Bonjour à tous,
Quand j'étais enfant, je faisais ce cauchemar récurrent : je pédalais à vélo à toute vitesse sur une route de campagne, je ratais le virage et tombais dans un précipice . A chaque fois je me réveillais paniquée en train de tomber .
J'ai toujours eu assez de mal à me relaxer, mais dernièrement, après un problème (résolu maintenant) qui m'a donné un profond sentiment d'insécurité, j'ai l'impression d'en subir le contre-coup physique : des tensions et douleurs musculaires, mal partout, des résistances, sensation d'être disloquée ...
Ce rêve d'enfant me revient en mémoire car je pense qu'il y a un rapport . Il me semble que cette peur est inscrite dans mon corps, mais peut-être encore dans mon esprit aussi .
Je crois que la peur du vide est assez courante, mais psychanalytiquement je ne sais pas grand chose à ce sujet . J'aimerais beaucoup en savoir plus . Je suis sûre que ça pourrait m'aider .
Merci d'avance !
Cécile. G.. Psy...
Vers une centration protectrice.
Je me souviens que dans un précédent post, " Il y a des gens qui s'accrochent " , il était question d'une problématique abandonnique. Le cauchemar que vous relatez avec la notion de " tomber dans le vide " ramène à votre angoisse d'abandon qui vous gène encore.
Il semblerait que vous vous jetiez à corps (accord) perdu dans les problématiques des uns et des autres pour combler un certain vide existentiel. A force de confondre vitesse et précipitation, vous risquez de rater les virages. L'énergie que vous mettez à combler ce vide, vous épuise et se manifeste sous forme de somatisations.
Quoiqu'il en soit, vous ne faites plus ce rêve, ce qui signale que vous êtes en train de conscientiser cette problématique : ralentir pour pouvoir vivre ce que vous avez à vivre sans angoisse et sans vous diperser.
Viviane
Peur du vide
Bonjour M.Christine. Sans vouloir dire de bêtise... je crois que la peur du vide (qui fait partie des phobies je crois) est en lien avec l'angoisse d'abandon ce qui peut tout à fait expliquer "un profond sentiment d'insécurité" comme vous le dites, et elle s'origine à la toute petite enfance... mais ce qui me fait poser question dans ce que vous décrivez c'est le fait que vous vous trouvez sur un vélo... là encore, je dis peut-être des bêtises... mais peut-être qu'il serait intéressant d'aller voir du côté de votre naissance ? Savez-vous si vous êtes née avec une "aide" extérieure, comme les forceps par exemple ? Mais je ne suis pas psy... et pardon si ce que je dis est faux...
Allain
Un lien esprit-corps angoissant
Comme le dit Cécile G., votre rêve traduit un profil abandonnique. J'apporterai tout de même une nuance.
L'angoisse abandonnique concerne tout un chacun. Elle fait partie, pour le bébé, de son entrée dans le Principe de réalité et nous y maintient tout au long de notre vie pour nous prévenir d'un danger réel et, ainsi, pour nous permettre de changer le cas échéant. Ce fonctionnement inconscient, qui devient donc de fait conscient, est primordial.
Durant la période où l'infans découvre que quand sa mère s'en va, elle peut ne pas revenir, il met en place des comportements d'adaptation. Le doudou, son objet transitionnel comme disait Winnicott, est une fonction compensatoire consolatrice mais il cherche toujours à se rassurer en laissant tomber son jouet 10 fois de suite, ou plus, pour voir si son objet d'amour (sa maman, une mère de substitution, une grand-mère, une nounou, une tante, une grande sœur...) le lui ramasse et le lui tend. Il s'en saisit et recommence. Il vérifie ainsi qu'après avoir attiré l'attention d'une proche, il n'est pas abandonné. À l'adolescence et à l'âge adulte, ce type de réflexe ne le quittera pas. L'intérêt étant une stratégie d'adaptation potentielle. Donc, je le repète, tout le monde est abandonnique !
Dans votre cas, le fait de rater un virage dans vos cauchemars récurrents traduit par contre une difficulté dans la vie à prendre des virages puisque votre inconscient vous signale que vous "tombez" a posteriori. Ce qui induit que vous bloquez sur une peur dite "autodestructice" en psychanalyse et qui correspond aux stades chronologiques du développement psychogénétique du petit d'Homme. L'explication peut venir d'une situation familiale refoulée aux alentours de vos 1 an, situation mal gérée psychiquement par vos parents et où il y a pu avoir un décès, une maladie grave d'un proche, une perte d'emploi, une séparation brutale, de la violence... Tout ce qui s'allie avec la mise en danger possible de l'individu. Ainsi pouvez-vous vous cramponner à des situations qui ne vous conviennent pas intrinsèquement, non pas par pathologie abandonnique mais par angoisse d'aller plus loin, cet "après" vous faisant redouter le pire. Ce genre de point de fixation infantile qui perdure empêche toute personne concernée de se réaliser à hauteur de ses capacités.
M.Christine
Ca avance
Je vous remercie pour vos retours . Ils me parlent tous .
Cécile, il est vrai que je confonds vitesse et précipitation . je dois toujours faire un effort pour m'organiser, procéder par ordre d'urgence, ne pas tout faire en même temps comme pour remplir un vide existentiel, en effet . Et l'énergie que j'y mets m'épuise, c'est exact ! En même temps, il me semble aussi que je suis en train de conscientiser ma problématique et que cette somatisation est le révélateur d'une remontée à la surface de ces peurs anciennes, plutôt qu'une fatalité . Merci de me le faire comprendre .
Oui, Viviane, comme le dit aussi Cécile, cela a certainement un lien avec l'angoisse d'abandon . Tout d'abord, j'ai des raisons de penser que ma naissance n'a pas été désirée ... Je sais que pendant sa grossesse, ma mère s'évanouissait souvent . A l'accouchement, elle respirait un gaz anesthésiant chaque fois qu'elle avait une douleur . Je sais aussi que je suis née sans crier car j'avais des peaux dans la gorge . Puis, à l'âge de 6 mois, suite à un feu de cheminée, j'ai été sevrée brutalement (du sein) et placée chez mes grands-parents, le temps de remettre la maison en état . Ca fait beaucoup d'empêchements ...
Merci Allain pour votre explication . C'est un fait que je me suis toujours sentie fusionnelle avec ma mère, surtout pour veiller à ce qu'elle soit heureuse . Mais elle ne répondait jamais à cet amour inconditionnel que j'éprouvais . Mes parents ont vécu pendant 10 ans (de mes 4 à mes 14 ans) en chambres séparées . Ma mère avait un amant mais il était marié . Plusieurs fois, elle a simulé son départ en faisant sa valise et en sortant de la maison en disant à ma soeur et à moi que nous étions insupportables . Nous hurlions et la suppliions de rester en promettant que nous serions sages désormais . Elle partait (attendait sous le porche, m'a-t-elle confié plus tard) . Pour moi, le monde s'écroulait . Je me souviens parfaitement que je me posais la question de savoir qui allait me nourrir, me vêtir, s'occuper de ma survie, sachant que j'étais trop petite pour travailler et gagner ma vie . Et elle revenait 15 minutes plus tard en nous disant :"Quoi ? Vous avez cru que j'allais vous abandonner ? Venez m'embrasser !" Objectivement, mon père était parfaitement capable de nous entretenir, il savait cuisiner (il mangeait à part) et nous emmenait en vacances . Mais ma mère nous a toujours seriné que notre père était incapable de s'occuper de nous, alors je le croyais, malgré les preuves évidentes du contraire . Et comme vous y faites référence, il y a eu effectivement de la violence . J'ai assisté à beaucoup de violence conjugale, et les fessées n'étaient pas rares non plus, à la maison comme à l'école où j'étais plutôt cancre . Heureusement, je crois que ce qui m'a "sauvée", c'est l'indifférence de mes parents pour ma scolarité et ma vie en général, ce qui m'a permis de passer de longues heures à jouer dehors et à toute occasion . Il faut reconnaître que nous étions gâtées en jouets . Mon père nous en a fabriqué beaucoup aussi . Et vous pointez le fait qu'il y a une angoisse d'aller plus loin et un empêchement de se réaliser à hauteur de ses capacités . Justement, cette épreuve récente que j'ai subie a en même temps débloqué quelque chose . Je commence enfin à perdre la peur de la réaction des autres, à oser m'affirmer plus dans la vie quotidienne, à prendre des initiatives, à accepter de me faire plaisir, à arrêter de donner la priorité aux désirs des autres . Je suppose que les symptômes physiques que j'éprouve en ce moment sont des indicateurs provisoires qui évolueront en même temps que mon état de conscience intérieur .
Je n'avais pas l'intention de venir m'étaler ici (tiens, c'est le mot qui m'est venu !) pour "raconter ma vie", mais c'est vrai que ça fait du bien, ça soulage de s'exprimer en confiance . Et puis, c'est peut-être une manière de vider mon sac, de faire le vide donc, pour le remplir autrement ...
Merci encore à vous .
linda
Tomber dans le vide
M.Christine,en lisant votre rêve,un souvenir a fait surface.
Je me souviens,que lorsque j'avais 5 ans,environ,je faisais un rêve qui me faisait peur. Je tombais dans une cave,il faisait très noir,et je plongeais très vite dans le vide,je voyais des yeux qui me regardait,je tremblais.
J'ai fait ce rêve souvent,c'était à l'époque où j'ai du rester à l'hôpital plusieurs mois pour une opération au jambes,ma mère qui ne pouvait pas venir me voir souvent,elle habitait à la campagne,et moi j'étais hospitalisée à Montréal.
Pour les yeux,dans mon rêve,je me souviens,que j'avais peur à l'époque des médecins et des infirmières qui avaient un masque dans la salle d'opération,je ne voyais que les yeux de ces inconnus,et pas ceux de ma mère.
Je crois avoir eu peur à cette époque d'un abandon de sa part,quand elle venait me voir,je ne comprenais pas pourquoi elle ne me ramenait pas à la maison.
Quand j'ai finalement quitter l'hôpital,je n'ai plus jamais refait ce rêve