La mommyrexie, un échec maternel en perspective

Portrait de Carole Vallone

La mommyrexie peut s'apparenter à un véritable symptôme. Ce néologisme concerne des femmes enceintes qui veulent prendre le moins de poids possible durant leur grossesse. Leur but, sur fond de rationalisation ? Elles ne désirent pas avoir à s'occuper de kilos, qu'elles estiment excédentaires, après leur accouchement...

Il est bien évident que sur un plan purement médical, un kilo par mois pendant neuf mois est conseillé et justifié car, durant la maternité, l'organisme est très sollicité. La nutrition reste donc un axe santé important pour la future maman et pour le fœtus en développement. Une alimentation saine et équilibrée fait partie des atouts qui participent non seulement à un bon accouchement mais aussi à l'arrivée d'un bébé tonique. Malheureusement et malgré les conseils avisés des gynécologues, les formes parviennent à prendre le dessus sur la forme, éliminant de facto la plus élémentaire prudence en matière d'apports nutritionnels suffisants. Ce type de comportement dangereux repose sur un facteur démoniaque : la sauvegarde d'une image " idéale ", façonnée par et pour la mode, le mercantilisme œuvrant en sourdine. Quels que soient leur situation du moment, leur âge, les codes supposés de l'apparence gouvernent certaines femmes facilement sous influence, ces diktats faisant la pluie et le beau temps, éliminant habilement leur part morale de responsabilités. Depuis deux décennies, les maisons de couture cherchent à nous faire croire qu'elles n'engageront plus de mannequins anorexiques. Il suffit de feuilleter n'importe quel magazine féminin pour constater que les silhouettes qui défilent ne respirent pas la consommation de menus pouvant répondre aux besoins d'une belle vitalité ! Mais il faut bien gagner sa vie, entend-on... Ainsi, quand on a la chance d'avoir un corps de rêve, faut-il justement en profiter pour la gagner " grassement ". C'est ici le comble du paradoxe, l'argent constituant un des moyens privilégiés permettant d'accéder à des mets culinaires de bonne qualité ! Pour revenir au phénomène de la mommyrexie, rappelons que ces " wonder women " en puissance ont, elles également et pour la plupart, un job qu'elles ont nécessité à réintégrer le plus vite possible après la naissance de leur enfant. Leur obsession ? Un ventre " platissime " pour pouvoir enfiler le tailleur ultra-moulant qui fera l'admiration de l'entourage professionnel et de la hiérarchie en particulier ! Un leurre de plus mais qui semble bien ancré dans les mentalités d'aujourd'hui. La séduction, tant du côté de l'émetteur que du récepteur, est cependant une arme redoutable qui peut devenir fatale.

Devant l'ampleur du phénomène mommyrexique, les psychanalystes expliquent que les points de fixation inconscients de l'enfance jouent un rôle déterminant dans cette dérive. Ils vont souvent jusqu'à indiquer que la filiation et les affres de la guerre, des restrictions à la déportation, peuvent laisser en outre une empreinte culpabilisante chez quelques-unes de ces " héritières " qui, pourtant, sont nées après les batailles récurrentes. S'il est désormais avéré que la mémoire transgénérationnelle ne se " gêne " pas pour envoyer ses pulsions d'emprise tentaculaires, il n'en demeure pas moins que les rondeurs féminines des siècles écoulés ont amplement disparu du paysage ambiant. Ceci étant, comment des jeunes femmes intelligentes omettent-elles que les Kate Middleton ou les Victoria Beckham, entre autres, sont prises en charge à tout niveau pendant et après leur grossesse, ne travaillant pas et bénéficiant de soins diététiques et esthétiques en permanence, c'est-à-dire chaque journée que Dieu fait ? L'explication n'est pas véritablement compliquée...

Revenons à cette particularité de l'image, transformée dès l'avènement de la photographie, ce processus magique qui a progressivement relégué aux oubliettes la peinture académique. Il est évident qu'autrefois, faire venir un peintre pour qu'il fasse le portrait de famille n'était pas destiné à tout un chacun ! Aujourd'hui, les selfies s'approprient la joie de se mettre en scène. Des photos en noir et blanc, plus ou moins heureuses, jaunies avec le temps, nous sommes parvenus à l'anéantissement d'une profession qui, certes, a largement profité de l'aura des " clichés " des studios Harcourt ou de ceux du non moins célèbre atelier Robert Doisneau. Mais quel lien, allez-vous me dire, avec les mommyrexiques ? Seulement un, mais pas des moindres !

Une photographie, même non retouchée, a l'art de réduire et de gommer psychologiquement tout ce qui dérange dans la mesure où l'affectivité prend les rênes de la démarche. Elle reste muette mais il est aisé de la faire parler à sa guise. Chosifiée, " momifiée ", elle stoppe définitivement les désagréments des années qui s'égrènent, à l'instar de ces jeunes accouchées qui fantasment qu'après leur accouchement, leur corps sera comme " avant " si elles n'absorbent que des légumes bouillis ou des salades peu assaisonnées. Cette déraison loge la pire des absurdités : être maman, c'est renvoyer au nourrisson une sensation de plénitude, sphérique, celle qui l'a entouré confortablement durant la gestation et qui lui est si familière. Toute mommyrexique prive son enfant, dès son arrivée, de cette étonnante douceur dont il a besoin et qu'il recherchera toute sa vie durant... " J'ai besoin de ma mère comme d'un exemple à suivre ", écrivait Anne Frank, cette adolescente à la destinée tragique... Où sont ces bonnes mamans d'antan qui sentaient bon les confitures ou les tartes aux fruits du jardin ? Envolées avec le féminisme ? C'est une hypothèse mais il n'y a heureusement rien de radical dans les révolutions de quelqu'essence qu'elles soient. Il suffit basiquement de revenir aux fondamentaux tels que Paracelse, cet étonnant médecin du 15ème siècle, les envisageait déjà : " Nous ne sommes pas nés seulement de notre mère. La terre aussi est notre mère qui pénètre en nous jour après jour avec chaque bouchée que nous mangeons ", soulignait-il avec sagesse... Par conséquent, stop à la mommyrexie ! De grâce, ne zappons pas l'essentiel : une bonne mère, une mère nourricière, ça commence avec la grossesse...

Commentaires

Portrait de Mario

Il est important de reconnaître que chaque grossesse est unique, et il ne devrait y avoir aucune honte à prendre le poids nécessaire pour une grossesse saine. La maternité devrait être une expérience joyeuse et épanouissante, et il est temps de laisser de côté les diktats de beauté inatteignables.

 

Je recommande par ailleurs des accompagnements par l'hypnose pour accompagner les personnes en souffrance.