Un énième rapport sur cette évidence vient d'être publié. Alarmiste, il précise la dégringolade des acquisitions grammaticales depuis 1999, notamment chez les CM2. C'est à la suite de ce constat récurrent qu'un journaliste radio a choisi hier ce thème pour son émission. Cet homme est convaincu que ce sont les parents qui sont en cause ! Je résume : ceux-ci ne lisent plus d'histoires le soir à leurs enfants ! Son père lui lisait tous les jours 3 ou 4 pages de " Tartarin de Tarascon " ! Quant à lui, il lit à ses filles - âgées de moins de 10 ans - " Le journal d'Anne Frank " ! J'étais médusée...
Ce professionnel de la presse, quadragénaire, devrait avoir conscience que les parents n'ont pas grand-chose à voir avec les dérives et autres faiblesses orthographiques de leurs chères têtes blondes dont ils s'occupent très bien pour la grande majorité. Ainsi, je me permets de lui rappeler que dans les années 50, la France se remettait difficilement de la guerre qu'elle venait de subir et les parents avaient souvent d'autres préoccupations que de faire la lecture de l'ouvrage de Saint-Exupéry à leur progéniture, " Le petit Prince ", que ce journaliste radio conseillait hier... Pourtant, les sexagénaires et plus ont, dans l'ensemble, une très bonne orthographe. Soulignons aussi que dans l'Hexagone, il était fréquent à cette époque de parler majoritairement le patois dans les familles, familles dans lesquelles on pouvait également parler espagnol, italien, russe, polonais devant les héritiers qui, en parallèle, intégraient parfaitement les règles grammaticales...
" Le blog de l'amie scolaire : questions de profs " traitait le 5 février 2009 de la " Baisse du niveau en orthographe et grammaire ? Ce sera pire demain ! ". Cet article fait état de l'alourdissement impensable des programmes scolaires depuis 1987, avec une accumulation de matières supplémentaires, comme un enseignement concernant le développement durable, l'hygiène alimentaire, la sécurité domestique, etc, etc... Rajouts qui gomment de plus en plus les heures consacrées à l'orthographe.
Je voudrais préciser également que, contrairement à ce qu'affirme ce chroniqueur radio, s'il suffisait de lire des histoires à ses enfants pour qu'ils prennent le goût de la lecture, ça se saurait ! Quant à apprendre les subtilités grammaticales en lisant seul, c'est un peu réducteur pour les enseignants ! En outre, savoir lire est une chose, aimer lire en est une autre. Plus raisonnablement, les " fautes " incombent lourdement au ministère de l'Éducation nationale et, à mon sens, c'est surtout cet aspect du " problème " qu'il s'agit de notifier.
Commentaires
Jean
Vaste sujet... verbe et complément !
La " faute " des parents ? La " faute " des enseignants ? La " faute " des instances hiérarchiques de l'Education Nationale ? Chacun a sa petite idée sur la question. Je vous rejoins cependant sur la " responsabilité " du Ministère en charge de notre système scolaire. Pour avoir été, quelques années durant, fonctionnaire de base de l'Institution et donc soumis aux directives du " dit-Ministère ", je peux témoigner de la difficulté d'articulation qui préside entre les théoriciens technocrates de la pédagogie et les praticiens sur le terrain. Il s'agit moins, à mon sens, de lacune orthographique que d'une perte de repères quant au sens à donner à l'apprentissage scolaire. J'en profite pour rendre hommage à ces jeunes enseignants qui abordent le métier dans des conditions sociétales difficiles (surtout dans les quartiers défavorisés de type Zones d'Education Prioritaire). Le professeur des écoles d'aujourd'hui n'a plus la même aura que le maître d'école des années 60. Revenir à la leçon d'orthographe d'antan ? La solution ne me paraît pas si simple dans la mesure où la recette, lorsqu'il s'agit d'une science qui porte sur l'humain, n'existe pas. Pour autant, des expériences liées au principe de réalité pourraient être envisagées. Il suffirait que les personnes chargés d'établir les programmes surchargés dont il est fait allusion dans votre texte, Chantal, viennent les appliquer pendant un trimestre dans un CM2 à Neuilly (Paris) puis pendant un autre dans le même niveau de classe dans les quartiers Nord de Marseille. Je sais, mon commentaire a l'air d'un petit coup de gueule, mais ce n'est pas méchant. En tous cas, je suis prêt à entendre tous les sons de cloche sur une question il est vrai préoccupante quant à la dégradation de notre belle langue écrite. Langue écrite s'avérant l'une des plus complexes d'Europe en matière de règles... Sujet, verbe et beaucoup de compléments compliqués... (rires !).
Cécile
Ces spécialistes de l'apprentissage...
A un moment où l'on invective l'école, un petit rappel sur l'évolution d'un des plus beau métier du monde, pour faire plaisir à Jean (rires !)... http://www.signesetsens.com/psycho-de-lecole-normale-a-lenseignement-dau...