Grand retour dans l'actualité pour un symptôme très désagréable, invalidant, potentiellement grave en terme de santé pour la maman, voire pour le fœtus : l'hyperemesis gravidarum. Cette mise sous projecteur est liée au fait que Kate Middleton, déjà confrontée à ce trouble sévère de début de grossesse lors de sa première maternité, en souffre à nouveau depuis qu'elle attend un second heureux événement...
Outre le fait que cette récente information permet de désidéaliser un peu l'aura princière et d'humaniser des liens improbables qui ne le sont que dans l'imaginaire par identification projective interposée, il est intéressant que les médias parlent largement de cette catégorie quasi pathologique de nausées qui surviennent durant les trois ou quatre premiers mois de gestation.
Pour la médecine, l'hormone de grossesse (HCG) est sécrétée par le placenta dès l'implantation de l'embryon et sa très importante proportion serait à l'origine de ce type de nausées. Dans le cas de l'hyperémèse gravidique, des vomissements compulsifs entraînent une perte de poids notable, avec des risques de déshydratation qui peuvent conduire la future maman à être hospitalisée pour suivre un traitement adapté. Fort heureusement, un faible pourcentage de femmes sont concernées : environ 3 %.
Sur un plan psychanalytique, les jeunes femmes touchées présentent un profil psychologique angoissé. Elles sont dites abandonniques, subissant inconsciemment la lourdeur d'un héritage transgénérationnel particulièrement marqué : filiation quittant la terre d'origine, fausses-couches ou avortements, enfants malformés, décès d'enfants en bas-âge, mères célibataires, mères insuffisamment protectrices, ces scénarios se répétant à l'identique durant des siècles, à l'insu d'histoires conscientes, les secrets de famille œuvrant en sourdine...
Les psychogénéalogistes, lorsqu'ils établissent le génosociogramme de leur patiente, mettent en exergue - grâce à cette méthode - les compulsions de répétition : par prise de conscience interposée, l'abandonnisme chute chez la consultante. On assiste d'ailleurs de plus en plus à la venue de couples qui consultent pour faire établir leur propre psychogénéalogie, notamment dans le cas de stérilité psychogène, dans la mesure où l'inconscient ne choisit pas son partenaire par hasard. Sigmund Freud a du reste postulé de névroses familiales qui s'attirent et se complètent.
Pour en revenir plus précisément à l'hyperémèse gravidique et en sachant qu'elle peut se reproduire lors des grossesses chez une même femme, une consultation préalable à une nouvelle maternité peut constituer une précaution précieuse : trois rencontres avec le professionnel sont suffisantes pour comprendre d'où viennent les fixations abandonniques. Une démarche sage en terme de confort mais passionnante aussi puisqu'elle permet de faire connaissance avec ses aïeux...
Commentaires
Cécile
Une anticipation salutaire
A l'heure où l'on parle beaucoup de préparation à l'accouchement, notamment avec l'outil sophrologique, votre blog, Carole, ouvre des perspectives passionnantes. La psychogénéalogie au service de la maternité constitue donc une possible protection. La notion de névrose familiale me passionne. Elle ouvre des horizons que la seule génétique avait bouché. Merci pour cette info pratique : trois consultations pour comprendre sans subir par ignorance, c'est peu et beaucoup. Soyez sûre que je vais faire passer le renseignement à qui sera suffisamment ouvert(e) pour l'entendre :-). Ce serait vraiment dommage de passer à côté d'une telle opportunité de connaissance.
Isabelle
Un éclairage très parlant...
Merci à vous Carole pour ce sujet, qui me permet de parler de mon « expérience familiale », allant tout à fait dans le sens de ce blog. Issue d’une fratrie de trois enfants, je suis l’aînée, vient juste après moi, une sœur (1 an de différence) puis un frère (5 ans de différence). Ayant fait un travail analytique, j’ai « étudié » mes schémas familiaux bien évidemment.
Lors de ses grossesses, (à ma connaissance) ma mère n’a pas rencontré de difficultés particulières ni pour moi ni pour ma sœur. Par contre, la grossesse de mon frère a été beaucoup plus « compliquée », ma mère souffrant de très violentes nausées et vomissements récurrents, durant les 4 premiers mois. Ce qui entre autres, sur les conseils du médecin, fit que mon père cessa de fumer durant plusieurs mois… Cependant mon frère arriva en parfaite bonne santé, avec 15 jours de « retard » sur la date prévue. Au dire de mes parents, mon frère David, n’était pas un bébé souriant, et présentant très tôt, des angoisses nocturnes, qui n’ont jamais vraiment cessées. Même si j’étais moi-même très jeune encore, je me souviens particulièrement, que dans son lit de bébé, dont les montants sécurisés étaient en bois plein, pour s’endormir il cognait sa tête d’avant en arrière de façon répétitive… Ma mère était très angoissée par le développement de mon petit frère, disant qu’elle le trouvait lent : pour manger, marcher, l’apprentissage de la propreté…
Mon frère est décédé d’un accident de la route à l’âge de 11 ans. Ce décès, au niveau familial, a généré beaucoup de difficultés. C’est à titre personnel, une des raisons principales qui m’amènera quelques années plus tard à développer un travail analytique conséquent… Pour « simplifier » un peu, je me suis « penchée » de plus près sur l’histoire familiale… Hors côté maternel, il y a des décès d’enfants jeunes « vérifiés » au moins depuis les arrières grands-parents de ma mère, à chaque génération. Quant à ma mère elle-même, elle est née, après le décès en bas âge d’une sœur, et sa mère mourra alors que ma mère n’a que 2 ans. Si sur la branche maternelle, c’est très apparent, côté paternel, il y beaucoup de non-dits masquant en définitive des problématiques qui peuvent aller dans le même sens… mais déjà sur les aspects « visibles », ce sont les femmes qui « assument » les enfants, les pères étant soit décédés, soit partis… Il serait véritablement très long à énoncer ici, tout ce que l’analyse m’a permis de mettre à jour, sur le transgénérationnel, mais je tenais à témoigner, pour souligner l’importance et les répercussions positives car protectrices, d’un tel travail… Ne serait-ce que pour les générations suivantes… Il est bien évident qu’il n’est pas question de poser un déni sur la notion de destinée, mais je reste pour ma part persuadée, qu’il nous est cependant possible de « modifier » certains aspects dans sa propre trajectoire et tout de même participer à l’arrêt de certaines compulsions transgénérationnelles… Donc, travailler en psychogénéalogie, dans le cas précis de l'hyperémèse gravidique, par exemple, comme il est souligné ici, me semble véritablement du vrai bon sens pour tous...
Nathalie-196
Une possibilité de prévention pour ma fille
Ce blog et en particulier le témoignage très développé, très clair et très précis d'Isabelle, viennent de me faire comprendre que non seulement j'avais souffert d'hyperémèse gravidique pendant ma grossesse, alors qu'à l'époque on supportait nausées et vomissements très importants pendant la grossesse en croyant que c'était normal, mais les raisons de mes symptômes durant ma grossesse... Ils ont quand même duré 5 mois, accompagnés d'une très grosse perte de poids. Pour
ma part, voilà mon témoignage : je suis née de père "inconnu" et quand le père de ma fille a su que j'étais enceinte de lui, il est parti pour ne plus jamais revenir!!! Tout cet éclairage est extrêmement important pour moi car si ma fille décide un jour de démarrer une maternité, je lui
parlerai de la psychogénéalogie. Si elle ne veut pas consulter, vu qu'elle est très rebelle et qu'elle n'en fait qu'à sa tête, je trouverai toujours le moyen de lui expliquer ce que vous appelez l'abandonnisme...
luna_95
Je vais consulter un Psychogénéalogiste
Le thème de ce blog m'a beaucoup intéressée dans le sens où il explique les raisons inconscientes de l'hyperémèse gravidique.
Comme certains le savent sur ce site sur lequel je viens régulièrement, j'ai perdu mon bébé Enzo de la mort subite du nourrisson. Pendant mes quatre premiers mois de grossesse, j'ai souffert des symptômes de l'hyperémèse gravidique au point d'être hospitalisée. Dans ma famille et dans celle de mon mari, on compte beaucoup de décès d'enfants sur quatre générations à notre connaissance... Je n'ai pas pour habitude de développer des regrets, d'autant que je suis croyante et que je travaille chaque jour à accepter ma destinée, mais je me dis tout de même que si j'avais été au courant de la méthode en Psychogénéalogie avant ma grossesse, j'aurais consulté... D'autant que j'avais eu beaucoup de difficultés à tomber enceinte (2 fausses couches) et que je comprends mieux pourquoi maintenant avec les explications de Carole Vallone. Je ne sais,pas si je pourrai avoir un autre bébé car je vais avoir 40 ans et que je n'ai pas encore véritablement fait le deuil de mon enfant, mais je vais chercher un Psychogénéalogiste dans ma région car j'ai conscience que ce travail sur ma famille m'aider quoi qu'il en soit...