Et si on envisageait la santé autrement ?

Portrait de Carole Vallone

Une amie me racontait qu'en raison d'un prurit récalcitrant depuis six mois, elle a été amenée à consulter un dermatologue. Accueil détestable de la secrétaire (c'est un classique de nos jours) qui mastiquait un chewing-gum tout en demandant la carte vitale les yeux rivés sur son ordinateur, salle d'attente minable et mal entretenue, revues anciennes abîmées et repoussantes, un monde fou, un patient pris toutes les dix minutes selon une régularité pendulaire, une anamnèse réduite à sa plus simple expression, un examen sommaire (c'est un euphémisme !), une ordonnance de corps gras (non remboursé) à utiliser pendant un mois...

" Et si ça ne passe pas Docteur ? ", se hasarda à questionner timidement la patiente... " Vous téléphonez pour prendre rendez-vous pour une biopsie ", répondit l'homme de science sans plus de détails ! Une poignée de main indifférente en guise de salut, retour au secrétariat, 28 euros à régler en sus pour 7 minutes d'une consultation qui n'en était pas une... Et les forums de regorger de ces récits ahurissants qui rappellent avec consternation que la majorité du corps médical a oublié le serment d'Hippocrate et la moindre déontologie ou autre éthique. Du vol autorisé ! Une honte à l'état impur... Sans compter que cette corporation passe son temps à revendiquer, alors que le principe de la Sécurité sociale est leur " vache à lait "...

En écoutant cette amie s'épancher, oscillant entre colère et désarroi, j'ai vite réalisé qu'en aucun cas avaient été mis en cause son alimentation, son fonctionnement hépatique, ses comportements psychologiques... En lui faisant part de mon étonnement, elle prit davantage encore la mesure de la malhonnêteté du praticien, spécialisé a priori (études et diplômes obligent) dans les maladies de la peau ! Ceci dit, elle m'avoua que sachant que la médecine française n'était plus ce qu'elle était, et pas ce qu'elle devrait être, c'était à elle de commencer par le commencement et de revisiter les fondamentaux : objectivation de son quotidien en terme d'hygiène alimentaire, analyse de ses dysfonctionnements, autoanalyse... Tout à fait d'accord avec cette saine réaction qui évoque la sagesse de Paracelse, médecin, alchimiste et astrologue du 16ème siècle, qui ne se gênait pas pour asséner déjà à son époque que " Celui qui ne sait rien, n'aime rien. Celui qui n'est capable de rien ne comprend rien. Celui qui ne comprend rien est sans valeur. Mais celui qui comprend, celui-là aime, observe, voit... "...

Mais que fait donc le Conseil de l'Ordre dans tout ça, histoire de réguler, enfin, une profession de santé qui se dégrade objectivement ? Peut-être avez-vous une réponse ? Personnellement, je m'interroge de plus en plus sur ce que serait la prise en charge médicale aujourd'hui si ledit Conseil de l'Ordre n'existait pas...

Commentaires

Portrait de Cécile

A force de spécialiser, on découpe le corps humain. Mais où sont donc nos médecins de famille qui nous parlaient, nous demandaiant des nouvelles de la famille, nous donnaient le sentiment d'exister ? Non pas que je sois rétrograde, les progès technologiques sont là et efficaces... Mais certains médecins - et je vous suis dans ce constat de déshumanisation - sont devenus des fonctionnaires (je ne dis pas tous mais bon...). Un exemple ? Un ami a fait une réaction à une chimiothérapie et a eu besoin d'une injection en urgence. Il va voir un médecin près de chez lui. Il est 16 h 50... Réponse :  " Impossible, je ferme à 17 heures... " Je ne commenterai pas !

Portrait de Orlan

J'approuve à 100 % (sang pour sang ?) tout ce qui a été évoqué... Le cas que donne Cécile est devenu malheureusement courant, dramatique et honteux...

Un des oncles de ma mère a été chirurgien dans un petit hôpital de province jusqu'en 1975, date à laquelle il est parti à la retraite sans jamais avoir pris de véritables vacances ! Quand il sentait qu'un de ses patients allait quitter la vie, il ne bougeait pas de sa ville !!! J'aimerais que les médecins d'aujourd'hui méditent là-dessus... Une anecdote familiale : le médecin généraliste de ma belle-mère était associé. Ce dernier est parti et reste à l'heure actuelle pas remplacé. Le docteur de ma belle-mère (elle est cardiaque et pas toute jeune) lui annonce qu'il part en congés 15 jours (avec le week-end ça fait 17 jours, rythme qu'il pratique durant toutes les vacances scolaires + 15 jours en juillet et 15 jours en août !!!). Sa patiente s'inquiète de son absence prolongée. Il lui répond qu'en cas de problème, elle n'aura qu'à aller aux urgences !!! Ah les urgences !!! Ça c'est encore une trouvaille pour les médecins libéraux... Et le gouvernement qui laisse faire...

Portrait de Juliette

J'ai trouvé un bon médecin, j'allais dire à l'ancienne. Les rendez-vous durent 1 heure environ (elle est homéopathe), l'écoute est globale et, lorsqu'elle part en vacances, on peut laisser des messages sur son répondeur, elle nous rapelle le soir.  Là, où on voit qu'il y a un problème c'est d'en venir à se dire, on a de la chance, on en a trouvé un bon.  On finirait par dire qu'elle est exceptionnelle alors, qu'elle fait bien son travail. Que je sache, elle a eu la même formation médicale que les autres. Peut-être comme dit Orlan, elle n'a pas confondu Monsieur Hippocrate et Monsieur Hypocrite ...

Je vous transmets le lien avec le serment d'hippocrate de l'ordre des médecins français : 

Serment d'Hippocrate

La médecine donne l'impression que plus elle développe sa technique, plus elle se déshumanise. Ils ont juste oublié qu'il avait à faire à des êtres humains et que la guérison passe déjà par l'écoute ! Une visite chez le vétérinaire est souvent bien plus longue que chez le médecin ....

Portrait de Gilbert

Merci Juliette, tout d'abord pour votre témoignage. Un toubib exceptionnel, j'en conviens, que celui que vous avez dégôté. Mon fils en a trouvé un, sur les conseils d'une amie, qui semble être du même accabit. Comme quoi, elles existent encore les perles rares. Ne désespérons jamais de l'Humanité !

Ensuite, vu que j'aime beaucoup l'humour (rire c'est bon pour la santé !), j'ai adoré votre vanne pour le vétérinaire. J'avoue que j'étais presque plié en deux !

Enfin, c'est première fois que je lis le texte du serment d'Hyppocrate ! Une véritable révélation... La médecine moderne serait-elle malade ? Il existe une pathologie spécifique lorsqu'on perd la mémoire non ? Vu que son orthographe est difficile et que ne suis pas un champion pour les mots difficiles, je ne l'écrirai pas ! Mais je crois que ça finit le phonème " mer " ! Wacko

Portrait de Viviane

La déshumanisation médicale... comme le dit Juliette, voilà bien ce qui justifie d'autant plus l'intérêt grandissant du public vers les médecines dites alternatives. Soit dit en passant... Ces médecines qui se veulent complémentaires et non pas rivales... sont pourtant encore largement perçues comme du charlatanisme par le corps médical, y compris et avant tout par le Conseil de l'Ordre... Pourtant, et c'est un comble, pour la plupart, ces médecines alternatives sont issues d'un "savoir" millénaire, dont la médecine moderne est elle aussi issue... Alors, bien entendu, il faut aussi être regardant au sujet des médecines douces, et en particulier au sujet des praticiens qui exercent... mais une chose est certaine cependant... si le plus grand nombre plébicite ces méthodes de soins, c'est aussi parce que contrairement à la médecine allopathique, il y a en premier lieu, une véritable écoute et une vraie disponibilité sur un plan purement humain... Autrement dit, pour ces professionnels faisant preuves d'un véritable engagement, et ils sont nombreux... ceux-là sont sans aucun doute... bien plus en adéquation avec la transmission de Paracelse justement... mais peut-être un peu aussi, quoi qu'on en dise, parce que l'aspect libéral "véritable" (ce qui n'est pas le cas des médecins conventionnés, quoi qu'ils en disent...) induit bien évidemment, que si l'on veut gagner sa vie, on ne compte que sur soi et sur le travail efficace que l'on fournit... Je ne remets pas en cause ici, l'utilité incontournable de la médecine classique, ni des progrès phénoménaux qui permettent aujourd'hui de mieux vivre, et plus longtemps... Mais ce manque d'humilité évident de nos médecins, en tout cas pour un grand nombre... me fait penser qu'au fond, en terme de pouvoir lorsqu'il s'agit du pré-supposé-savoir, l'Homme fait ici encore la preuve d'un manque de sagesse qui n'est vraiment pas à son honneur... Qui plus est, au bout du compte... C'est toujours au détriment du bien de l'Humanité, car sans complémentarité autant que reconnaissance, le sens de la vie terrestre en terme d'évolution... C'est pas gagné !