Juger ou analyser ?

Portrait de Chantal Calatayud

Notre héritage transgénérationnel religieux quel qu'il soit nous assène une culpabilité encombrante lorsque nous avons le sentiment d'avoir critiqué un proche, un associé, son conjoint, son enfant, un parent... La fameuse semonce chrétienne de la paille et de la poutre peut même nous torturer longtemps sur des effets d'après-coup réprobateurs. Pour autant, il est difficile de ne pas parler à qui de droit des dérives d'un professionnel qui finirait par mettre l'entreprise en péril. Il est tout aussi délicat de ne pas finir par avouer à son partenaire que sa mère est envahissante et se mêle de ce qui ne la regarde pas. Comment ne pas évoquer aussi avec son voisin de palier le vacarme récurrent du locataire du dessus ?

Pour se libérer d'une mauvaise conscience éventuelle et injustifiée, il suffit d'établir un discernement objectif et non pas projectif. Si les faits reprochés sont démontrables, il s'agit d'une analyse et, dans ce cas, la culpabilité n'a pas lieu d'être. D'ailleurs et dans un registre dramatique, heureusement que les camps de concentration ont été dénoncés... Par contre, si au cours d'un repas on " taille un costume " à une personne absente, à l'aide de rationalisations de pacotille, il s'agit d'un jugement et là, gare aux rétorsions immédiates : sommeil perturbé dans les heures qui suivent, réveil amer sanctionné par des regrets : " On ne m'y reprendra plus ! Plus jamais je me laisserai entraîner à dénigrer untel "... Mais que celui qui n'a jamais péché...

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Commentaires

Portrait de Luce Psy

Il dit tout avec raison, sagesse, élégance, humanité...

Merci.

Portrait de Younes

Moi aussi j'ai beaucoup aimé ce blog. Cette différence entre jugement et analyse est importante à connaître pour moi. Ma langue parfois se précipite et fait des dégâts à autrui mais aussi à moi. Quant à l'analyse, elle prend le temps de la démonstration objective et fait ainsi avancer les choses dans le bon sens. Merci.

Portrait de Lakshmi

J'ai aussi apprécié cette mise au point qui fait sortir d'une certaine confusion aux allures de béni-oui-oui. Appliquer le terme de  " voleur  " à celui qui a fait un braquage et protéger la société en le condamnant après un procès relève d'un comportement réaliste. L'analyse, dans cet ordre d'idée, appelle un chat un chat, ce qui n'a rien à voir avec les " procès d'intention " que l'on fait souvent sans preuve, simplement pour se défouler. Un discernement à avoir toujours à l'esprit, même si je fais moi-même pas mal d'erreurs d'appréciation au quotidien par manque de réelle évaluation. Je me joins aux foromers précédents pour remercier Chantal Calatayud pour ce rappel important.

Portrait de Aurélie

Faire preuve de discernement en faisant la différence entre objectivité et projectivité... Voilà qui me parle tout particulièrement. Merci.

Portrait de Michèle

Essentiel et très instructif.

Portrait de Mireille-cogolin

Je prenais jusqu'à ce blog le non-jugement comme une obligation quel que soit le cas de figure. Du coup, dès que je disais ce que je pensais de quelqu'un qui allait un peu trop loin dans ses comportements, je culpabilisais. Je viens de bien saisir la nécessité de prendre en compte une réalité vérifiable par d'autres... 

Portrait de cricri

Le contenu de ce blog me fait dire combien il serait important que la transmission " lapidaire " des religions ne fasse pas l'impasse sur cette différence de vocabulaire... Ça éviterait de se taire à mauvais escient ou d'être persécuté par le remords alors que la parole libérée était vraie, fondée et, par voie de conséquence, protectrice... Un sujet qui m'a fait du bien !

Portrait de Vincent

Dépolluant de surcroît !

Merci.