C'est pas grave !

Portrait de Chantal Calatayud

Ce début de XXIème siècle est pour le moins surprenant... Il suit (c'est une lapalissade...) la deuxième moitié du siècle précédent certes mais dans une singularité déroutante : la banalisation. C'est ainsi qu'à longueur de journée nous entendons dire, ou nous disons nous-mêmes : Il y a des choses plus graves ! Le problème, c'est qu'à force de le répéter, nous finissons par nous en convaincre et aboutissons de la sorte à une dépersonnalisation.

Il est vrai que deux guerres mondiales sur le sol français à 25 ans d'intervalle ont eu de quoi nous faire réfléchir. Que sont nos bobos quotidiens au regard de la déportation ? Toutefois, nous en arrivons à oublier un processus fondamental : la bienveillance vis-à-vis de soi et... d'autrui.

. Caroline a un cancer du sein. Le traitement intensif qu'elle reçoit l'épuise depuis des mois. Ça se voit sur son visage mais elle ne se plaint jamais. Sa soeur n'est-elle pas trisomique ?
. Jean-Pierre travaille très dur dans sa petite entreprise de carrelage. Il a longtemps nourri le rêve que son fils unique fasse des études. Celui-ci, âgé maintenant de 20 ans, a arrêté le lycée en seconde. Il ne fait strictement rien de ses journées, sort plusieurs soirs dans la semaine, se lève très tard, a de mauvaises fréquentations... Il va réagir, dit son père. Il est très jeune encore. Il rappelle que de son temps à lui, la majorité était à 21 ans, soulignant que son héritier va encore mûrir et ainsi parvenir à se responsabiliser...
. Michelle a eu son sac à main arraché dans la rue par un délinquant. Jetée au sol, elle a écopé d'une fracture des os de l'avant-bras gauche. Ça aurait pu être tellement plus grave, assure-t-elle, d'autant qu'elle est droitière et qu'elle parvient à se débrouiller...

Ces trois exemples mettent en exergue que l'être humain, auquel on a appris à se contenter de ce qu'il a, en arrive à s'automanipuler !

Changer s'avère absolument impératif pour le bien de tous. Les conditions :
. Revisiter ses croyances
. Abandonner ses illusions sur les mentalités actuelles
. Stopper toute confusion concernant les comportements.
Ces trois fondamentaux sont véritablement indispensables pour avoir une prise de conscience qui permette d'entrer dans la nécessité de refuser le nivellement par le bas. Regardons où nous en sommes de l'orthographe, de la bienséance : le constat est affligeant. Une amie me disait qu'elle avait fait remarquer à sa fille que son ado, qu'elle avait accueilli quelques jours en vacances, se tenait mal et ce, en tout occasion. La maman lui a répondu que ce qui comptait aujourd'hui, c'était l'argent et que les histoires de coudes sur la table et les règles de savoir-vivre étaient devenues obsolètes !

Disons que le monde moderne est fabuleux abordé en terme de progrès mais quant au respect de soi et des autres... On assiste objectivement à une régression empreinte de réduction. Et ça, pour moi, c'est grave...

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Commentaires

Portrait de Gilbert

Je suis entièrement d'accord avec vous. J'induisais dans un autre contexte ,sur une discussion à propos de Jung, le flou artistique de la tendance new age mal comprise qui nous fait croire que tout va bien dans le meilleur des mondes. Cette pseudo " Pensée positive " occulte, à mon sens, toutes les différences. J'ai vu sur un blog l'expression " Je nous aime ".  Bien en soi... Mais où va-t-on ? Bientôt on va se faire engueler parce qu'on s'oppose aux dérives de tous ordres. Ces dérives dont vous parlez, Chantal ! " Je va bien oui ! mais tout fou l'camp ". Oui, le fou croit qu'il va bien... C'est là le piège !

Portrait de Lilou.G

Un blog qui remet les pendules à l'heure, ça fait du bien ! Et en tant qu'enseignante, je peux vous ire que je sais de quoi je parle...
Je suis prof d'anglais dans un lycée qui cherche à maintenir un cadre grâce, en partie, à un proviseur de grande qualité. Un peu avant les vacances de Pâques, un élève de classe de troisième fumait un joint tranquillement devant l'établissement. Un professeur qui sortait du lycée à ce moment-là, voyant la scène surréaliste, a commencé à semoncer l'ado. L'horreur : il a insulté cet homme de 50 ans, lui jetant des grossièretés à la figure, lui disant qu'il fumait en dehors du lycée, que ça ne le regardait pas, qu'il n'était pas flic, que si il continuait à l'" emmerder " il allait en parler à ses parents et que son père viendrait lui casser " sa seule gueule de con ", tout ça en le tutoyant !!! J'ai rejoint mon collègue qui a décidé de laisser tomber... Je le comprends ô combien... Et le lendemain le grossier personnage était au lycée comme si de rien n'était, avec sa cour autour de lui, fier comme " bar tabac ", racontant visiblement la scène à la sauce marseillaise !
Mais pour moi aussi, tout ça C'EST GRAVE.

Portrait de Patricia B.

sur tout les sujets difficiles depuis toujours la phrase que l'on me disait et dit encore il y a plus mlaheureux que toi; et quand je réfléchit c'est vrai donc j'ai un processus qui c'est fait en moi de mettre des couvertures aux dessus de mes souffrances pour ne lus m'en occuper j'ai fait depuis toujours ; Et je trouve que cela est grave car étouffer des souffrances elles ne fonf que revenir plus tard en plus fort; et là tout deviens ingérable. je sais pas si je suis dans le sujet mais c'est ces trois exemples qui sont touchnat et bien réaliste

Je trouve moi aussi que tout fou le camp comme dit Gilbert. Et je pense depuis quelque mois que étouffer tout ce que l'en ressent est pire que crier un bon coup ce qui va pas. j'ai réagit comme cela après une hospitalisation en decembre 2013 pour un ulcére a l'estomac d'angoisses et il avait perforée et c'etait recicatriser mais il etait toujours là je suis restée 5 jours a l'hôpital dont 70 heures avec une sonde dans le nez pour tout évacuer )pour éviter le bloc, et c'est le chirurgien qui ma dit assez durement pour que je réagisse arrêter de tout garder poussez un bon coup de gueule quand vous etes pas d'accord! Et depuis ce jour je me bat pour agir plus en victime en me disant il y a pire que moi, je réagit pour évacuer le probléme et je pense que une souffrance ne se compare pas nous sommes tous differents

Merci

Portrait de Jielgeai

Certes notre génération à eu la chance de ne pas connaître de  troisième guerre mondiale. .. tant mieux!

Comme disait la mère de Napoléon: " Pourvou qué ça doure! "....

Il n est pas interdit de regarder le ciel et son immensité et la mer dans toutes ses profondeurs et ses horizons renouvelés sans cesse.

Si nous voulons aider ceux qui ont du malheur, faisons montre de dynamisme,  de joie de vivre!

Nous avons tous nos bobos, nos soucis et nos peines. .. étalons les moins... voilà tout.

La théorie des apparences ( chère à mon coeur) à du bon, vous savez....

Allez, la Bise!

Portrait de Frédérique Tirtiaux Psychanalyste Art-thérapeute

Ce qui me semble génant c'est ce manque d'analyse que l'on rencontre chez beaucoup de personnes.

Vous avez ceux qui n'ont pas quelque chose et qui vous diront que ce n'est pas grave.  Et ceux qui ressentent la fin du monde parcequ'ils n'ont pas le dernier téléphone à la mode. Ce qui me semble plus grave, c'est ce manque de discernement entre l'être et l'avoir. Il n'y a pas de juste milieu , nous somme dans le tout et tout de suite, ou le laisser aller sans combativité.

Et pourtant la combativité, qui ne veut pas dire la guerre, est une force inestimable pour avancer dans la vie. Lorsque la colère, au lieu de se tourner contre les autres, devient de l'énergie pour avancer, nous évoluons. 

Il y a toujours eu des différences. Le principal consiste à ne pas le vivre comme une injustice, ni comme une fatalité. Pour cela il est souhaitable d'être actant de sa vie. Il faut prendre sa place.

Portrait de Jielgeai

La fin des dinosaures, le massacre des chrétiens, l'holocauste ses juifs, les guerres, les épidémies....

Vous imaginez si TF1 avait existé à l'époque, la névrose planétaire!!!!

On se bat, on se redresse, on essaie de sourire et on avance. IL N'Y A PAS D'AUTRE CHOIX!

N'attendez de ma part, ni litanie in jérémiade.

Désolé.

Portrait de Jielgeai

Mais on DOIT faire avec.

Portrait de Céline DAVID

Puisque c'est grave, alors pourquoi dire : "Ce n'est pas grave !" A force de dire à tout va : C'est pas grave ! il y a effectivement une banalisation de tout.

Dans l'absolu, c'est vrai. Tant qu'il n'y a pas mort d'homme, il n'y a rien de grave ! Mais au quotidien, c'est usant, c'est irrespectueux, d'entendre toute la journée : C'est pas grave !

Même pour des petites choses en apparence insignifiantes.

Exemple : J'ai une ado de 16 ans à la maison, je lui fais son repassage (quand elle n'a pas le temps de le faire elle même !) et lui pose le linge bien repassé sur son lit pour qu'elle le range. Au bout d'une semaine, le linge a fait le tour de la chambre, du lit, il est passé sur le bureau, du bureau, il a sauté sur la chauffeuse..... quelque fois en passant par le sol...

Et bien sûr, je fini par crier et j'entend : "ça va ! c'est pas grave !" Hé bien, non, ça va pas ! et oui, c'est grave !

Parce que je pense que c'est un manque de respect pour mon travail. J'ai passé du temps à faire ce repassage et elle ne respecte pas mon travail.

C'est un exemple parmi des dizaines et je suis certaine que beaucoup vivent ce genre de situation chez eux au quotidien.

Alors, OUI, je suis d'accord avec Chantal CALATAYUD. Il faut que cette banalisation cesse. Il faut réintroduire, dans l'éducation de nos enfant le respect de soi et des autres tout en faisant attention de ne pas tomber dans l'excés inverse, une éducation trop psychorigide.

Tâche difficile, que de trouver le bon équilibre, pour chacun. Mais c'est à ce prix que nos enfants prendront conscience de la valeur de la vie et des choses....

Céline DAVID.

Portrait de Catherine H Psy

Bonjour,

"Y a pas mort d'homme..." disait Daroussin dans le film "Mes meilleurs copains".

Et si, effectivement, la mort peut-être grave, la vie aussi! Sans vouloir entretenir la plainte, banaliser à outrance une situation difficile à vivre, est péjoratif pour soi: en effet, si rien n'est grave, rien n'a de valeur. Et où trouver alors l'énergie pour que ça change, pour évoluer? Si la situation est supportable,- car "il y a pire"-, comment  espérer envisager autrement cette situation?

Ce que chacun dit, ce que chacun fait, ce que chacun vit, a de l'importance, et personne ne devrait laisser entendre  le contraire, surtout pas soi -même!

Portrait de Gerardine Yung

Lol

Faut m'expliquer je n'ai pas tout compris ????  Lol

Nous devons faire attention de ne pas dire ce n est pas grave ! mais nous ne devons pas, nous plaindre ??? Alors que faut il dire ??? Smile

Moi parfois comme aujourd hui j ai eu une journée pourrie, alors je me dis ca ira mieux demain, d'autant plus, j ai mon analyse demain! Mais j'aurai envie de crier que ce n'est pas juste, avec un peu de recul, je me dis c'est ce que j'attire et pourquoi?? Mais ce n'est pas comme cela que je vais avoir une réponse rapide... (rire)

Portrait de Sofia M

En fait, ce que signifie cette pensée c'est qu'il existe des choses graves dans la société, dans sa vie personnelle, qu'il faut les identifier en tant que telles mais qu'il ne faut pas en être affecté... Selon moi, cette mise à distance est extrêmement difficile mais il me semble qu'il s'agit d'une des formes de travail sur soi parmi les plus importantes.
Je sais que ce sujet, ou des sujets similaires, sont largement débattus sur les forums et les blogs de Signes et sens.com. Je pense que si vous prenez peine de les chercher et de les découvrir, vous allez avoir des pistes et des outils très pratiques. Si vous éprouvez malgré tout des difficultés, n'hésitez pas à venir en parler parce que je sais qu'il y a parmi les foromers des personnes très qualifiées dans ce domaine psychologique un peu ésotérique...

Portrait de Gerardine Yung

Oui je vous remercie vous m éclairez un peu . 

Portrait de cricri

Je rejoins la position de Sofia : il n'est pas question de nier la réalité quelle qu'elle soit mais il faut arriver à l'accepter en utilisant la neutralité.
Personnellement, j'ai une de mes filles qui semble ne jamais trouver le bon chemin et qui peut m'inquiéter beaucoup. Quand elle m'angoisse trop, je mets devant moi les attitudes chez elle qui m'angoissent. Je ne cherche pas à les chasser car, si on veut s'en débarrasser, elles reviennent en force, parfois à quelques heures ou quelques jours d'intervalle. Mettre ce qui m'angoisse devant moi ne signifie pas que j'analyse la situation : il ne faut surtout pas se dire " Pourquoi elle fait comme ça ? " et " Que pourrais-je faire pour l'aider à changer de comportement ? "... Surtout pas ! Il faut se dire au contraire : " J'ai le droit de ressentir de l'inquiétude par rapport à ma fille" mais c'est tout. Il ne faut en aucun cas imaginer le moindre scénario de ce qu'elle peut me cacher ou quel sera son avenir... Quand j'agis de la sorte (ce que je fais maintenant depuis quelque temps), l'angoisse disparaît pour laisser place à une émotion positive et parfois même au fait qu'elle me téléphone gentiment ou qu'elle passe à la maison alors que ce n'était pas prévu... Ou alors c'est une autre de mes filles qui m'appelle avec une bonne nouvelle !
Il ne faut donc pas nier la réalité d'une situation négative mais avoir conscience qu'elle est là pour nous faire grandir : en l'envisageant comme un cadeau, la situation fait disparaître l'anxiété parce que ça n'intéresse pas du tout notre ego qu'on utilise le négatif comme un privilège !

Portrait de Danièle-Dax

Je vais témoigner à ma façon pour contribuer à aider Gérardine Yung...
Quand notre fils avait l'âge de 8 ans, nous habitions une villa dans un "gentil " quartier de notre petite ville de province. Dans le jardin, il y avait une piscine, chose assez rare à l'époque... Notre maison était encadrée par une dame retraitée, charmante, d'un côté et de l'autre côté par un vieux grincheux retraité aussi... Notre fils invitait souvent deux petits copains à se baigner et ils s'amusaient à plonger, à l'époque ils disaient qu'ils faisaient des "bombes"... Ces plongeons faisaient un peu de bruit mais sans plus... Et puis c'était l'après-midi. Le vieux grincheux rouspétait, sortait de chez lui, en hurlant (oui ) qu'il en avait marre et qu'il ne pouvait pas faire la sieste. La dame adorable me disait toujours qu'elle trouvait agréable d'entendre les enfants jouer dans ce quartier de retraités, que ça mettait de la vie...
Une même anecdote. Deux réactions différentes.
Ce Monsieur a eu un cancer de l'estomac dont il est mort assez rapidement.
Cette dame est morte dans son lit, très, très âgée (97 ans)...
Pour résumer, bien sûr que ces enfants faisaient un peu de bruit mais la façon d'envisager ce bruit a fait toute la différence chez ces deux retraités : le bruit c'était la réalité mais ce Monsieur aurait dû s'interroger sur ce qui le gênait dans ce bruit. J'ai peut être une explication: cet homme était un ancien alcoolique. C'était peut être l'eau qui était photogène pour lui... Mais les enfants n'y étaient pour rien...
Quand une situation nous affecte, il ne faut pas essayer de la juger car cette réaction reviendrait à se juger soi... Il est juste nécessaire de se dire que ce scénario nous est pénible car nous avons le droit de ressentir l'aspect désagréable d'un événement mais il faut ne pas laisser s'immiscer la notion de jugement...

Portrait de Gerardine Yung

Oui vous avez raison Danièle, il faut que j y arrive !!! Je vous remercie pour votre aide

Portrait de Mireille-cogolin

Être angoissé c'est juger!
Je vais travailler ce processus que je n'avais pas encore vu sous cet angle...
Quand je pense à certaines situations qui me déclenchent des angoisses, c'est vrai qu'il y a toujours du jugement qui les accompagne... Je ne suis vraiment pas à la hauteur quand j'agis comme ça parce que ça veut dire que je ne respecte pas ce que Dieu met sur ma route... Et le comble qui me fait honte, c'est qu'ainsi je juge Le Seigneur! C'est atroce ce que je viens de ressentir...

Portrait de Gerardine Yung

Tout à fait d'accord avec vous je n accepte pas moi non plus . C est dur pour moi  Mireille. 

Portrait de Frédérique Tirtiaux Psychanalyste Art-thérapeute

Le « ce n’est pas grave » n’est-il pas  la peur déguisée de « ce pourrait être plus grave » ? Lorsque l’on pense  « plus grave », l’imaginaire est très actif pour aller chercher « le pire du pire ».

Le résultat ne se fait pas attendre : pour éviter d’avoir à faire face au pire imaginé, il est préférable de relativiser, voire de rationaliser, ce qui n’apporte rien.

A force, tout va tomber dans une forme de banalité… Je dirais que ce n’est pas grave de tomber, ce qui compte c’est de se relever.

Dans cette peur du pire il y a une forme de mauvais lâcher prise avec pour fond « ça sert à quoi ? », « c’est pourquoi faire ? », « on s’en fout » ou « tout le monde s’en fout », « ça ne me dérange pas »… ces petites phrases que nos adolescents aiment à répéter, mais il n’y a pas  qu’eux, c’est là que le « c’est grave apparaît ».

 

Je remercie Chantal Calatayud pour ce sujet qui me parle beaucoup.

Depuis toujours, je me trouve paralysée devant une feuille, l’orthographe est mon « c’est pas grave » et pourtant, si l’on veut communiquer avec les autres et s’exprimer avec la plume, il est essentiel de maîtriser notre langue écrite avec brio. Cela fait un petit moment que je tourne autour du pot et me demande comment l’éviter. Mais rien n’y fait. Si je veux communiquer, il me faut me rendre à l’évidence que je ne pourrai pas  déjouer ceux qui me lisent.

 

Nous ne pouvons pas réellement prendre notre place tant que nous subissons notre propre faux « lâcher prise » par peur de juger ou d’être jugé. Il est parfois difficile de mettre en suspens nos émotions, nos affects, afin de réellement lâcher prise, avec l’envie de se respecter et de respecter les autres.

 

Portrait de Isabelle

C'est vrai qu'un véritable travail d'analyse et donc aussi d'autoanalyse, m'a permis de sortir d'une dramatisation démoniaque, pour ma part... Mais là où je rejoins les post ci-dessus, dédramatiser n'induit pas effectivement, que nous devions tout accepter pour autant. Le travail d'analyse, Dieu merci, par le biais de l'individuation apprend aussi à ne pas dire "amen" à tout... Bien au contraire. C'est là que c'est toujours un peu plus difficile... Car alors, ne pas tout accepter, et donc induire pour soi et quelques autres que "ça" peut être "grave", revient aussi à bien évaluer ses propres limites autant que les limites posées par la loi. Autrement dit "qu'est-ce qui est bon ou pas pour moi" à envisager toujours dans le sens protecteur. Heureusement que la plupart des parents, ont encore bien à l'esprit, que les règles de bienséances, par exemple, c'est important, ne serait-ce que sur un strict plan du respect dans la relation au sens large... Et c'est vrai, que c'est quelquefois un peu "usant" de répéter sans cesse les mêmes choses à un ado, du style : "Mets ton linge sale dans la panière, et à l'endroit, s'il te plaît"... (là effectivement en soi, rien de dramatique...) mais si déjà, ces petites règles ne sont pas intégrées, qu'en sera-t-il alors des plus importantes ? Car alors, cela revient à induire, au bout du compte, "ce n'est pas grave" si tu ne respecte pas les règles... Il y a quelques jours, mon plus jeune fils réagissait "au coup de boule" (encore !) d'un célèbre joueur de football au sortir d'un match, dans les couloirs du vestiaire. Il trouvait un peu exagéré, les sanctions envisagées par la FIFA à l'encontre de ce joueur. C'est toujours important, sur des faits comme celui-là, de faire un rappel à la loi à l'instant "t" en tant que parent aussi... D'ailleurs, au fil de la discussion, nous en sommes arrivés à la conclusion, que lorsqu'on transgresse, les limites dépassées ne peuvent que conduire à un sytème anarchique, n'amenant que chaos et destruction. Et même si ces rappels sont tout autant valable pour soi, sous d'autres formes, au quotidien, le simple fait que ce même fils, 2 jours après cette discussion, s'autorise à aider la voisine du 2ème étage à monter ses courses, me permet aussi à moi parent, de "vérifier" qu'il semble avoir intégrer certaines règles de savoir vivre, et j'en suis très heureuse pour lui, ce que j'ai d'ailleurs verbalisé, en le félicitant pour cette heureuse initiative. Pour le plus grand nombre d'entre nous, dans l'éducation que nous recevons, il s'agit de reconnaître ces règles protectrices, indiscutables pour le bien de l'Humanité. Cela commence par soi-même... Peut-être est-ce d'ailleurs une partie de ce qu'induit "Tu honoreras tes parents comme toi-même"...

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Aucune relation humaine évolutive ne me paraît possible sans l'acceptation de certaines règles du jeu ( qui deviennent d'ailleurs des règles du Je). Ce n'est pas pour rien d'ailleurs que Sigmund Freud a établi un certain nombre de règles pour sécuriser la cure psychanalytique. Cure, qui a paradoxalement pour sens de déshiniber le Sujet. Une fois librement acceptée, plus question de transgresser, l'analyste devenant le garant de la loi.

Il en est de même dans la société : c'est grave de brûler un feu rouge. C'est grave de conduire en état d'ivresse. C'est grave de commettre un cambriolage, etc. Une dérive faussement psychologisante issue de mai 68 a incité un pervers " Il est interdit d'interdire " dont nous subissons encore les conséquences aujourd'hui. Le slogan " Ni Dieu, ni maître ! " n'a pas donné les fruits escomptés, bien au contraire. Peut-être peut on se débarraser intellectuellement de tout " Surmoi " mais c'est au risque et péril de l'Humanité. La vie, quoi qu'il en soit, possède ses lois et nous savons, nous les psychanalystes, que les rétorsions existent. Avant que le monde soit définitivement KO, il serait bien de s'interroger afin d'accepter qu'il existe des règles du Je, et ce pour notre plus grand bien ainsi que pour celui de notre alter ego (semblable mais différent). Un grand merci à Carole et à vous, fidèles foromers, pour ce rappel salvateur.