L'énigme des supercentenaires

Portrait de Carole Vallone

La doyenne européenne a 115 ans ! Elle s'appelle Emma Moreno. Italienne, elle a donc vu le jour en 1900... Elle fait partie de ceux que l'on nomme désormais les " supercentenaires ", ayant franchi le cap aussi honorable qu'exceptionnel des 110 ans...

Compte tenu des énormes avancées de la médecine, un constat s'impose : aujourd'hui, les centenaires sont monnaie courante, ou presque ! Ils seraient 330000 environ dans le monde et la poursuite de ce recensement pourrait avoisiner les 3 millions d'ici 3 décennies... Par contre, il semble tout de même difficile de rajouter 10 petites années et plus à cette destinée extraordinaire qui appartient encore à de rares " élus " (53 a priori), dont certains ont même traversé 3 siècles en fonction de leur date de naissance ! Ces chiffres sont vérifiables mais l'humanité, malgré des statistiques sérieuses, n'arrivera certainement jamais à expliquer pourquoi des vies s'étirent étonnamment dans le temps, tandis qu'un décès prématuré peut anéantir une famille, telle celle du pilote de Formule 1 Jules Bianchi qui vient d'annoncer sa mort à seulement 25 ans, des suites de son accident survenu lors du Grand Prix du Japon en octobre dernier. Ces différences, ces écarts, nous perturbent, d'autant plus que nous n'y pouvons rien... Si le Ministère de la Santé se mobilise concrètement pour transmettre des consignes utiles en matière de prévention pour que notre organisme ne nous joue pas de vilains tours, comme en cette période de canicule, il n'en reste pas moins vrai que c'est la face cachée de réactions individuelles qui tient le gouvernail comme bon lui semble : cette zone abstraite pour le commun des mortels parvient ainsi à mettre en échec, dans grand nombre de cas, jusqu'à la sagesse la plus aboutie. Effectivement et à l'inverse d'une croyance surmoïque hypothétique, garantie supposée de quelques mois de bonus brigués sur terre, tout individu supercentenaire a cependant sûrement dû commettre au cours de son existence quelques excès en termes de cuisine ou de " conduite ", au sens propre comme au sens figuré ! Et pourtant...

Devenir supercentenaire ne me fait d'ailleurs pas rêver dans la mesure où, déclenchant mon imaginaire à cette idée, les images qui s'imposent à moi ne sont pas particulièrement positives : la dépendance me fait peur ! En parallèle, je ne voudrais surtout pas devenir une gêne pour mes proches. Et même en faisant l'effort de me dire que si tel est mon destin je ne pourrai que l'accepter, j'entends déjà mon entourage familial - qui serait alors ce qu'il serait ! - se demander quand il se trouvera enfin libéré de ce fardeau constitué de ses visites régulières pour faire bonne mine auprès de la Maison de retraite, redoutant d'être jugé par un personnel suspicieux... Je n'exagère qu'à peine ! Ceci étant, les supercentenaires perdent l'essentiel de leurs capacités initiales à communiquer et, par conséquent, il s'avère impossible d'avoir leur avis sur leur vénérable posture. Autrement formulé, que se passe-t-il dans le psychisme de ces sujets mis dorénavant en observation constante ? Nul ne le sait mais peut-être se disent-ils tout simplement : " Si j'avais su... " ?

Commentaires

Portrait de Lakshmi

J'ai le souvenir d'une super centenaire, décédée je crois en 1997,  à lâge canonique de 122 ans.  je me souviens d'un chanteur qui n'a jamais véritablement perçé dans le milieu du show-bizz qui n'avait rien trouvé de mieux que de se faire prendre en photo dans les médias locaux avec la vieille dame qui, disait-il buvait toujours son verre de vin et fumait sa cigarette. Une star contre son gré pas très brillante ni brillamment utilisée... Je suis d'accord avec cette souffrance liée à la dépendance... mais aussi à l'utilisation pas toujours catholique à défaut d'être cathodique...

Portrait de Gilbert

A la question qu'on pose à la spiritualiste Denise Desjardins, cette femme née en 1923 et qui a rencontré Mâ Ananda Moyî , à l'occasion de la sortie de son ouvrage  " Contre vents et années ",  Est-ce que vous trouvez un intérêt à vieillir ?, la vieille dame répond positivement en terme d'apprentissage et d'expérience. Cependant, elle confie à la journaliste qu'elle aimerait mieux mourir qu' être complètement dépendante des autres. Elle dit " Voilà, ça c'est le désir qu'il peut me rester ! " suivi d'un silence qui semble en dire long. Je trouve effectivement moi aussi qu'il subsiste  un grand mystère dans le psychisme de ces sujets parvenus à la limite extrême de leur " moi " corporel... ce qui a effectivement de quoi effrayer même les plus grands esprits et surtout les plus grands esprits...

Portrait de Jean

Selon l'Hindouisme, la vieillesse est l'une des 4 causes de souffrance de l'âme incarnée avec la naissance, la maladie et la mort. Il est vrai que lorsque la vieillesse se prolonge au-delà du " raisonnable ", on peut imaginer que la souffrance se prolonge aussi !

Portrait de cricri

Je partage complètement cette certitude de Denise Desjardins dont parle Gilbert. Personnellement, je sens que j'ai besoin de chaque jour qui passe pour développer ma foi en Dieu. Il met entre mes mains des ouvrages qui me sont utiles, me fait faire des rencontres intéressantes et bien sûr m'invite sur des forums, lieu d'échange constructif et de réflexion par excellence... J'ai le sentiment de progresser au quotidien, même si je sais que mes progrès sont extrêmement modestes, et je remercie tous les matins et tous les soirs le Seigneur pour ces heures supplémentaires qu'Il m'a fait la grâce de m'offrir...

Pour en revenir au blog de Carole Vallone, il met donc en exergue les différences de longévité entre les êtres. Mais il est certain que pour celles et ceux qui avancent beaucoup en âge, se pose le problème de la décrépitude du corps et - qu'on le veuille ou non - du cerveau , avec les conséquences négatives inhérentes. Pour moi aussi, c'est là où le bât blesse... D'un autre côté et je vais exprimer une lapalissade, tant que nous vivons nous avons le pouvoir de nous améliorer encore davantage au regard de nouvelles souffrances qui font que les croyants, notamment, se tournent encore plus vers Dieu pour qu'Il les aide à supporter leur fardeau... 

Portrait de Mireille-cogolin

Je pensais être un peu la seule à croire que chaque jour m'apportait mon lot nécessaire d'outils d'Acceptation et je me disais qu'il pouvait y avoir de la faiblesse et du masochisme de ma part à penser ainsi sans que je veuille le reconnaître... Il semblerait donc que d'autres adhèrent à cette nécessité quant à eux également de recevoir un jour de plus à vivre comme une aubaine divine... Il est bien évident que ce raisonnement ne peut fonctionner qu'à la faveur d'un travail spirituel quotidien (ou philosophique ou psychologique) et exclut toute forme de paresse qui viendrait s'immiscer dans cette sagesse.

Portrait de Cécile

Moi aussi, je suis effrayée par le temps qui passe et par la décrépitude de mon corps, y compris le cerveau. Pourtant, Cricri, votre commentaire m'a apporté une super sérénité. D'autant que juste avant de vous lire, une amie, plus vieille que moi d'un an, m'a dit qu'elle allait passer en coup de vent m'apporter deux livres de spiritualité qu'elle m'avait promis... Et juste maintenant. Quelle belle invitation à ne plus avoir peur de s'en remettre dans les mains de Dieu... Si je pouvais en être là à mon dernier souffle, même si mon cerveau me lâche, ce serait fabuleux. D'ailleurs, je pense que le cerveau n'est qu'un véhicule de l'Esprit. C'est simplement son vêtement Smile Merci infiniment Cricri et merci à Dieu !

Portrait de Christine-zen

C'est curieux mais hier soir, en fermant mes volets, j'ai vu qu'une toute jeune feuille de vigne-vierge était venue s'échouer à mes pieds. Un bébé feuille si vous préférez... Et je me suis dit : pourquoi elle et pourquoi pas une feuille beaucoup plus développée, beaucoup plus " vieille " ?

J'ai songé alors à ces fameux écarts d'âge dont parle aujourd'hui Carole Vallone dans son blog quant à la mort et, comme je suis croyante et que je m'applique à voir Dieu le plus possible dans toutes les manifestations qu'Il m'offre, je me suis dit que ce bébé feuille avait accompli sa tâche mais je ne comprenais pas laquelle à ce moment-là... Je ne savais surtout pas, bien entendu, que j'en parlerais ici cet après-midi même avec vous... Elle était donc là son ultime tâche : bien me faire comprendre, saisir et accepter que l'on ne doit gaspiller aucune minute qui nous est donnée à vivre...