Entre autre inconvénient, la culpabilité infondée est mauvaise conseillère. D'où la nécessité de sortir de ce magma qui engloutit chaque jour davantage.
Cette émotion, qui appartient au registre de la moralité quand elle a sa raison d'être, c'est-à-dire si faute il y a, est une manifestation psychologique normale ; un processus de réparation se met alors en place en fonction de la gravité de l'erreur. En revanche, la culpabilité devient démoniaque si rien ne l'explique objectivement. C'est le cas d'Audrey qui se reprochait depuis des années les conduites d'échecs compulsives de sa fille :
. Si elle n'avait pas été athée, sa fille aurait bénéficié d'un apport spirituel la menant à la sagesse.
. Si elle n'avait pas divorcé, sa fille n'aurait pas redoublé deux classes.
. Si elle avait su être plus calme, sa fille ne serait pas devenue irrespectueuse à la maison.
. Si elle n'avait pas accepté ce poste de commerciale qui la tenait éloignée de longues heures de son domicile, sa fille n'aurait pas eu de mauvaises fréquentations.
. Si elle n'avait pas mis dans sa vie quelques amants inintéressants, sa fille n'aurait pas développé une agressivité pathologique.
. Si elle avait été davantage psychologue, sa fille n'aurait pas volé...
Si, si, si... L'existence, mise au conditionnel de la sorte, renforce davantage encore la culpabilité déraisonnable et aboutit à la perte de sa propre liberté.
Pour en finir avec cette forme de culpabilité, il suffit de mettre la situation en miroir. Ainsi, dans le raisonnement autoculpabilisant d'Audrey, rien ne tient. Mais, pour qu'elle le comprenne, il a fallu qu'elle réfléchisse à tout ce qu'elle avait apporté de positif à sa fille depuis sa naissance ! Après avoir établi une liste objective, donc démontrable, cette mère a réalisé qu'elle avait énormément donné à son enfant, puis à son ado et enfin à sa jeune adulte. En somme, elle a fait les comptes et n'a d'ailleurs même pas voulu lui en parler... C'était devenu inutile. Elle ne se sentait plus coupable. Ses tensions ont lâché, ses maux d'estomac aussi.
Cet exercice est à faire dès l'instant où le remords empoisonne littéralement le quotidien, ce qui constitue déjà le plus souvent un signe de l'anormalité de cet état. La culpabilité pathologique mettant systématiquement en lien avec un proche, en particulier les membres de la famille, il suffit donc de placer le curseur avec lucidité et honnêteté, sans minimiser le nombre de ses belles actions vis-à-vis de son entourage. Le calcul est toujours parlant et se révèle surprenant, au bon sens du terme, la plupart du temps... En recommençant cette vérification chaque fois que nécessaire, cette attitude réflexe anéantit la culpabilité progressivement. Un vrai ballon de baudruche qui se dégonfle enfin avec, à la clé, une libération méritée...
Commentaires
Louis
Je vais appliquer la méthode
Des culpabilités en sourdine, j'en ai, pensant parfois avoir été un mauvais père face à l'échec scolaire de mon aîné qui n'a pas le bac et qui en parle aujourd'hui, adulte, le regrettant. Ce blog me fait beaucoup de bien. Merci.
Alicia
Précieux !
Moi qui suis toujours prête à sauter les deux pieds joints dans ce travers "mauvaise mère", je vais soigneusement imprimer ce qui est expliqué ici et le lire et le relire autant de fois que nécessaire. Merci pour cette grande sagesse.