Une amie, médecin généraliste, vient de me raconter une histoire qui peut laisser dubitatif à notre époque...
Appelée par une jeune mère de famille dont la fille souffrait de maux de gorge, la maman - avec beaucoup d'insistance - lui dit :
. Ma petite, elle a très mal à l'intérieur du cou, quand elle avale ça lui fait mal, je pense que c'est " son zophage " !
Il faut comprendre bien entendu qu'il était question d'oesophage car l'oesophage, donc " le zophage "...
En parallèle de cette anecdote plus inquiétante pour la langue française que drôle à mon sens, les statistiques viennent de tomber : 95 % de lycéens auront leur bac cette année ! Malheureusement, le gouvernement - avec cette complaisance impensable - leurre un grand nombre de ces bacheliers auxquels aura été délivré le sacro-saint diplôme qui, une fois franchi le seuil de la fac, ne servira pas très longtemps... Les bons élèves continueront à faire leur chemin, pas dupes de la position démagogique du Ministère de l'éducation nationale, quelques " reçus " se demanderont béatement comment ils s'y sont pris pour briller le jour de l'examen, beaucoup de cancres - mais finalement très lucides - se diront que, décidément, l'école c'est du grand n'importe quoi ! Tous les parents seront contents et c'est normal. Puis le premier trimestre à l'université verra ses bancs se vider de la moitié de ses effectifs, le deuxième trimestre s'allègera encore de 25 % de ces " heureux " bénéficiaires non méritants, et là, la famille ne comprendra plus... Les conflits de générations reprendront de plus belle car le bachelier aura certes décroché le bac mais de la fac aussi ! La suite, tout le monde la connaît : c'est le désenchantement total pour les deux parties et, surtout, l'angoisse d'un avenir professionnel dont on pouvait imaginer quelques semaines plus tôt qu'il serait rassurant. La déprime guette maintenant le couple parental, le désoeuvrement et ses conséquences attendent ces jeunes floués...
Quelqu'un a peut-être une idée sur ce qui pousse nos élus nationaux à surévaluer ouvertement une population étudiante en grande difficulté et inapte à suivre un cursus universitaire ? Personnellement, je ne comprends pas ce processus séducteur et pervers qui égare un peu plus tous ceux qui auraient mérité une bonne orientation en amont, c'est-à-dire un accueil dans des filières adaptées à leur profil et à leurs compétences, car n'oublions pas que tout un chacun en possède...
Quant au bac, à ce stade d'illusion et de déraison étatiques, je pense qu'il vaut mieux carrément le supprimer. Ne serait-ce que pour la bonne santé des familles bernées... Mais vous, vous en pensez quoi ?