Les vertus santé de la gentillesse

Portrait de Carole Vallone

Le Docteur Albert Schweitzer disait qu'à son avis, " il n'est d'autre destin pour l'humanité que celui qu'elle se prépare elle-même par sa manière de penser "... Je me permettrai d'ajouter : ...et par sa façon d'agir. Ce qui, je le reconnais, fait de cette complémentarité un pléonasme. Quoi qu'il en soit, à quelques jours des Fêtes de Noël et du Nouvel An, je ne résiste pas au désir de rappeler que si les conseils peuvent souvent ne pas être suivis, les mots véhiculés par le cœur ne sont jamais stériles et génèrent - la plupart du temps et sans qu'on n'y prête attention - des actes de grande qualité. Il est à noter cependant que la confiance que les propos gentils entraîne est une garantie d'une bonne santé psychologique et donc physique...

Toutefois, une confusion s'installe vite à l'évocation de la gentillesse : tout le monde se trouve gentil ! Pourtant, il n'est pas même besoin de lire les manchettes des journaux pour constater que cette attitude noble peut faire dramatiquement défaut à certains. Des infos récentes précisaient qu'une ex-pseudo-Première dame française allait encaisser la somme coquette de 2 millions d'euros pour avoir accouché d'un livre sur le Président de la République en fonction, livre qui - je ne l'ai pas lu et ne tient absolument pas à le lire - relève de la haine, même si une couche de la population considère que c'est la réaction d'une femme " blessée " ! Point de remise en question personnelle avec ce genre de règlement de comptes, point de démarche de pardon, mais une consolation apparente : ce moment passé dans l'intimité du Palais de l'Élysée lui a rapporté gros... Une petite fortune basée sur l'ignorance totale de la plus élémentaire des préventions qui zappe un grand principe objectivement dommageable et énoncé avec discernement par Francis Ford Coppola : " Chez n'importe quel Homme, il reste toujours une part de gentillesse et de pureté. Ce n'est que quand il a perdu tout ça qu'il a tout perdu "...

Effectivement, quand notre mémoire oublie les recommandations parentales de notre plus lointaine enfance, le danger rôde. Comment pouvons-nous ne pas nous souvenir de notre maman qui nous disait, avec une certaine anxiété dans la voix et en nous préparant pour aller à l'école : " Dis, tu seras gentil(le) ? "... Et le bout de chou que nous étions alors la rassurait par un " oui " certes automatique mais qui faisait lien avec la maison, tandis que la cour de récréation ou la salle de classe pouvait nous effrayer un peu... Ce lien libidinal nous fortifiait, au même titre que la prévenance, l'amabilité, la bonté, spontanées et authentiques, constituent les fondations solides d'un bel équilibre qui protège nos fonctions organiques. Ces qualités, à l'opposé de la malveillance, du mépris, de l'indifférence, de la méchanceté, servent avant tout nos élans vitaux, remplissant généreusement nos réservoirs énergétiques... Et puisque le retour des leçons de morale est annoncé par l'Éducation nationale, souligner dans ces créneaux spécifiques qu'il n'y a pas plus égoïstes que les gentils pourrait ouvrir un débat passionnant dès le cours préparatoire ! À moins de lancer un sujet du bac qui induirait que la gentillesse n'est pas faiblesse... Loin de là, assurément. La gentillesse constitue le grand moyen de se faire du bien car, comme le transmet le proverbe chinois : " De même que le fleuve retourne à la mer, le don de l'Homme revient vers lui "... C'est avec cette sagesse jamais démentie que je vous adresse mes vœux les plus doux : que 2014 s'achève sur la parenthèse enchantée du bonheur, plaçant déjà 2015 sous le sceau de la bienveillance...

Commentaires

Portrait de Gilbert

Votre blog, Carole, m'invite à lire un livre que l'on m'a offert et auquel je n'avais pas vraiment prêté un grand intérêt pensant que les idées véhiculées étaient " bateau " ! Vous me rappellez à l'ordre et c'est très bien ainsi. Je vous en remercie d'ailleurs infiniment.

Ce livre est écrit par le philosophe et psychologue Piero Ferrucci, disciple de Robert Assagioli, et s'intitule " L'art de la gentillesse ". La gentillesse n'est pas un luxe mais une nécessité, y est-il transmis. C'est en nous traitant mieux les uns les autres, en traitant mieux la planète que nous pouvons espérer survivre... et encore La gentillesse et les vertus qui lui sont inhérentes - l'empathie, la générosité, la loyauté, la serviabilité ou encore la gratitude et le respect - peuvent apporter d'incalculables bienfaits à qui sait s'en saisir spontanément, sans en attendre de contrepartie... La gentillesse égaye nos vies, elle apaise nos corps. Elle est une des clefs du bonheur ; du nôtre, comme de celui d'autrui. Et si nous la cultivions ensemble ?

Une excellente bonne résolution pour 2015 que d'élever la gentillesse au rang d'un art, plutôt que chercher à faire le buzz et de l'argent avec des réglements de compte stériles et même involutifs au regard d'une Humanité qui a bien besoin de se ressaisir... Merci Carole et Meilleurs Voeux à vous et à tous les intervenants de ces magnifiques blogs et forums...

Portrait de Serge

Je suis sûr que la gentillesse est une des meilleures thérapies qui soient. Personnellement, depuis des années j'essaie de faire un travail dans ce sens mais je remarque que je franchis encore souvent la ligne rouge. Toutefois, où commence et où finit véritablement la gentillesse ? Ce sujet reste obscur pour moi car il m'arrive par exemple de dire certaines choses à mes enfants pensant que c'est pour leur bien et je me rends compte a posteriori que je les ai blessés car ils me font la tête... Pour me corriger, et si ça peut rendre service à certains foromers un peu trop directs avec leur entourage, j'essaie - avant de parler - d'imaginer rapidement si j'aimerais qu'on me dise ce que je m'apprête à dire... C'est la fameuse phrase christique : " Ne pas faire subir aux autres ce que je j'aimerais pas qu'ils me fassent subir "... C'est vrai qu'à ce jour c'est ce que j'ai encore trouvé de mieux pour fortifier ma gentillesse mais, sans exagération, il s'agit d'un véritable combat pour moi qui ai la langue bien pendue... Je ne désespëre pas de m'améliorer mais ça me demande beaucoup d'efforts. C'est plus au niveau verbal que je me dois de faire attention car, côté générosité, je pense même humblement que je suis plutôt au-dessus de la moyenne. Idem s'il s'agit de rendre service. Je crois également être facilement à l'écoute d'autrui et arriver à m'adapter quand la situation le requiert... Décidément, où le bât blesse, c'est que j'ai un amour du détail, d'une certaine perfection et je voudrais que mon entourage rentre dans ce moule... Alors j'y vais de les conseils, inutiles la plupart du temps et je le sais trop bien, et je fous tout le monde à l'envers... Peut-être que grâce à vos bons vœux Carole et au contenu de ce blog, je vais enfin atteindre la sagesse... Je m'y emploie avec sérieux et vous souhaite également à toutes et à tous de paisibles Fêtes, ainsi qu'une année 2015 pleine d'Amour...

Portrait de Isabelle

La gentillesse est un sujet qui me fait poser question depuis longtemps… 

Y compris, comme le souligne justement Serge, parce que je suis souvent mal à l’aise avec ma façon d’être, en disant trop vite ce que je pense, et en réalisant après coup, que j’ai été blessante face à l’individu à qui s’adressait mes propos… Bien sûr, que c’est un vrai travail sur soi et une attention qui devrait être continue, que de peser mes paroles avant que de les prononcer ! Car je suis la première en tant qu’individu à m’être sentie abîmée par cette forme de méchanceté et qui plus est de façon compulsive dans mon histoire… D’ailleurs si je fais lien avec des soucis dentaires depuis quelques années… C’est bien aussi, que je peux le traduire autant par un « j’en ai pris plein les dents » que par une « oralité encore très négative » chez moi…

Mais en même temps, dire en soi, est bien mieux que le non-dit… Il est donc aussi question en définitive d’être le plus au clair possible (et je ne parle que pour moi dans ce cas précis) avec ce que certains de ces non-dits ont encore de blessant… En parallèle, cet exemple que donne Carole Vallone au sujet de ce que dit la mère à son enfant… Sont tout autant des paroles que je fais mienne, encore aujourd’hui vis-à-vis de mon plus jeune fils en particulier… Quand il me semble nécessaire de « recadrer », et en ce moment c’est plus fréquent, vu son âge aussi… Je fais souvent référence au gentil garçon que je connais, mais qui s’applique maladroitement à masquer cette gentillesse par peur sans doute… Comme si le fait d’être gentil induisait qu’au bout du compte, on est toujours perdant… C’est vrai que c’est délicat d’arriver à être juste, pour faire passer le message qu’être gentil n’induit pas nécessairement de « se laisser faire » pour autant, et qu’en tant que jeune adolescent il s’agit bien entendu, de se reconnaître comme individu, en lâchant la peur de l’exclusion…

Ce dont je suis cependant certaine à titre personnel c’est que « le œil pour œil, dent pour dent » n’est sans doute pas une preuve d’intelligence dans son sens le plus large, mais je dirais en premier lieu surtout et avant tout de l’intelligence du cœur…  Car prendre en compte, par un geste aussi symbolique soit-il, « l’autre » par tous les aspects évolutifs qu’il permet pour soi, c’est aussi mettre en place une « reconnaissance » de l’Humanité toute entière… Car alors la gentillesse n’est en définitive qu’une sublimation…  Ce « qui sauve une vie, sauve le Monde entier » est à entendre non sous sa forme d’une toute-puissance mais bien de notre potentialité magnifique à nous améliorer dans l’altérité…

Seul, l’être humain ne peut pas grand-chose sur un plan d’une évolution dans le sens d’une réalisation, qu’elle qu’en soi la forme d’ailleurs et pourtant paradoxalement, bien souvent, il s’attache à ne voir qu’un autre aspect de lui-même… Cette solitude qu’induit un « faire par et pour soi-même »… Mais parce qu’il se méprend sur ce sens là aussi… Il n’y a aucun égocentrisme mal placé là-dedans… Au contraire, il s’agit avant tout d’être juste avec soi… Car la vraie gentillesse ce situe la déjà… Sinon comment s’ouvrir au Monde… Et donc par la même, au sens de ce que « partage » veut dire ? 

A mon tour, et à la suite de Carole Vallone, et de quelques autres... de souhaiter à toutes et tous, une belle année 2015, avec à la clé, une ouverture du cœur témoignant de cette lumière intérieure, la gentillesse…