La question demande de faire un distinguo :
1) - Un père peut être souvent absent (j'entends physiquement) car immature : il a tendance à fréquenter ses copains de toujours à l'extérieur. Il ne se sent pas investi de sa fonction paternelle, se comportant en général à la maison de façon puérile. Il ne fait jamais ce qu'il dit ou ce qu'il promet. S'il joue avec son enfant (ce qui est assez rare), il se met au même niveau que lui et s'arrange pour gagner, quitte à tricher ! Il considère son héritier tel un rival...
> Dans ce cas, l'enfant se détache assez facilement de son géniteur, cherchant inconsciemment un père de substitution pour pouvoir s'étayer (grand-père, oncle, grand frère, voisin, enseignant, entraîneur sportif...). Il élira plutôt une figure masculine forte et compensera l'absence à sa façon. C'est un moyen de survie.
Dans les faits, ce père peut être taxé de " mauvais " mais il s'agit avant tout d'un profil névrotique oral. Ses pulsions libidinales sont quasiment restées bloquées à un stade de son développement psychogénétique où le principe de plaisir envahit tout l'espace, est premier et guide la vie. Pour ce type de père et dans son psychisme, l'enfant n'a pas de consistance propre. Quand il le regarde, c'est lui qu'il voit petit. Cet homme, qui n'a pas suffisamment grandi psychologiquement, est dans une grande confusion qui amoindrit considérablement le sens de ses responsabilités.
2) - Si un père est très absent en raison de son travail, l'enfant en ressentira une grande fierté.
> Dans ce cas, l'enfant admet sans difficulté que son géniteur passe un grand nombre d'heures en dehors du toit familial pour gagner de l'argent, le nourrir, subvenir à tous ses besoins. La figure paternelle est alors inscrite dans le " faire ". Le père apparaît protecteur.
Dans la réalité, même si cet homme est tenu très éloigné de son enfant de par ses obligations professionnelles, il ne peut en aucune manière être envisagé comme un " mauvais " père puisqu'il assume ses devoirs.
Il est à noter toutefois que l'inconscient de l'enfant peut imaginer les choses tout à fait autrement et les déformer. Ainsi, Marie, incapable de se stabiliser professionnellement, dont le père, " voyageur de commerce " dans les années 60, partait toute la semaine et parcourait différents départements qu'il évoquait chaque dimanche soir à table pour donner son itinéraire à sa femme : Marie fantasmait, enfant, qu'il partait tout le temps en vacances et ne travaillait pas !