Les femmes grignotent plus que les hommes

Portrait de Fanchon Picaud

La médecine nutritionnelle a mis depuis longtemps en évidence une réalité : les femmes ont une plus grande propension que les hommes à grignoter dans la journée. Les scientifiques ont trouvé le coupable : le taux de sérotonine !

La sérotonine est un neurotransmetteur qui se situe dans le système nerveux central, dans la muqueuse gastro-intestinale et dans les plaquettes sanguines. La biologiste Laurence Chérel-Lemonnier, auteur de l'ouvrage " Maigrir selon vos hormones " publié aux Éditions Alpen, décrit cette substance de façon imagée : " La sérotonine est l'un des messagers chimiques qu'utilisent nos neurones pour communiquer ", précisant que " les neurones ont besoin de messager chimique parce qu'ils ne sont pas au contact les uns des autres, mais séparés par un petit espace appelé synapse. Les cellules nerveuses fabriquent donc des molécules qui franchissent cet espace pour aller stimuler des récepteurs sur les neurones adjacents. Ainsi se propage le signal qui permet les émotions, la mémoire, la douleur, le sommeil, mais aussi l'appétit. "... Par conséquent, si la sérotonine se trouve en quantité suffisante, bien-être et satiété sont au rendez-vous ! En toute logique, l'inverse est malheureusement palpable, ce que nous confirme la biologiste : " Lorsque la sérotonine vient à manquer, nous sommes anxieux, parfois agressifs, voire dépressifs. ". Et du côté de la faim, que se passe-t-il ? En fait, une sensation de vide se déclenche, avec une envie irrésistible de sucre.

Les femmes sont moins gâtées que ces messieurs dans la mesure où elles produisent moins de sérotonine qu'eux. C'est alors que les fringales intempestives accompagnent le quotidien. S'ajoute à cette particularité un autre processus qui peut alourdir considérablement le tableau : la semaine qui précède la survenue des règles enregistre d'une façon générale une baisse de la sérotonine. Laurence Chérel-Lemonnier rapporte d'ailleurs à ce propos que durant cette période et " après s'être alimentées, ces femmes se disent 'calmes, détendues, capables de concentration' ". Ceci étant, les statistiques estiment que 40 à 60 % d'entre elles ne fabriquent pas assez de sérotonine...

Ce constat établi, comment procéder pour éliminer ces appels irrépressibles à la nourriture ? Un bon apport en laitages, œufs, viande, poisson, tomate, aubergine, avocat, pain de blé complet, banane, datte, noix, prune, constitue une excellente base. Est-ce cependant suffisant ? Laurence Chérel-Lemonnier conseille en outre d'asseoir " le régime sur des aliments à index glycémique faible comme les céréales complètes (pâtes et riz complet, macaroni), les légumineuses (haricots, lentilles, petits pois, pois chiches), sans oublier les fruits et les légumes... ". Elle rappelle également que " consommer plus de magnésium contribue à éviter les fringales, le magnésium se trouvant en particulier dans les oléagineux, les légumes verts, les fruits de mer, les eaux minérales. ". " On sait ", complète-t-elle, " que les crustacés calment la faim en élevant la sérotonine. ". D'autre part, les acides gras de la famille Oméga-3 favorisent aussi l'action de la sérotonine au niveau cellulaire. On les trouve dans les huiles de colza, soja ou noix, et les poissons gras (maquereau, sardine, hareng, saumon).

En fait, si les problèmes féminins sérotoniques appartiennent au métabolisme, il n'est pas question d'omettre que les restrictions alimentaires draconiennes que s'imposent bien des femmes de nos jours ne peuvent qu'aggraver cette faille. Est-il utile de souligner que le bon sens veut que nous mangions de tout en quantité raisonnable ?

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