Tous les mois de décembre depuis des années, Francis assurait à sa famille que ça y était, cette fois-ci c'était la bonne, il arrêterait le tabac le 1er janvier !
Au bout d'une semaine, Francis n'en pouvait plus et reprenait le chemin du buraliste... Au début, sa famille le lui faisait remarquer et il... s'énervait ! Et puis, de guerre lasse, elle n'a plus relevé. Francis a continué à fumer jusqu'au jour où toussant plus que d'habitude, il a consulté son médecin qui lui a demandé une batterie d'examens : prises de sang, radiographies... Le couperet est tombé sur l'alerte quinquagénaire : cancer du poumon.
Francis a d'abord accepté le diagnostic (" Tout ça, c'est de ma faute ! "), il s'est battu, puis débattu devant la lourdeur des traitements pour parfois se révolter contre cette " chienne de vie ", et puis s'est résigné... Il est devenu peu à peu l'ombre de lui-même, sachant très bien que le combat était perdu d'avance compte tenu des allusions ouvertes du corps médical. Francis a perdu la partie il y a quatre jours : je rentre de son enterrement...
Difficile d'arrêter l'addiction tabagique car, malgré une motivation sincère, l'inconscient peut persister à verrouiller la libération. Beaucoup de disciplines psychologiques d'ailleurs contribuent à aider au sevrage mais les échecs restent légion.
Les chiffres alarmants de décès annuels liés à cette pathologie ne suffisent paradoxalement pas à sensibiliser la population atteinte par ce fléau dévastateur et à enrayer le processus. Triste constat : en France, le tabagisme tue 60000 personnes annuellement ! L'équivalent d'une ville radiée carrément d'une carte, ou - autrement formulé - 165 morts par jour... Pourtant, les registres professionnels doués d'altruisme et d'empathie, comme la médecine, le journalisme, les sciences humaines en général, donnent l'impression de ne pas baisser les bras : les publications fleurissent, proposant des stratégies intelligentes pour vaincre le démon, et même des substituts, avec des résultats infinitésimaux au bout du compte... La raison ? Il existe chez tout être humain - et chez le fumeur en particulier - l'épouvantable fantasme du manque. Ainsi s'appuie-t-il sur ce qu'il peut pour combler sa sensation de vide, ce que Sigmund Freud appelait " étayage "... Des preuves ? Beaucoup d'anciens fumeurs disent qu'ils ont compensé l'arrêt de la cigarette par davantage de nourriture. Quant au malade de l'alcool, il se " remplit " régulièrement dans la journée, biberonnant à sa façon...
En fait, le danger rôde tant que la personne souffrant d'addiction n'a pas l'objectivité vis-à-vis d'elle-même d'apprécier tout ce qu'elle a. Se remémorer au quotidien cet état de fait, de préférence plusieurs fois par jour, n'est du reste pas facile car la culpabilité peut s'immiscer dans cet exercice mais l'assiduité à le faire rassasie progressivement. Lister, y compris les plus petits bonheurs, est une gymnastique de l'esprit qui fait des miracles et qui vaut la peine d'être essayée et pratiquée, le " must " consistant à s'endormir en passant en revue tous les cadeaux de la vie dont le dépendant au tabac, en l'occurrence, bénéficie aussi.
Pour parvenir à se débarrasser du drame que vit le fumeur en terme de santé, il faut donc une solide persévérance. Toutefois, le moyen efficace qui consiste à voir la bouteille à moitié pleine plutôt qu'à moitié vide participe véritablement à quitter la prison psychologique où le tabac régnait jusque-là en maître absolu.
Commentaires
Ludo_437
Un cas clinique et des chiffres qui font peur...
J'ai la chance de ne pas fumer. Mais ce blog va - je l'espère - m'aider à ne jamais céder à la tentation de basculer du côté de cette addiction... Merci.
Gilbert
Merci Carole
Je fais malheureusement partie de ces êtres en manque dès qu'ils n'ont pas leur dose de poison. Conscient du processus autodestructeur mais impuissant - jusqu'à aujourd'hui - à y faire face. Je vous remercie, Carole, car vous tirez une juste sonnette d'alarme sans pour cela juger et jeter l'opprobe. De plus, vous m'encouragez avec votre solution des listes que je vais mettre en place dès aujourd'hui. Encore merci pour moi et pour tous ceux qui sont dans mon cas.
Charles
Explication et proposition de solution
Je trouve ce blog très positif. Il ne se contente pas de faire peur (ce qui est d'ailleurs une très bonne chose) mais donne des explications sur les causes et propose dans une 3ème étape une solution concrète à appliquer tous les jours. Je vais faire passer le lien à un ami musicien fumeur qui a tout essayé (sauf l'hypnose peut-être) et qui fume toujours. Je sais qu'il va apprécier car il sait que je ne porte aucun jugement sur son addiction, ayant été moi-même fumeur.
Jean
Un blog très inspirant
D'accord avec vous, Charles. Le blog de Carole Vallone ne se contente pas de dénoncer les dangers du tabac, ce que tout le monde sait - y compris les fumeurs - mais il ouvre à des possibilités de sevrage. Pour ma part, j'en suis à la cigarette électronique (moins nocive) mais je vais aussi appliquer la méthode de la bouteille à moitié pleine. Merci.
zab
Je crains que mon fiston fume comme ses frères
J'ai fumé jeune et j'ai arrêté avec ma première grossesse.
Je n'ai + jamais repris. Je ne sais pas pourquoi. J'ai eu de la chance. Par contre, mes deux grands fument et je ne voudrai pas que le + jeune s'y mette aussi. Je vais lui faire lire ce blog. Ça ne peut pas lui faire de mal.
Claire-13
C'est sur que ça fait peur
Je suis bien contente de ne pas avoir cette addiction.
En + j'ai apprit que dans les cigarettes les fabriquans mettes même de la mort au rat!
Ludo_437
Vous êtes sûre que vous ne confondez pas ?
Peut-être voulez-vous dire que des trafiquants de drogue mettent de la mort aux rats dans les joints ? Ça par contre je l'ai entendu dire... De toute façon, mort aux rats ou pas dans les cigarettes, c'est de la daube (pour rester poli).
Aurélie
J'ai arrêté il y a 4 mois
Et je tiens toujours ! J'ai eu un petit passage difficile ou j'ai failli craquer, il y a à peu près 2 mois et j'étais venue en parler sur le forum. Un vrai soutien moral et pleins d'astuces naturelles pour donner un petit coup de pouce... Je ne dis pas qu'il ne m'arrive pas encore d'en avoir envie (surtout si je sens l'odeur du tabac près de moi), mais c'est une telle liberté de ne plus fumer ! Que ça vaut vraiment la peine de s'arrêter... Et puis, en exemples, je ne tousse plus le matin au réveil, et je ne suis plus essoufflée lorsque je m'active ! Libre !
Cécile
Encourageant
Des témoignages comme le vôtre, Aurélie, sont encourageants. Je fume à l'occasion mais ce blog m'a convaincue pour stopper définitivement
Orlan
Surtout ne jamais commencer...
Et si on a commencé, surtout TOUT faire pour s'arrêter de fumer...
Oliver
J'ai cette chance
J'ai d'autres soucis mais j'avoue que je trouve que c'est une grande chance pour moi de ne jamais avoir touché à une cigarette. Quand je vois mon père qui se débat difficilement avec son addiction au tabac, je n'ai vraiment aucune envie de commencer. De l'argent qui s'envole en fumée alors qu'il ne gagne pas des mille et des cents et sa santé qu'il met en danger. Vraiment, une saloperie le tabac ! Désolé, mais ça me met en colère.
clémentine-78
Témoignage et hommage
Le chauffagiste de mes grands-parents m'a marquée tristement...
J'étais adolescente et j'aimais beaucoup ce monsieur qui " respirait " la gentillesse, la disponibilité, l'altruisme, l'honnêteté... Transfert diront les psys mais peu importe...
Un jour, nous avons appris qu'il était malade : cancer du poumon. Il fumait beaucoup avant sa maladie... Il avait cherché à former son fils pour le remplacer car il se savait certainement condamné par la médecine mais celui-ci n'était pas très dégourdi. C'est un euphémisme ! Mes grands-parents ont eu à nouveau besoin de ce chauffagiste qui continuait à travailler tant bien que mal car il avait sûrement besoin d'argent. Il était devenu d'une maigreur impressionnante... Déjà qu'il était très grand... Je l'avais entendu expliquer qu'il n'avait + qu'un poumon, ce qui m'avait effrayée. D'ailleurs, il était essoufflé. Il est parti de sa maladie, sûrement en + inquiet pour son fils. Sa petite entreprise a fermé. Quand je passais devant, j'étais très triste. Je n'ai jamais oublié cet homme. Je ne fume pas. C'est peut-être gràce à lui... Merci Monsieur G. de m'avoir effrayée...
Lakshmi
Un blog qui peut être un déclencheur
Mon compagnon fume, pas énormément mais c'est déjà trop. Le matin, il a droit à des quintes de toux - et moi aussi -. Je sais qu'il aimerait bien arrêter mais il a beaucoup de mal à se passer de sa nicotine. Ce serait bien qu'il lise ce blog et les commentaires qui vont avec. Ce pourrait être un bon déclencheur pour prendre une décision.
Kévin
Un blog bienfaisant
J'ai dans mon entourage des fumeurs contrôlés par leur dépendance. Malgré la toux matinale, ils n'arrivent pas à s'en passer. Votre blog est d'utilité publique, Carole. Fasse que des fumeurs aient le déclic rien qu'en vous lisant. C'est tout le mal que je leur souhaite. Une ouverture vers la liberté...