle). Cette mémoire-là affinera ses désirs et, surtout, définira sa personnalité. Ainsi, un homme très jeune qui rentre pour lui dans une parfumerie renvoie un miroir subtil : la confiance qu'il a en son instinct. On pourrait se dire alors que de tout temps la gent masculine aurait pu pousser spontanément la porte d'un lieu aussi divin que celui où les senteurs deviennent immédiatement envoûtantes... On pourrait l'imaginer effectivement mais, pour autant, jusqu'au beau milieu du mois de mai 1968, ces messieurs - souvent drapés dans leur psychorigidité de l'époque - se repaissaient des manipulations expertes de leur maîtresse quasi œdipienne attitrée - la Mère Patrie -, l'installant même en favorite en la plaçant tout en haut de la pyramide, telle une femme castratrice attendant que son héros dégage quelques relents de poudre de canon, virilité oblige ! Quoi qu'il en soit, des décennies de phallocratie avérée ont fait prendre une très mauvaise habitude au genre masculin : l'oubli de la sagesse de Saint Augustin qui assurait que " le bonheur est un parfum que l'on ne peut verser sur les autres sans en recevoir quelques gouttes "... Et pour en revenir à ce charmant garçon de la parfumerie, j'avouerai qu'il m'a éclairée façon siècle des Lumières ! Il m'a donné à comprendre que le parfum librement élu aujourd'hui par un mâle est un grand bonheur. Il peut se l'octroyer dorénavant sans craindre de perdre sa panoplie pathétique de héros, doublé d'un guerrier potentiel fantasmatique, tout simplement parce que depuis la deuxième moitié du 20ème siècle, sa force consiste à admettre qu'elle ne peut plus faire l'impasse du bien-vivre, de la sérénité, de la sensualité, qu'il a le devoir de s'offrir - merci Saint Augustin, merci Dany le rouge - et dont bien des gouttes viendront assurément se cristalliser sur beaucoup d'autres humains...

Que vos Fêtes de Noël soient belles...

Tous mes vœux vont vers vous mais aussi pour que 2015 soit placée sous le signe de la paix et de l'harmonie...

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Commentaires

Portrait de Cécile

Un beau parfum d'espérance que votre texte, Fanchon ! Remettre la gente masculine en " odeur de sainteté " me réconcilie avec le sexe opposé. Peut-être vais-je me mettre dans les conditions d'accueillir un nouvel homme dans ma vie, et ce, sans quelque a priori conflictuel ? Merci et meilleurs voeux à vous aussi pour cette année 2015 !

Portrait de Juliette

Je suis très sensible aux odeurs et, pour moi, mon parfum est le témoin de ce que je suis. A chaque période de ma vie correspond un parfum, même si les fragrances restent les mêmes. C'est pour cela que je n'offre jamais de parfum, excepté lorsque je connais le parfum de la personne. Les hommes qui s'autorisent à choisir leur parfum s'offrent un beau cadeau, l'affirmation de leur personnalité, et nous font un très beau cadeau. Sérénité et sensualité dans "L'air du temps" ! 

Merci Franchon pour ce beau message en cette période de Noël, de l'essence de douceur. Qu'un parfum d'amour innonde vos foyers.

Portrait de Annie

Il y a un parfumeur peu connu ayant été un nez chez Chanel a décidé de crée sa propre parfumerie.

il a voulue mettre en avant les fragrances ; les gens les hument et ensuite bien guidé , on va ensuite vous proposer un ou deux parfum qui va s'harmoniser avec son caractère.

cette boutique est a belle ton dans le Vaucluse et s'appelle Nadine Patout.

joyeuses fête à toutes et à tous.

Portrait de Annie

Désolé pour l'erreur : le lieu est velleron dans le vaucluse.c'est un très beau village provençal.

Portrait de Isabelle

C'est dans l'air du temps... les jeunes hommes assument aussi une part de féminité au fond... qui n'a rien de réducteur en soi, bien au contraire... ils acceptent tout autant, un partage des "responsabilités ménagères"... parce qu'ils ont bien compris là aussi, que c'est pour une qualité de vie à deux présente où à venir d'ailleurs... Et bien que je sois de la génération précédente, je trouve que les jeunes hommes d'aujourd'hui assument bien mieux leur masculinité... En vivant avec leur temps.