Le burn-out, comme disent les Anglais, arrive à pas feutrés pour mieux nous prendre dans son piège redoutable car, de nos jours, la surenchère du " toujours plus " veut nous laisser croire qu'il s'agit d'un moteur efficace. Efficace ? Pour tomber en dépression, assurément !
Quand les symptômes du surmenage se manifestent, la machine infernale est malheureusement en marche depuis un certain temps déjà. Ils font suite à un souci de perfection tous azimuts :
. à la maison où tout doit être impeccable, jusqu'à l'équilibre alimentaire qui devient une des préoccupations majeures,
. au travail où la menace injustifiée d'un licenciement plane en permanence, entraînant une pression démoniaque,
. dans l'apparence de chaque membre de la famille qui - le plus souvent sous la houlette de la mère et épouse - renvoie une image en accord avec les diktats d'une société où les codes sont de plus en plus pointus et exigeants, comme en matière d'esthétique, de sport, de culture, de culte...
Ce programme éreintant donne à voir une course contre la montre quotidienne où les couples, les enfants et les collaborateurs se croisent sans vraiment se rencontrer. Par voie de conséquence, la mise en route d'une grossesse est planifiée au même titre qu'une journée de bureau ! La déprime peut sortir de sa planque : les jeux sont faits, rien ne va plus... Pour autant, ce constat édifiant peut ne pas voir le jour mais à condition toutefois de surveiller tout franchissement de la ligne jaune. Les signes avant-coureurs sont effectivement repérables...
Comme le souligne la psychanalyste Chantal Calatayud, " ces évidences défilent sous nos yeux et passent leur temps à nous narguer " ! Elle rajoute : " Curieux que nous n'y prêtions pas attention alors que l'idée même de lire nous épuise, que nous mémorisons moins bien, que notre irritabilité est palpable, que nos actes manqués sont légion, que le sommeil n'est plus réparateur, que les insomnies se font fréquentes, que les céphalées démarrent au lever, que l'anxiété est latente... ". Chantal Calatayud conclut en rappelant que " le principe de réalité doit nous faire prendre conscience, à ce stade dangereux, que la culpabilité nous enchaîne et nous aliène au point que nous fantasmons que nous sommes responsables de tout, y compris des autres ! ". Le docteur Jean-Pierre Danjean dit clairement de son côté que le surmenage objective que nous vivons " au-dessus de nos moyens ".
La fatigue qui découle de cette surévaluation de soi-même touche donc essentiellement les secteurs banals journaliers, ce qui est un indice fiable de précaution à adopter et à respecter. La solution, pour enrayer ce processus dévastateur, consiste en fait à contrôler nos émotions, le cerveau avertissant qu'il n'en peut plus, qu'il est en état de déséquilibre. Ce surrégime aboutit ainsi à une dérégulation hormonale, résultante d'un déficit de la dopamine au profit d'un excès de cortisol. Une modification des habitudes devient alors indispensable. Il n'est cependant pas question d'une punition mais, au contraire, d'une loi humaine protectrice : tout changement est vecteur d'opportunités...