Le tourisme n'est jamais coupé d'esthétisme. C'est ainsi qu'il participe à notre bien-être. Quelle que soit la région visitée, entre deux baignades, entre deux séances de transat, entre deux siestes dans un hamac sous un arbre accueillant et rafraîchissant, entre deux randonnées, découvrir les lieux symboliques de son séjour participe aux souvenirs agréables liés au dépaysement. Le tourisme culturel cristallise de fait le sens des découvertes pour notre plus grand ravissement. À l'inverse, qui n'a jamais entendu des proches dire, avec des regrets sincères dans la voix, qu'ils étaient restés parqués dans leur club de loisirs sans avoir mis le nez dehors pendant toute la durée de leurs vacances ? Souvent, c'est par négligence d'ailleurs. On imagine qu'une fois sur place on se renseignera et qu'on établira un programme de visites bien adapté et bien équilibré. Mais les jours passent et le farniente prend le dessus quand, déjà, il faut boucler les valises du retour... Aussi ai-je eu envie de vous mettre l'eau à la bouche avec les... Fontaines Wallace...
Si la France, et Paris en particulier, constitue votre destination cet été, vous serez gâtés pour admirer ces bijoux architecturaux. Mais l'Espagne et le Canada, par exemple, en comptent aussi.
Les Fontaines Wallace sont des points d'eau potable publics. Il s'agit de petits édifices en fonte. On doit (malheureusement) leur existence à la pauvreté sévissant, notamment dans l'Hexagone, à la fin du XIXème siècle et au début du XXème. Certaines personnes ayant du mal à bénéficier d'eau, et d'eau potable de surcroît, Sir Richard Wallace, un riche héritier britannique, décida de faire appel à Charles-Auguste Lebourg, un sculpteur nantais réputé, pour confectionner des points d'eau utiles mais agréables à regarder. Ce philanthrope voulut créer de véritables œuvres d'art, alliant donc le service aux personnes à la beauté et à l'environnement...
C'est au mois d'août 1872 que la première Fontaine Wallace est mise en eau boulevard de la Villette à Paris. Pour la petite histoire, aucune figure officielle n'était présente pour saluer le geste altruiste du grand mécène que fut Sir Richard Wallace ! Absence d'autant plus discutable que Sir Wallace a financé avec ses propres deniers la quasi-totalité de ces édifices destinés à aider les plus démunis et les plus abîmés par la vie, l'alcoolisme régnant en maître sur les populations défavorisées.
Le cahier des charges de ces fontaines d'exception devait être rigoureusement respecté. Voici comment l'avait établi Sir Wallace :
. La hauteur : moyenne afin d'être identifiable de loin mais pas monumentale pour ne pas casser l'équilibre de la nature environnante.
. Le volume : aisé pour la manipulation mais harmonieux.
. Le matériau : durable, malléable, facile d'entretien.
. Le coût : raisonnable pour démultiplier les installations.
La couleur vert foncé, teinte en conformité avec l'ensemble du mobilier urbain parisien de l'époque, et les emplacements, furent décidés par la mairie de la capitale française.
De nos jours, il est toujours possible de se désaltérer grâce aux Fontaines Wallace du 15 mars au 15 novembre. Elles ne fonctionnent pas en dehors de cette période en raison des risques de gel qui pourrait endommager la plomberie. Très bien entretenues et repeintes une année sur deux, il faut savoir qu'actuellement encore elles peuvent dépanner les sans-abris mais le spectacle qu'elles offrent représente, quoi qu'il en soit, un respect pour qui y a accès et la sagesse de les contempler...