Née dans un milieu bourgeois d'une petite ville de province, Karine (ce prénom est modifié pour des raisons de confidentialité), fille unique, ne pose aucun problème. Elle grandit dans une forme de solitude : n'ayant pas le droit de jouer à l'extérieur avec ses camarades ou ses petits voisins, ceux-ci ne sont jamais invités à pénétrer dans la grande demeure familiale sous le prétexte fallacieux que le père y exerce une profession " libérale " et qu'il a besoin de tranquillité (même le week-end ?). La mère ne travaille pas et ne sort quasiment jamais. Elle a la mauvaise réputation d'être excessivement jalouse de son mari qui ne sort pas beaucoup plus... Quand il le fait, il marche tête baissée. Karine, comme ses géniteurs, ne fréquente que ses oncles, tantes, cousins et cousines. De toute façon, elle n'a pas le choix. Le bac en poche, elle va enfin pouvoir prendre l'air dans une ville universitaire. Elle assume maintenant son homosexualité loin du regard censeur de ses parents auxquels il n'est pas question qu'elle présente son amie de coeur. D'excellentes études lui font obtenir, huit ans plus loin, ce diplôme d'État qu'elle désirait tant. Ses parents, dont elle connaît l'homophobie, aimeraient beaucoup qu'elle rencontre un jeune homme bien sous tous " rapports "... Karine leur explique régulièrement qu'elle attend encore un peu pour s'engager. La jeune femme a surtout pour projet d'aller vivre à l'étranger avec sa compagne. Elles choisissent une île du Pacifique sur laquelle Karine sait qu'elle ne pourra pas exercer sa profession. C'est son amie, infirmière, qui surviendra aux besoins du couple. Mais pourquoi ce choix géographique qui empêche Karine de se réaliser professionnellement ? Sa mère a une peur panique de l'avion ! Elle ne viendra jamais. Le père non plus, soumis depuis de décennies aux diktats de sa femme. Si Karine est heureuse de sa décision, elle a rapidement fait le tour de la magie du lagon. Elle s'ennuie. Elle se lance dans l'artisanat sans grande conviction. Du gâchis.